Ce matin-là de Gaëlle Josse

 
Gaëlle JOSSE :
déjà connue du club, toujours fort appréciée : Le dernier gardien d'Ellis Island, 
Les heures silencieuses, Une longue impatience...
travaille actuellement comme rédactrice pour un site Internet à Paris et organise aussi des ateliers d’écoute musicale et d’écriture, pour adultes et adolescents.
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Gaëlle Josse s’attaque à un sujet en apparence peu attrayant pour un lecteur en ces temps sombres : le burn out et la dépression d’une jeune salariée....
 
(Pour moi aussi ce type de sujet, plus que morose, n'est pas ma tasse de thé, je reconnais pourtant m'être laissée encore une fois envoûter par l'écriture de G.Josse ; lu en un clin d'oeil!!)
 
 
Un matin, la voiture de Clara ne démarre pas. Un moteur en panne, et c’est toute la vie millimétrée de la jeune femme qui va se gripper. Clara est une battante. A 35 ans, elle possède en apparence tout ce dont on peut rêver : un travail bien payé avec des responsabilités, un appartement agréable, un amoureux attentif, et des parents certes un peu envahissants, mais préoccupés par son sort. 
Sauf que parfois, les apparences ne suffisent pas. Un matin donc, quand la voiture ne démarre pas, Clara se retrouve incapable d’appeler un garagiste, de prévenir son travail, voire d’envoyer un simple SMS à son compagnon. 
Elle s’effondre, son corps s’effondre, et plus rien ne suit. Le néant.
 
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EXTRAIT :
"Elle raconte une fois de plus le trop-plein de demandes, la brutalité des injonctions, les objectifs impossibles à atteindre, les phrases qui blessent lâchées dans les couloirs, hors témoins, les faux sourires pendant les réunions, les contrôles à tout moment, la froideur des mails, leurs contenus glaçants à l'écran, le téléphone de fonction qui vous poursuit le soir encore, et aussi pendant les vacances, les rivalités entretenues ou provoquées, la défiance qui s'installe, le toujours plus et le jamais assez.
Elle parle du temps impossible à dilater, à suspendre, l'aiguille de la montre qui court trop vite, en retard, en retard, comme le lapin d'Alice, et les tâches, les rendez-vous qui s'accumulent, les contrôles qui se multiplient. Elle parle du mépris envers les clients qu'il faut pressurer et elle dit qu'elle ne peut plus. Elle raconte les week-end englués dans l'insomnie et le trop de sommeil, les dimanches soir qui commencent de plus en plus tôt, au réveil parfois. Elle parle des kilos perdus et de l'impossibilité de se nourrir. Cette impression qu'elle a de rejouer la même scène, d'un médecin à l'autre, et elle se demande si ça va être comme ça, sa vie, raconter son histoire, et la raconter encore pour qu'on soit bien sûr qu'elle va mal." 
 
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Un récit universel de nos sociétés modernes, qui a le mérite d’interroger sans en avoir l’air nos choix personnels, nos désirs, et les fausses routes que l’on fait parfois, ainsi que les moyens de sortir du labyrinthe pour retrouver la lumière. 
 
Gaëlle Josse est venue à l’écriture par la poésie et ça se ressent très bien dans sa façon de dire les choses...
 
❤❤❤❤
Belles lectures !
 

 

 

adulte lecture

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