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Un Noël pour le loup de Thierry Dedieu
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
- Dans Livre
Aperçu :
Le loup décide de préparer un festin de Noël pour tous les habitants de la forêt. Et il le fait correctement : pour preuve, aucun des animaux invités ne se retrouvera au menu ! Il respecte même les préférences alimentaires de chacun... Et il prépare de beaux cadeaux. Mais personne n’arrive… Les bêtes, pas bêtes, craignent le piège et restent au loin, à observer le loup… Que va faire ce loup ingénieux ?
Un bel album de Noël, aux splendides illustrations… Une histoire pleine de patience et d'amour, invitation à prendre ce qui vous arrive avec philosophie et à en tirer du bonheur… L’auteur rappelle aussi, que les relations peuvent être longues à nouer, qu'elles se développent par étapes, avec des attentions modestes…
Un livre à lire et à réfléchir, de 7 ans à 77 ans…
❤❤❤
Belles lectures !
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River of time de Jon Swain
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
- Dans Livre
25 ans après sa première parution, le récit des guerres d'Indochine (Vietnam, Cambodge, Laos, ...) du reporter britannique JON SWAIN est traduit pour la première fois en français.Aperçu :Jon SWAIN :Né à Londres en 1948, Jon Swain fut d’abord correspondant du Sunday Times à Paris, mais nourrissait des envies d’aventures, attisées, selon son propre aveu, par son passage dans la Légion étrangère.« Finalement, un coup d’État exauça mes prières ». À Phnom Penh, escale cambodgienne du majestueux Mékong, un prince est destitué, entraînant la jeune République Khmère dans le conflit du Vietnam voisin.Entre 1970 et 1975, c’est dans ces deux pays mutilés, puis au Laos et brièvement en Thaïlande, que Jon Swain est correspondant pour le bureau anglais de l’AFP.Il raconte ces années dans ses mémoires : "River of time".De la rivière du Mékong à l'exode des "boat people", en passant par la présence militaire française, Jon Swain n'oublie rien de ces années de désolation dont il a été un témoin impuissant, mais précieux.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~1970. Jon Swain a vingt-deux ans. Il couvre la guerre du Vietnam et est l’un des rares journalistes présents à Phnom Penh (Cambodge, 1975) quand la ville tombe aux mains des Khmers rouges. Capturé, il échappe de peu à l’exécution grâce à l’interprète cambodgien du New York Times, Dith Pran.Au Cambodge, on jouait le premier acte d’une tragédie qui durera dix ans.Lon Nol venait de réussir son coup d’État contre Norodom Sihanouk et dans le pays, outre la présence des troupes « Viet-Cong » (le Front National de Libération du Sud-Vietnam), se mettait en place une effroyable guerre civile.Les Khmers Rouges (mouvement politique et militaire communiste radical d'inspiration maoïste, qui dirigera le Cambodge de 1975 à 1979) s’organisaient dans les maquis et les attentats se multipliaient en ville.L’auteur retranscrit cette tragédie humaine avec d’autant plus d’émotion qu’il était parfois sorti de son rôle de journaliste, comme lorsqu’il voulut transporter vers l’hôpital une petite fille blessée après un attentat à la grenade contre le cinéma Khemara de Phnom Penh.Les pays de l’ex-Indochine gardaient encore un certain "romantisme" lié à l’imaginaire colonial. Jon Swain le résume d’ailleurs en une formule amusante. Adolescent, il pensait que l’attrait supérieur du colonialisme français en comparaison du colonialisme britannique se résumait en trois « B » : bars, boulevards et bordels (p.25). Bien sûr, la formule est simpliste et il le reconnaît volontiers, mais bordels et fumeries d’opium formaient effectivement une partie du décor.Vietnam, Cambodge et Laos étaient indépendants, mais il restait des traces des Français. Celles-ci s’effaçaient petit à petit et Jon Swain, en aventurier et en poète à la fois, avait su percevoir la beauté qu’il y avait dans la décadence des deux villes où il vécut entre 1970 et 1975, Phnom Penh et Saïgon.Quant au reportage de guerre, Jon Swain ne faisait pas les choses à moitié. Doué d’un courage physique impressionnant, il a souvent travaillé dans des zones de combat où il risquait d’être abattu, comme ce fut le cas de nombre de ses confrères. Deux passages particulièrement révélateurs en la matière sont à retenir :Le premier est une remontée du Mékong en 1974 sur un vieux rafiot, le Bonanza Three, depuis Saïgon, avec pour but de ravitailler Phnom Penh en riz. C’était probablement à l’époque l’itinéraire fluvial le plus dangereux du monde.Le second passage est une évocation de la vie et des combats des soldats de l’Armée de la République du Vietnam (ARVN), après 1973, du côté de Pleïku, dans les hauts plateaux du centre du Vietnam. C’était-là un angle rare : les journalistes occidentaux couvraient le plus souvent les combats des troupes américaines et, s’ils accompagnaient parfois les Sud-Vietnamiens, très rares sont ceux qui l’ont fait après les accords de Paris. En faisant le portrait d’un soldat de l’ARVN tué au front, Pham Van Nu, Jon Swain rend aussi hommage à ceux qui sont aujourd’hui les grands oubliés de ce conflit.En avril 1975, les Khmers rouges sont aux portes de Phnom Penh. Jon Swain, sans réussir à s’expliquer son choix, décide de retourner dans cette ville par le dernier avion au décollage de Bangkok. Le chapitre qu’il consacre à la chute de Phnom Penh est bouleversant. D’abord, en raison de son histoire personnelle : kidnappé en compagnie de Sydney Schanberg, le correspondant du New York Times, il n’aura la vie sauve que grâce à Dith Pran, l’interprète et fixeur (guide-interprète) de ce dernier. Mais les deux journalistes ne pourront lui rendre la faveur. Ils ne parviendront pas à l’aider à s’échapper et Pran connaîtra l’enfer des camps de travail des Khmers Rouges pendant plus de trois ans.Comme l’indique la quatrième de couverture du livre, c’est cette histoire qui a inspiré le film La Déchirure de Roland Joffé en 1984. (lien ci-dessous).|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Hommage éternel aux nombreux journalistes et photographes tombés là-bas, mais aussi à ces personnages métissés par l’Occident qui animent l’ancienne “perle de l’Asie”.Témoignage rare sur ce conflit.Documentaire Cambodge, année zéro / Pilger-Munro (journalistes) :lien extrait film :On apprend la mort du tortionnaire khmer rouge Douch ....complément au livre présenté :❤❤❤
Belles lectures ! -
Meurtres pour rédemption de Karine Giebel
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
- Dans Livre
Aperçu :
Karine GIÉBEL :est une auteure française de romans policiers, née le 4 juin 1971 à La Seyne-sur-Mer.oeuvres principales :Meurtres pour rédemption
Les Morsures de l'ombre
Juste une ombre
Purgatoire des innocentsToutes blessent la dernière tue (2019), (inscrit sur la liste attente Melun)En huit romans, souvent primés, elle s'est fait une place à part dans le thriller psychologique. Ses romans sont traduits en 9 langues.4ème de couverture :Marianne, vingt ans. Les miradors comme unique perspective, les barreaux pour seul horizon. Perpétuité pour cette meurtrière. Une vie entière à écouter les grilles s'ouvrir puis se refermer. Indomptable, incapable de maîtriser la violence qui est en elle, Marianne refuse de se soumettre, de se laisser briser par l'univers carcéral sans pitié où elle affronte la haine, les coups, les humiliations. Aucun espoir de fuir cet enfer. Ou seulement dans ses rêves les plus fous. Elle qui s'évade parfois, grâce à la drogue, aux livres, au bruit des trains. Grâce à l'amitié et à la passion qui l'atteignent en plein cœur de l'enfermement.Pourtant, un jour, l'inimaginable se produit. Une porte s'ouvre. On lui propose une libération... conditionnelle. " La liberté Marianne, tu dois en rêver chaque jour, chaque minute, non ? "Oui. Mais le prix à payer est terrifiant. Pour elle qui n'aspire qu'à la rédemption...&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Se déroulant en milieu carcéral, ce roman interroge le lecteur sur les notions de liberté et d’emprisonnement, surtout avec la dimension de perpétuité dont est écrouée Marianne.Karine Giebel réussit avec brio à nous faire ressentir l’enfermement, à la fois physique et privateur, mais surtout psychologique. Les barbelés du remord sont parfois plus fort que les murs.Sous une plume magistrale, l’auteur nous fait passer ces sentiments douloureux et nous interroge aussi sur les notions de justice, sur l’horreur du milieu carcéral et sur les notions de bien et de mal.L’écriture se fait tantôt riche et poétique, d’un lyrisme flamboyant lorsque Marianne rêve de liberté, tantôt acérée, glaciale et morcelée lorsque sa rage prend le dessus. Chaque mot prend une dimension impressionnante et rend le texte aussi beau et poignant que destructeur et brutal.Ce livre est un petit bijou d’écriture.....EXTRAITS :- « Maintenant tu peux chialer. Personne ne te verra, personne ne t’entendra. Tu peux gémir sur ton sort. Sur ta connerie et tout le reste. C’est toujours de ma faute. Toujours. J’ai toujours tout fait de travers. Toujours détruit. Pourquoi j’ai torturé ce vieux? Pourquoi j’ai tiré sur ces flics? Pourquoi j’ai défiguré une gardienne? Pourquoi? Je suis quoi? »- « Tous les soirs se ressemblent, les nuits aussi. Et les jours, c’est pareil. A quoi se raccrocher, alors? Aux repères, ceux qui rythment le temps, évitant qu’il ne devienne une hideuse masse informe. S’y cramponner, comme à des arbres au milieu d’une plaine infinie, à des voix au coeur du silence. A chaque heure, quelque chose de précis. Gestes, odeurs ou sons. Et, au-delà des murs, le train. Décibels de liberté venant briser l’aphasique solitude. Celle-là même qui vous dévore lentement, morceau après morceau. Qui vous aspire sans heurt vers les abîmes du désespoir.»- " - Si tu te tiens à carreau, tu finiras par sortir, assura la surveillante.- Tu parles ! J'aurai soixante piges et plus un cheveu sur le crâne... Ça sera en...2045... Putain ! On dirait un truc de science-fiction ! 2045..."- "- On peut aller en promenade? J'ai besoin de prendre l'air...- Arrête, tu sais bien que ce n'est pas l'heure. Tu ouvriras ta fenêtre, voilà tout!
- Mais il y a des barreaux!
- Les barreaux n'empêchent pas l'air de rentrer que je sache! Allez, dépêche-toi, je te ramène et je rentre chez moi. Enfin ! Dure journée...
- Toi au moins, t'as pas de barreaux aux fenêtres !
- Si. J'habite au rez-de-chaussée.....&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Comment un petit bout de femme de 45 kg peut-elle faire tant de ravage ? Quel est son moteur ?L'action change de cap quand on lui propose un marché en échange de sa liberté. Jusqu'où est-elle prête à aller pour l'obtenir ? A quel prix ?&&&&&&&&&&Karine Giébel ne fait pas dans la dentelle. C'est sauvage !!La tension est omniprésente.(Quelques redondances, 200p en moins n'auraient rien gâcher.^^)( Pourra paraître "too much" à certains : vraisemblance/cruauté !)❤❤Belles lectures ! -
De pierre et d'os de Bérengère Cournut
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
- Dans Livre
Aperçu :B. Cournut :née en 1979, est correctrice dans la presse / l’édition... et écrivaine.
Un temps secrétaire du traducteur Pierre Leyris, dont elle accompagne les œuvres posthumes chez l’éditeur José Corti (Pour mémoire, 2002 ; La Chambre du traducteur, 2007), elle publie son premier roman, "L’Écorcobaliseur", en 2008.autres titres :Par-delà nos corps, Née contente à Oraibi, Palabres....4ème de couverture :Deux ans après son roman Née contente à Oraibi, qui faisait découvrir la culture des indiens Hopis, Bérengère Cournut poursuit sa recherche d’une vision alternative du monde avec un roman qui nous amène cette fois-ci dans le monde inuit. Empreint à la fois de douceur, d’écologie et de spiritualité, De pierre et d’os nous plonge dans le destin solaire d’une jeune femme eskimo.Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d’une quête qui, au-delà des vastitudes de l’espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.
Édition augmentée d'un cahier de photographies.(comme toujours, aux éditions du Tripode, couvertures très esthétiques, rabats, détails de pagination, qualité du papier....du beau livre ....)NOTE LIMINAIRE :
Les Inuit sont les descendants d’un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l’Arctique depuis un millier d’années. Jusqu’à très récemment, ils n’avaient d’autres ressources à leur survie que les animaux qu’ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit. Ils partagent leur territoire immense avec nombre d’animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L’eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le vent entre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. Pour toutes les occasions, ils ont des chants, qu’accompagne parfois le battement des tambours chamaniques.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Une nuit, la jeune Uqsuralik est séparée de sa famille par une faille dans la banquise qui emporte les siens, et se retrouve démunie et isolée dans l’immensité neigeuse, une dent d’ours autour du cou en guise d’amulette, sans autres ressources que le manche d’un harpon, une peau d’ours et un couteau. Consciente que seule, elle n’a aucune chance de survie, Uqsuralik se résout à partir. Commence alors une épopée polaire au cours de laquelle elle endure la faim, le froid, l’agressivité des chiens affamés dont elle doit aussi se protéger. Quand, à moitié morte, elle rencontre enfin un clan, elle est sauvée, et gagne bientôt le respect de tous en contribuant à la chasse et à la vie quotidienne de la communauté. Mais notre héroïne n’est pas au bout de son destin…L’auteure nous offre une véritable plongée dans la culture inuite : relations entre les membres des familles qui vivent au rythme des saisons en suivant le gibier, cérémonies de chasse, fêtes communautaires, jeux et chants récitatifs.Pour écrire De pierre et d’os, elle a travaillé sur les fonds Jean Malaurie et Paul-Émile Victor du Muséum national d’histoire naturelle, et a fait relire son livre par des anthropologues.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&EXTRAITS :- "Nous allons loin parfois. Au-delà de la baie, au pied des icebergs qui passent au large. Ces géants de glace sont comme des montagnes posées sur l'eau. Aux heures où le soleil monte dans le ciel, ils sont éblouissants, on ne peut pas les regarder sans se blesser les yeux. Ils parlent une langue étrange - de succion, d'écoulements et de craquements. Ils sont plus imprévisibles encore que la banquise."- "En attendant, chacun cherche à animer du mieux qu'il peut les veillées de la grande maison. Les hommes se livrent à des récits de chasse épique et précis. Leurs mains se font dos d'ours et pattes de renard. Ils miment la marche lente du gibier qui est venu à leur rencontre et la façon dont ils ont mené leur traque.Une vieille raconte aussi le grand voyage qu'ont fait ses parents bien avant sa naissance, les périls qu'ils ont enduré en traversant les glaces. Il paraît qu'à une époque retirée, on pouvait rejoindre en hiver une île lointaine où le gibier abonde. depuis, les courants ont changé, et il n'est plus possible de s'y rendre en traîneau. Ainsi se meut notre territoire dans une grande respiration qui nous entraîne."
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Beautés des paysages, âpreté de ces territoires de neige et de glace : ce récit n'est pas situé dans le temps (pas contemporain il me semble) .....régions de l'ours polaire....Alaska, Groenland...Personnages à l’énergie et à la force vitale fabuleuses.Conte initiatique ethnologique à forte imprégnation de chamanisme, agrémenté de chants dans lesquels s'expriment hommes et espritsDe pierre et d’os raconte également le silence......❤❤Belles lectures ! -
La terre qui penche de Carole Martinez
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
- Dans Livre
aperçu :Carole MARTINEZ :née le 10 novembre 1966 à Créhange, est une romancière française.Elle est professeur de français pendant plusieurs années et se lance finalement dans l'écriture en 2005.autres romans qui ont reçu de nombreux prix :° Le Cœur cousu (2007)° Du domaine des Murmures (2011)Son dernier ouvrage : Les roses fauves.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&4ème de couverture :Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort ! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas."Vieille âme" et "petite fille" partagent la même tombe et leurs récits alternent." À tes côtés, je m’émerveille.
Blottie dans mon ombre, tu partages ma couche.
Tu dors, ô mon enfance,
Et, pour l’éternité, dans la tombe, je veille.Nous sommes mortes à 12 ans et , depuis, j'ai vieilli, infiniment, à regarder le monde sans en être."
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve...
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&C’est au 14è siècle, à la fin de la Guerre de Cent ans, que vit Blanche sur cette "terre qui penche" (région entre Dole et Pontarlier, rivière La Loue, rivière féérique adorée et crainte à la fois, Jura).Enfin....., qu’elle vivait plutôt car, comme nous finirons assez vite par le comprendre, c’est une enfant morte à douze ans, devenue une âme errante à l’insondable vieillesse qui nous conte, à distance, la vie et l’expérience d’une jeune fille, celle qu’elle fut avant d’être l’une de ces victimes des innombrables fléaux de son temps : un roman à deux voix, presque un dialogue mais pas tout à fait, entre la jeune Blanche et La Vieille Âme qu’elle est devenue.
Blanche ne rêve que de savoir lire et écrire.Un plaisir dont la prive un père autoritaire et brutal au prétexte que ces activités corrompent l’esprit faible d’une femme. Un père aux pouvoirs infinis depuis que la mère de Blanche a mystérieusement disparu. Un père qui n’a de cesse de tromper sa rage de la perte d’une épouse adorée en exerçant sans relâche son droit de cuissage sur sa domesticité sous les yeux de sa fille, sans vergogne ni retenue.
Aussi, lorsque celui-ci emmène Blanche, sans la moindre explication, au Domaine des murmures, après l’avoir revêtue de ses plus beaux atours, elle qui jusqu’ici n’eut droit qu’à des hardes, la jeune fille tente de comprendre ce qu’on attend d’elle.....&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&EXTRAITS :- "Être père n'est pas une affaire naturelle. Je ne me souviens pas vraiment du mien, il était une grande figure absente, un mythe construit par la parole de ma mère et par celle de ses gens, mon père était un modèle, un nom, un château, une terre, de grandes batailles, mon père contenait son père et le père de son père, mon père était l'incarnation d'une lignée que j'ai appris à respecter, à vénérer. J'ai songé alors que, depuis des générations, les hommes de ma maison devenaient pères en observant, en construisant ou en renversant leur propre père, pas en se penchant sur leurs enfants."- "Les enfants étaient rares en ce monde.Ils étaient si petits lors du premier passage de la Male Mort, presque dix ans plus tôt, qu'elle n'en avait fait qu'une bouchée...
C'est alors que, pour lutter contre le vide, les femmes se sont remises à l'ouvrage. Elles ont travaillé à repeupler la terre. Leurs ventres se sont enflés de petits...
Les femmes ont engendré de la jeunesse à foison pour résister à leur grande peine, pour ravauder leurs coeurs."- "Si je me souviens de ma vie charnelle, c’est grâce à toi mon enfance. Ton sommeil nous protège de l’oubli.
Je me souviens, car tu as gardé ta vie intacte dans ta mémoire de petite fille et que tu la parcours, à voix haute, tandis que tu dors. Alors, tout contre toi, moi, « la vieillarde », j’écoute mon enfance causer. Je t'écoute conjuguer jadis au présent et je m’émerveille."&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Carole Martinez confère à ce récit moyenâgeux une réelle magie, alliant la saveur d'un langage d'époque à une réelle poésie de l'image et du style ; elle manie une très belle langue française !Grande conteuse !!❤❤❤Belles lectures ! -
La serpe de Philippe Jaenada
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
- Dans Livre
Ph.JAENADA :né en 1964 à St Germain en Laye.Après sept romans tirés de sa propre existence, Philippe Jaenada reçoit le prix Femina pour La Serpe (Julliard) en 2017.Pour la troisième fois, (après "Sulak" (2013), et "La Petite femelle") (2015), il s'empare d'un fait divers, enfile le vêtement de détective et part à "la conquête des petites choses qui dérapent, des détails qui interpellent".4ème de couverture :Un matin d’octobre 1941, dans un château sinistre au fin fond du Périgord, Henri Girard appelle au secours : dans la nuit, son père, sa tante et la bonne ont été massacrés à coups de serpe. Il est le seul survivant. Toutes les portes étaient fermées, aucune effraction n’est constatée.Au terme d’un procès retentissant, pourtant soupçonné, il est acquitté et l’enquête abandonnée, alors que l’opinion publique reste convaincue de sa culpabilité,Henri Girard s’exile au Vénézuela.Il rentre en France en 1950 avec le manuscrit du "Salaire de la peur", écrit sous le pseudonyme de Georges Arnaud. ( =>en 1953, film avec Vanel et Montand)&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Quand l'écrivain endosse le rôle de détective.....Un fait divers aussi diabolique, un personnage aussi ambigu qu’Henri Girard ne pouvaient laisser Philippe Jaenada indifférent.Enfilant le costume de l’inspecteur amateur, il s’est plongé dans les archives, a reconstitué l’enquête et déniché les indices les plus ténus pour nous livrer ce récit haletant dont l’issue pourrait bien résoudre une énigme vieille de soixante-quinze ans...La serpe raconte donc l'histoire d'un triple meurtre qui a eu lieu en octobre 1941 dans le château d'Escoire, en Dordogne, au coeur du Périgord.
Georges Girard, sa soeur Amélie, et Louise la bonne, sont découverts sauvagement assassinés à coups de serpe.
Le seul survivant Henry, le fils de Georges, est tout de suite inculpé car tout l'accuse...
De plus, il était le seul héritier des deux victimes et, manque de chance ou préméditation, il venait d'emprunter deux jours avant, l'arme du crime, et avait obligé son père à venir les rejoindre au château, alors qu'il n'avait pas l'intention d'y venir.
Aucune porte n'a été fracturée et les témoignages ne concordent pas.
Alors que tout le monde le pense coupable, il sera pourtant acquitté lors de son procès aux assises, en 1943, après 19 mois d'emprisonnement dans les conditions terribles de l'époque…
Maurice Garçon, son avocat, un ami de son père, a fait une plaidoirie remarquable et les jurés, convaincus de son innocence, ont à peine pris le temps de délibérer...
Henry Girard est libre, certes, mais il sera poursuivi toute sa vie par cette accusation et ne se remettra jamais de la perte de ses proches.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&La première partie du roman est consacrée à la vie d'Henri Girard avant et après les meurtres, un homme à la vie très atypique et passionnante.Ensuite l'auteur a trop tendance à s'étendre sur d'autres sujets, alors le livre perd un peu en dynamique......Le lecteur découvre alors, dans la seconde moitié du roman, que beaucoup de pistes n'ont pas été poursuivies, que de nombreux témoins de l'affection qu'Henri portait à ses proches n'ont jamais été convoqués au procès, que la scène de crime, elle-même, n'a pas été étudiée de près comme elle aurait dû l'être…et même que certains faits relevés par les brigadiers, arrivés les premiers sur les lieux le jour du crime, ont carrément été contestés par les plus hauts gradés......&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&- Nombreuses digressions voire bavardages... certes intéressants, souvent comiques, mais......- Placements de produits !- Auto-promotion pour ses précédents livres !Mais un travail d'enquête de l'auteur qui est impressionnant de recherches, de documentations et d'analyses.Un travail titanesque et une enquête hors pair.❤❤Belles lectures ! -
Sérotonine de Michel Houellebecq
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
- Dans Livre
M.Houellebecq :né le 26 février 1956 à Saint-Pierre (La Réunion), est un écrivain, poète et essayiste français.Écrivain et personnage clivant, je n'entre pas dans les détails de sa vie et de ses écrits => cf. wikipedia, par exemple, pour une approche plutôt exhaustive....autres écrits :° Extension du domaine de la lutte (1994)° Les Particules élémentaires (1998)
° Plateforme (2001)
° La Possibilité d'une île (2005)
° La Carte et le Territoire (2010)
° Soumission (2015)
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&4ème de couverture :« Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l'amour » écrivait récemment Michel Houellebecq.Le narrateur de Sérotonine approuverait sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie d'ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur (un inoubliable personnage de roman, son double inversé), l'échec des idéaux de leur jeunesse, l'espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue.Ce roman sur les ravages d'un monde sans bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi un roman sur le remords et le regret."&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Petit à-côté médical et diététique^^Entre deux mondes de Olivier Norek
- Par isabelle_aubry
- Le 22/08/2020
Je viens de terminer ce livre qui appartient à Christiane.Pour les personnes absentes et celles de l'autre séance, aperçu :Olivier NOREK :déjà connu du club avec "Surface" (cf. mail du 25 août 2019)Prix Sang d'encre des lycéens, Prix Sang d'encre des lecteurs 2018, et Étoile du Parisien du meilleur polar 2017.Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds.....Bastien, lieutenant de police en France, arrive à Calais, sa nouvelle affectation, avec sa fille de 14 ans et sa femme, dépressive depuis la mort de son père."Les deux mondes en question" sont deux faces d’une même désespérance. Des damnés de la Terre du Moyen-Orient ou d’Afrique ont fui la guerre, guidés par un bouche-à-oreille incontrôlable vers le Royaume-Uni. Ils échouent aux portes de cet eldorado fantasmé, à Calais, dans le plus grand bidonville d’Europe. Les Iraniens l’appellent « la Forêt » : « jangal » dans leur langue." La jungle est l’incarnation de l’inhumanité invivable, et la loi de la jungle une forme de chaos qui fait office d’épouvantail politique "."Les migrants fuient un pays en guerre vers lequel on ne peut décemment pas les renvoyer, mais de l’autre côté, on les empêche d’aller là où ils veulent. C’est une situation de blocage, on va dire. […] Vous croyez aux fantômes, Passaro ?- Je ne me suis jamais posé la question. Vous parlez des esprits qui hantent les maisons ?
- Exact. Coincés entre la vie terrestre et la vie céleste. Comme bloqués entre deux mondes. Ils me font penser à eux, oui. Des âmes, entre deux mondes…"~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~Ce roman est triste et décrit une réalité qui n'est pas agréable à lire, ce roman met une histoire, des noms et des prénoms là où souvent on ne voit que des images et des chiffres entendus rapidement à la télé, faciles à oublier....Dans ce récit, O.Norek fait émerger des figures fortes, chacune, symbole d’une douleur :à l’intérieur des barbelés, le Syrien Adam, policier et opposant clandestin....Et avec lui le petit Soudanais Kilani, chair à canon en son pays, chair à plaisir dans l’enceinte du camps....Hors de la « Jungle », mais aussi salis que s’ils y dormaient, des policiers usés et sans illusions, jusqu’à douter de leur propre humanité. Autour d’eux, d’autres migrants et d’autres flics, comme autant d’angles et de points de vue.❤❤❤Bien mérités !!Belles lectures !