Filles de la mer Mary Lynn Bracht
- Par isabelle_aubry
- Le 22/11/2020
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Un superbe livre qui nous vient de la Bibliothèque de Melun. (590p, car dans la version"grands caractères")
M.L.BRACHT :
Américaine d'origine sud-coréenne, Mary Lynn Bracht, née en 1978, vit à Londres depuis plus de dix ans. Elle a obtenu un master de Creative Writing à Birkbeck en 2015.
Ce livre est son premier roman !
4ème de couverture :
Sur l'île de Jeju, au sud de la Corée, Hana et sa petite soeur Emi appartiennent à la communauté haenyeo, au sein de laquelle ce sont les femmes qui font vivre leur famille en pêchant en apnée.
(1943). Un jour, alors qu'Hana est en mer, elle aperçoit un soldat japonais sur la plage qui se dirige vers Emi. Aux deux filles on a maintes fois répété de ne jamais se retrouver seules avec un soldat. Craignant pour sa soeur, Hana rejoint le rivage aussi vite qu'elle le peut et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d'autres Coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie.
Ainsi commence l'histoire de deux soeurs violemment séparées. Alternant entre le récit d'Hana en 1943 et celui d'Emi en 2011, Filles de la mer se lit au rythme des vagues et dévoile un pan sombre et bouleversant de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Asie. Au fil du récit, par la grâce de leurs liens indéfectibles, les deux héroïnes nous ramènent vers la lumière, ou l'espoir triomphe des horreurs de la guerre.
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Côté historique :
Roman qui dénonce le traitement infligé aux filles et femmes coréennes par les troupes japonaises durant la Seconde Guerre mondiale.
2015... Près de 70 ans (!) se sont écoulés avant que le Japon demande pardon officiellement à la Corée du Sud, et accepte d'indemniser les rares survivantes d'une tragédie sans nom.
Honte, culpabilité et déshonneur :
c'est ce qui a muré dans le silence des milliers de femmes pendant plus de 45 ans... Jusqu'à ce courageux témoignage en 1991 d'une certaine Kim Hak-sun, enlevée à l'âge de 16 ans à l'époque des faits.
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Filles de la mer raconte cette effroyable exploitation humaine que fut celle des "femmes de réconfort" : près de 200 000 jeunes filles et femmes kidnappées par l'armée japonaise, principalement en Corée, en Chine et aux Philippines.
Ainsi s'est constitué cet immense réseau d'esclaves sexuelles destinées aux soldats, réparties dans de sordides maisons de passe à travers les territoires occupés.
Ce roman est une fiction, construite sur les bases d'une effroyable, et bien réelle, tragédie humaine.
Deux héroïnes, deux soeurs, deux destinées, à 68 ans d'intervalle.
1943 : Hana, 16 ans, se fait enlever par des soldats, sur la plage où elle a l'habitude de plonger en mer et de pêcher (c'est une haenyeo) avec sa mère. Voulant protéger sa petite soeur Emiko d'un kidnapping imminent, elle honore ainsi sa promesse tout en se sacrifiant. Et quel sacrifice !!
Celui de son innocence, de son identité, de sa joie de vivre, arrachée à sa terre, aux siens pour toujours...
2011 : Emiko, 77 ans, prend part aux manifestations annuelles devant l'ambassade du Japon, pour soutenir les rares "femmes de réconfort" survivantes, qui réclament depuis 10 ans au gouvernement japonais reconnaissance et réparation. Elle garde le fol espoir d'y reconnaître peut-être sa soeur Hana...
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EXTRAITS :
- "Nous plongeons dans l'océan comme nos mères et nos grands-mères et nos arrière-grands-mères l'ont fait avant nous depuis des centaines d'années. Ce don est notre fierté, car nous ne dépendons de personne, ni de nos pères, ni de nos époux, ni de nos grands frères, ni même des soldats japonais pendant la guerre. Nous attrapons nous-mêmes notre nourriture, nous gagnons nous-mêmes notre argent, nous survivons grâce à ce que la mer nous offre. Nous vivons en harmonie avec la nature."
- "Plonger est un don. […] Flotter apaise son corps endolori. Retenir sa respiration pendant parfois deux minutes entières pour chercher des trésors de la mer est une forme de méditation."
- "Hana a seize ans et ne connaît rien d'autre qu'une vie sous l'occupation. Le Japon a annexé la Corée en 1910, et Hana parle couramment le japonais, a appris à l'école l'histoire et la culture japonaises et n'a pas le droit de parler, de lire ou d'écrire dans sa langue maternelle, le coréen. Elle est dans son propre pays une citoyenne de seconde zone à qui ne sont laissés que des droits de seconde zone, mais cela n'entache en rien sa fierté d'être coréenne. Hana et sa mère sont des haenyeo, des femmes de la mer, des femmes qui travaillent pour leur propre compte. Leur communauté, issue d'un petit village côtier du sud de l'île de Jeju, plonge dans une crique invisible depuis la route principale menant à la ville."
- "Hana hurle, mais il ne s'arrête pas. Aucun d'entre eux ne s'arrête. Hana finit par se taire ; par rester inerte alors que les soldats la souillent, les uns après les autres.
La nuit est tombée lorsque le défilé s'interrompt. Hana gît sur le tatami tâché de sang, à demi consciente, perdue dans d'indescriptibles ténèbres"
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ET en ces temps de confinement.... un peu d'évasion...d'étonnement....et d'admiration....:
Les sirènes de Corée : les pêcheuses en apnée de Jeju-do.
❤❤❤❤
Belles lectures !
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