Le chemin des âmes et les saisons de la solitude de Joseph Boyden

Voici un triptyque de romans dont un troisième titre (en attente d'arrivage)

" Dans le grand cercle du monde" clôt l'ensemble.

Joseph BOYDEN : né en octobre 1966 est un écrivain canadien, de langue anglaise et a des ancêtres Cree (Amérindiens). Son grand-père maternel a été combattant en France durant la Première Guerre mondiale. Son père est un médecin militaire et a été l'un des plus décorés de la Seconde Guerre mondiale. 

Ses ouvrages sont consacrés au destin des Premières Nations du nord de l’Ontario.

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                                               I - LE CHEMIN DES ÂMES

                                                                (471p, 2006)

 

1919. Nord de l'Ontario. Niska, une vieille Indienne, attend sur un quai de gare le retour d'Elijah, un soldat qui a survécu à la guerre.

À sa grande surprise, l'homme qui descend du train est son neveu Xavier qu'elle croyait mort, ou plutôt son ombre, méconnaissable.

Pendant trois jours, à bord du canoë qui les ramène chez eux, et tandis que sa tante essaie de le maintenir en vie, Xavier revit les heures sombres de son passé : l'engagement dans l'armée canadienne avec Elijah, son meilleur ami, et l'enfer des champs de bataille en France...

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“Le chemin des âmes” c’est l’enfer des champs de batailles de Belgique et  du nord de la France raconté par un amérindien, Xavier, enrôlé avec son ami d’enfance Elijah dans un bataillon canadien vite embourbé dans les tranchées durant des mois interminables face à l’envahisseur allemand.

                                          "Le blessé gémit toujours ; il bredouille. Je crois qu'il s'est mis à parler une langue secrète ; je crois que déjà, il s'entretient avec l'esprit qui l'emmènera sur le chemin des âmes, celui qu'on met trois jours à parcourir."

 

“Le chemin des âmes” c’est aussi l’histoire de la tribu Cree en voie d’extinction, racontée par la tante de Xavier ; chamane pour les uns, sorcière pour les autres, c’est elle qui a recueilli Xavier et Elijah encore enfants, qui leur a appris à survivre en milieu hostile au cœur de la forêt.

                                          "La Compagnie de la Baie d’Hudson entretenait chez les Crees une passion féroce pour les fourrures. En conséquence, les bêtes furent presque exterminées et l’heure arriva, pour les gens des bois, où même mes plus aguerris durent affronter un choix difficile : rejoindre les réserves ou se résoudre à mourir de faim."  

 

Les deux gamins ont grandi ensemble, comme des frères, et finissent par s'engager dans l'armée canadienne pour aller combattre sur le front.

Si Elijah s'adapte très vite devenant un tireur d'élite, Xavier ne se sent pas à sa place, mais suit son ami : ils traquent les Allemands, comme ils traquaient le gibier dans la forêt, ce qui les rend très vite indispensables.

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Ce livre est bien plus qu'un récit supplémentaire sur la Première Guerre mondiale.

Un thème moins connu d'abord, celui des ces indiens Cree, partis (3500) avec les Canadiens dans les tranchées en 14-18, "utilisés" pour leurs talents de chasseurs silencieux et de tireurs d'élite (histoire inspirée d'ailleurs de la vie d'Ojibwa Francis Pagahmagabow, héros amérindien de la Première Guerre Mondiale, dont il se dit qu'il aurait tué à lui seul plus de 300 soldats allemands) et parallèlement, l'histoire de ces mêmes indiens qui peu à peu perdent leur mode de vie millénaire pour échouer dans les villes ou dans les réserves.

 

Critique ActuaLitté : "Après la lecture du chemin des âmes, cette maudite guerre revêt âprement son caractère mondial, se déleste entièrement de la rivalité franco-allemande à laquelle elle est souvent et maladroitement encore réduite, ouvre notre horizon de lecteur français, modifie un peu notre devoir de mémoire. Et c'est très bien."

 

RARE 

❤❤

 

° à rapprocher de "Frères d'âme" de David Diop qui a circulé parmi nous....

° croisement avec "Il pleuvait des oiseaux"/J.Saucier (pour les incendies décrits dans ce roman)( mail du 03/12/2015)

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                               II-  LES SAISONS DE LA SOLITUDE

                                                     (474p, 2009)

 

Les Saisons de la solitude reprennent la trame de cette oeuvre puissante, entremêlant deux voix et deux destins : Will, (fils de Xavier Bird), un ancien pilote plongé dans le coma après une agression, et Annie, sa nièce, revenue d'un long et pénible voyage afin de veiller sur lui. Dans la communion silencieuse qui les unit, se lisent leurs drames et conflits les plus secrets. Prend alors forme une magnifique fresque, individuelle et familiale, qui nous entraîne de l'immensité sauvage des forêts canadiennes aux gratte-ciel de Manhattan.

Ce roman saisissant, porté par la poésie brute de Joseph Boyden et l'humanité de son regard, a été couronné par le plus grand prix littéraire canadien, le Giller Prize.

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Cette fois encore, Boyden s’intéresse à la communauté Cree, indiens de la baie James, au nord du Canada. Alors qu’il explorait l’histoire et la Première Guerre mondiale dans Le chemin des âmes, il renoue ici avec le temps présent.

 

Avec Les saisons de la solitude, dans une prose poétique et désenchantée, Joseph Boyden donne à voir l’envers du mythe indien et déroule la destinée d’un peuple à la dérive sur un mode binaire : la voix de Will/la voix d’Annie, la jeune génération/les aînés, la tradition/la modernité, le nord /le sud, la froidure/la chaleur, les grands espaces/les villes…

 

-   "Tout le monde prétend qu'il est dangereux d'apprivoiser un animal sauvage. Mais pour qui? Pour l'animal ou pour l'homme?"

 

-   "Quand je suis devenu pilote de la forêt, mon père a été bouleversé comme je ne l'avais jamais vu. Il n'était pas du genre à me dire ce que je devais ou ne devais pas faire. Il appartenait à la vieille école. Il observait avec attention, mais de loin. Construire un askihkan pour s'abriter durant l'hiver. Couper du bois. Poser un collet pour les lapins. Chaque fois que nous étions dans la forêt, je ne le quittais pas des yeux. Il ne donnait son avis que si je le lui demandais. Les souvenirs que j'ai de nous deux, c'est comme regarder un de ces vieux films muets. Le silence, mais un silence qui m'enveloppait comme d'une couverture."

 

-   "Mon père me disait donc que dans la forêt, je devais me consacrer en priorité à trouver de quoi manger, de quoi faire du feu et de quoi me construire un bon abri. Il y avait une chose qu' il ne mentionnait pas : le manque de compagnie.../...Je me surprenais parfois à parler tout seul, ou aux arbres, ou encore à un lapin ou à une truite que j' avais attrapés,..."

 

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Splendide cantique à la mémoire d’un peuple évanescent.

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                           III- ["Dans le grand cercle du monde", « préquel » qui remonte dans l'histoire de la famille Bird, et dans celle du Canada, jusqu'au XVIIe siècle, pour mettre en présence trois personnages principaux : un guerrier Huron, une adolescente Iroquoise et un missionnaire ­jésuite français.]

 

                                          

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Belles lectures !

 

 

 

adulte

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