Le polygame solitaire de Brady Udall
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
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Livre de la bibliothèque de Melun.
Autre roman de cet auteur :
"Le miraculeux destin d'Edgar Mint".
4ème de couverture :
Après Le Destin miraculeux d’Edgar Mint, Brady Udall raconte l’histoire exceptionnelle d’une famille non moins exceptionnelle.
À quarante ans, le très mormon Golden Richards, quatre fois marié et père de vingt-huit enfants, est en pleine crise existentielle.
Son entreprise de bâtiment bat de l’aile, son foyer est une poudrière minée par les rivalités et les menaces d’insurrection.
Rongé par le chagrin depuis la mort de deux de ses enfants, il commence sérieusement à douter de ses qualités de père et de sa capacité à aimer. Golden Richards, tragiquement fidèle à ses idéaux, se sent seul. Mais dans le désert du Nevada, il va découvrir que l’amour est une mine inépuisable.
Porté par une verve aussi féroce qu’originale, Le Polygame solitaire nous parle avec humour du désir et de la perte, de la famille et de l’amour.
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Brady Udall, qui a grandi dans une famille de mormons, s'est inspiré de son arrière grand-père pour imaginer le personnage de Golden, dont il a fait un héros éminemment sympathique (quoique un peu tête à claques par moments...) Il est touchant parce qu'il est aussi fort physiquement que doux de caractère, et on comprend vite qu'il ne dirige rien dans sa pléthorique famille. Ce sont ses femmes qui font la loi, surtout l'épouse n°1.
Golden, lui, est complètement dépassé, parce que la famille d'un polygame, c'est une famille nombreuse puissance dix. Et la famille Richards est en pleine désintégration entre rivalités féminines et rebellions enfantines.
A la suite d'une "rencontre" dans le désert du Nevada, il va trouver le moyen d'échapper à son quotidien et de mener une double vie....
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EXTRAITS :
- "Golden avait si longtemps tenu son amour en réserve pour le distribuer avec parcimonie, petit bout par petit bout, et en général en secret afin que personne ne soit jaloux. Quand il prenait un enfant dans ses bras ou qu'il lui donnait un chewing-gum, il était obligé de prendre tous les autres dans ses bras et de leur donner à chacun un chewing-gum, même si cela l'obligeait à se rendre un samedi soir à la station-service Shell pour en acheter. Il devait mesurer ses compliments, ses baisers et ses cadeaux quels qu'ils soient. Au fil du temps, il avait appris à adopter en présence de sa famille une attitude de neutralité, une expression impassible afin de ne pas être accusé de favoriser un enfant ou une femme, d'aimer untel plus qu'untel ou d'avoir des chouchous. La moindre attention devait être soigneusement pesée et exécutée avec la précision et l'art d'un voleur de bijoux."
- "Bien que Golden n'ait jamais entendu un membre de l'Église [mormone] aborder la question des préservatifs en tant que tels, le " Fléau du Contrôle des naissances" faisait l'objet de nombreuses conversations. C'était une monstruosité, de l'égoïsme à l'état pur, un péché mortel, une dépravation, la décadence et le chute de la civilisation. Il empoisonnait les sources de la vie, se moquait de Dieu et de Ses Commandements, dont le plus fondamental était de multiplier et de peupler la Terre. Le préservatif, dans son emballage brillant, était donc la personnification du vice universel, l'antithèse de tout ce que représentaient l'Église et ses membres fiers d'être prolifiques."
- "Bien que tout le monde dans la vallée sache que les Richards étaient une famille polygame et qu'il suffise de jeter un coup d’œil sur sa chemise pourrie pour se rendre compte que Rusty était un gamin polyg, on lui avait appris dès son plus jeune âge, de même qu'à ses frères et sœurs, à ne jamais dire qu'ils avaient plus d'une mère et plus de frères et sœurs que des gens normaux ne devraient en avoir. Ils n'étaient pas censés mentir, leur expliquaient parents et professeurs, mais ils n'étaient pas non plus censés dire la vérité. Allez donc vous y retrouver !"
- "Rusty (...) demanda pourquoi il fallait réciter une foutue prière chaque fois qu'on mangeait ou buvait quelque chose, et pourquoi on ne pouvait pas de temps en temps se payer un jus d'orange sans en faire tout un plat ?"
- "Avant de partir, et sans bien qu'il sache pourquoi, Golden déclara [à une de ses quatre femmes] qu'il l'aimait, alors qu'il avait appris à ses dépens de ne jamais le dire à aucune (...) car, comme pour tout le reste, elles ne cessaient de répéter, de comparer et de compter les points."
- "...pour un polygame, mentir se révélait exceptionnellement difficile. Quand on disait un mensonge à une femme, il fallait le répéter aux autres. Et toutes posaient des questions auxquelles on devait répondre avec cohérence et force détails, et dans l'ordre voulu, parce qu'on pouvait être sacrément sûr qu'ensuite, à l'exemple des détectives tenaces d'un feuilleton télévisé enquêtant sur un meurtre sensationnel, elles se réuniraient afin de comparer leurs notes."
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Roman fort plaisant.
Immersion intéressante dans une famille hors du commun, plus "divertissante" (sans être caricaturale) que celle décrite dans "Une éducation" de Westover.
Un petit bijou qui allie l'humour au tragique du quotidien, avec doigté et finesse ; ce n'est jamais vulgaire ni larmoyant et reste tout à fait crédible.
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Le polygame solitaire où le tragique frôle le burlesque.....
« Un sérieux candidat au titre de Grand Roman Américain. » Publishers Weekly
« Le portrait ironique et sympathique d’une famille spectaculairement dysfonctionnelle. » The New York Times
❤
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