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Avant que le monde ne se ferme de ALAIN MASCARO (251p, 2021)
- Par isabelle_aubry
- Le 13/01/2024
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BONJOUR,Je viens de terminer ce livre de la bibli de Villeneuve le Comte;Alain MASCARRO :né le 23 avril 1964,
Professeur de Lettres (actuellement en disponibilité)
"En juillet 2019, ma compagne et moi avons largué les amarres pour un voyage sans date de retour. Après avoir parcouru le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Iran, le Népal, l’Inde, la Birmanie et le Cambodge, nous nous sommes retrouvés bloqués en Thaïlande par la pandémie. C’est en grande partie durant ce confinement thaïlandais que j’ai écrit mon premier roman « Avant que le monde ne se ferme ». Il a ensuite été retravaillé en Patagonie chilienne…"L'auteur a reçu pour ce premier roman le Prix Première Plume et Talents Cultura 2021.(années 30)Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au coeur de la steppe kirghize peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d'un cirque, entouré d'un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce " fils du vent " va traverser la première moitié du " siècle des génocides ", devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d'un peuple sans mémoire. Accompagné de Jag, l'homme au violon, de Simon, le médecin philosophe, ou de la mystérieuse Yadia, ex-officier de l'Armée rouge, Anton va voyager dans une Europe où le bruit des bottes écrase tout. Sauf le souffle du vent...A la fois épopée et récit intime, Avant que le monde ne se ferme est un premier roman à l'écriture ample et poétique. Alain Mascaro s'empare du folklore et de la sagesse tziganes comme pour mieux mettre à nu la barbarie du monde.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Anton est un fils du vent. Il vit pour les grands espaces, les roulottes qui avancent au gré des chemins, les récits qui se racontent au coin du feu et les spectacles sous son chapiteau. Anton est tzigane et épris de liberté. Quand les jours sombres de la seconde guerre mondiale attrapent sa famille, sa troupe, son peuple, il subit, endure, affronte. La tête haute et le regard vers l'horizon, il reviendra de cet enfer et tentera encore, d'une autre manière, de survivre…On connaît la noirceur de la période nazie, sa violence, ses tortures, sa haine jamais inassouvie. La lumière de vie et de liberté qui bercent Anton ne disparaît pourtant jamais vraiment, même dans les temps les plus difficiles. Rescapé, il est rempli de tous les noms de ceux qu'il a vu s'éteindre. Des âmes qui l'ont maintenu debout, mais qui pèsent une fois revenu au monde, à la vie, au cirque. Il faut que Anton s'en libère....Qu'il était doux, qu'il était simple, qu'il était heureux le temps d' "Avant que le monde ne se ferme". Ce temps où les Tziganes arpentaient les chemins du vent à travers l'Europe, ce temps où les frontières n'existaient pas : « On comprenait qu'on avait passé une frontière, quand soudain, on n'entendait plus parler la même langue ».Mais ça, c'était avant…&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Une très belle plume qui nous emmène pour un voyage au long cours dans différents pays du monde, mais aussi aux tréfonds de la barbarie humaine.pour lire le début :♥️♥️♥️♥️♥️Belles lectures ! -
Miniaturiste de Jessie Burton
- Par isabelle_aubry
- Le 26/10/2022
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Bonjour à tous !Je viens de terminer ce livre de la bibliothèque de Melun.JESSIE BURTON :née le 17 août 1981 à Londres, est une autrice et actrice britannique. Elle est surtout connue au niveau international pour ce premier roman.Depuis 2016, le livre s'est vendu à plus de 1 million d'exemplaires dans 37 pays.Jessie Burton a étudié l'anglais et l'espagnol à l'Université d'Oxford, puis à la Central School of Speech and Drama (Londres)L'action de ce roman se déroule au XVIIè siècle (1686-1687) à Amsterdam, et implique divers membres de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC, 1602-1799).Le roman est inspiré par la maison de poupée de Petronella Oortman (1656–1716), aujourd'hui au Rijksmuseum, (bien qu'il ne s'agisse pas d'un roman biographique).Dans l'Amsterdam de l'âge d'or néerlandais, les riches épouses créent des maisons de poupée, symboles de leur statut social (bois précieux pour les meubles, soieries orientales, faïences de Chine pour la vaisselle etc...).Déjà célèbre au XVIIIè siècle, la maison de poupée d'Oortman a été achetée par l'État en 1821 et acquise par le Rijksmuseum en 1875.L'intrigue :(Petro)Nella, une jeune-fille pauvre de 18 ans habitant la campagne néerlandaise, arrive à la Courbe d'Or, le quartier le plus chic du Herengracht à Amsterdam, et qui abrite de nombreux membres de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC, 1602-1799), dans la maison de Johannes Brandt, un riche commerçant de 40 ans, qui l'a épousée, un mois plus tôt.Elle évolue dans une maison pleine de secrets jalousement gardés par Marin, l'austère sœur de Johannes (célibataire, économe, intendante), les deux seuls serviteurs, Cornelia et Otto ("Toot", peau couleur café, assistant de Johannes), et Brandt lui-même, qui la traite plus en amie qu'en épouse....
Brandt lui offre en cadeau de mariage une maison de poupée qui représente, en miniature, les neuf pièces de leur propre maison. Nella reçoit l'aide inattendue d'un (ou d'une) miniaturiste (en sculpture miniature d'objets décoratifs) local pour réaliser l'ameublement...."Nella est heureuse d’avoir quitté Assendelft, mais elle n’est plus chez elle nulle part – ni là-bas dans les champs ni ici au bord des canaux. À la dérive, elle se sent prête à échouer entre l’idée qu’elle se faisait de son mariage et sa situation réelle ; et le cabinet (tradition des cabinets de curiosités), superbe et inutile, le lui rappelle horriblement. La défiance de Johannes envers elle commence à se révéler. Combien de fois a-t-il disparu à la Bourse, à la VOC, aux entrepôts près des tavernes de l’est, où les pommes de terre ont la chair la plus moelleuse ? Il ne s’intéresse pas du tout à elle. Il ne vient pas à l’église.Nella a jeté l’ancre, mais elle n’a pas trouvé où toucher terre. La chaîne la transperce – massive, impossible à arrêter, dangereuse – qui plonge dans la mer."pour lire le début :On pourrait reprocher un manque de profondeur dans l'étude de la psychologie des personnages.....mais cela reste très très plaisant à lire !!!Au sein de ce monde hostile, où le pouvoir des guildes le dispute à l'intransigeance religieuse et à la rigueur morale, la jeune Nella apparaît comme une figure féminine résolument moderne. Œuvre richement documentée et "conte fantastique" à la fois, Miniaturiste est un récit prenant et puissant sur la force du destin et la capacité de chacun à déterminer sa propre existence.❤❤❤❤
Belles lectures ! -
La vie qu'on m'a choisie de Ellen Marie Wiseman
- Par isabelle_aubry
- Le 26/10/2022
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Bonjour à tous !Je viens de terminer ce livre de la bibli de V. le C.Ellen Marie WISEMAN :d'origine allemande, est née aux Etats-Unis. Elle est l'auteure de plusieurs romans, vendus en près de vingt langues."La vie qu'on m'a choisie" ("The Life She Was Given", 2017) est son quatrième roman et le premier traduit en français.Autre roman, sorti en 2022 : "Ce qu'elle a laissé derrière elle.(gros succès aussi)American Dirt de Jeanine CUMMINS
- Par isabelle_aubry
- Le 26/10/2022
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Bonjour à tous !
Je viens de terminer ce livre de la bibli de V. le C.
JEANINE CUMMINS :est une romancière américaine, née le 6 décembre 1974 à Rota (Cadix) (Andalousie, Espagne). Elle grandit à Gaithersburg (Maryland, États-Unis).
Diplômée de l'Université de Towson, elle passe deux ans en Irlande comme serveuse de bar.
De retour aux USA en 1997, elle vit et travaille à New-York.
Sa première publication est un mémoire sur la tentative de meurtre contre son frère et l'assassinat de ses deux cousines dans le Missouri, en avril 1991.Son second ouvrage, le roman The Outside Boy, traite des Travellers, nomades irlandais, gens du voyage, Roms Pavees.L'action de son troisième roman se déroule durant la Grande famine irlandaise de 1845-1852.
Son quatrième livre, American Dirt.....4ème de couverture :Libraire à Acapulco au Mexique, Lydia mène une vie calme avec son mari journaliste Sebastián et leur fils Luca, malgré les tensions causées dans la ville par les puissants cartels de la drogue. Jusqu'au jour où Sebastián s'apprête à révéler dans la presse l'identité du chef du principal cartel ...La parution de son article, quelques jours plus tard, bouleverse leur destin à tous.Désolée, pas de détails car récit en tension constante : un début sinistre , une angoisse permanente.... une réussite du genre !pour lire le début :Jeanine Cummins est accusée d'appropriation culturelle par l'écrivaine et militante mexicaine Myriam Gurba. Dans un article paru dans le blog Tropics of Meta au sujet du livre American Dirt , Myriam Gurba avance l'idée que Jeanine Cummins n'a pas la légitimité pour écrire des histoires mettant en scène des personnes issues d'autres communautés que la sienne.....
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Je pense qu'il s'agit là d'un ouvrage de grande qualité documentaire....émotionnellement fort !!❤❤❤❤Belles lectures !La couturière de F. De Pontes Peebles
- Par isabelle_aubry
- Le 04/05/2022
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F. De Pontes Peebles :est née dans le Nordeste brésilien, à Pernambuco, et a grandi à Miami.
Elle est diplômée de l'Université de Texas à Austin et de Iowa Writers’ Workshop.
Elle a écrit de nombreuses nouvelles saluées par la critique. Elle a obtenu plusieurs prix dont Brazil’s Sacatar Artist’s Fellowship et Michener Copernicus Society of America Award.autre roman : "L'air que tu respires".
"La couturière" est son premier roman.4ème de couverture :Brésil, 1920.Orphelines, Emilia et Luzia Dos Santos auraient pu être de modestes couturières unies à jamais dans l'adversité. Mais le destin en a voulu autrement et elles seront bientôt séparées par les déchirements d'un pays en proie aux coups d'Etat et aux révoltes populaires.Tout opposera en effet les deux sœurs : - Emilia qui ne connaîtra que tourments et désillusions en épousant un notable de Recife,- et Luzia qui sera kidnappée par un des plus célèbres Cangaceiros, ces bandits mercenaires qui terrorisent les propriétaires terriens.Frances de Pontes Peebles fait revivre ici l'histoire tumultueuse du Brésil de son enfance et brosse le portrait saisissant de deux femmes extraordinaires.à propos des Cangaceiros :Le Cangaço prend forme dans la région du Nordeste au Brésil de la moitié du XIXe siècle au début du XXe siècle. Dans cette région aride et très difficile à cultiver (le sertão), les rapports sociaux sont particulièrement durs et les inégalités plus criantes qu’ailleurs. Le Cangaço apparaît ainsi comme une forme de révolte contre la domination des propriétaires terriens et le gouvernement. Beaucoup d’hommes et de femmes ont décidé de devenir des bandits nomades (les cangaceiros), errant dans les grandes étendues de l’arrière-pays, cherchant de l’argent, de la nourriture, dans un esprit de vengeance. Les cangaceiros peuvent être vus comme des guérilleros avant l’heure.(ex. ci-dessous : Lampião et sa femme Maria Bonita qui auront sans doute inspiré l'auteure)(Les têtes des cangaceiros et de Lampião exposées au public, après leur mort en 1938.)Bon roman épique...♥️♥️♥️♥️Belles lectures !77 de Marin Fouqué
- Par isabelle_aubry
- Le 04/05/2022
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Marin Fouqué :né en 1991, Marin Fouqué est diplômé des beaux-arts de Cergy.Il vit en Seine-Saint-Denis, anime des ateliers d'écriture, étudie le chant lyrique et pratique la boxe française. Il écrit de la poésie, du rap, des nouvelles, et compose sur scène des performances mêlant prose, chant et musique.
77, son premier roman publié par Actes Sud en 2019, a été très remarqué par la critique et lui a valu une bourse de la fondation Lagardère.G. A. V. (garde à vue) est son deuxième roman.^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^4ème de couverture :Chaque matin depuis la rentrée, ensommeillés, mutiques, mal lunés, ils se retrouvent au point de ramassage – le grand Kevin, la fille Novembre, le Traître, les faux jumeaux, et puis lui. Aujourd’hui, il ne montera pas dans le car scolaire, il va rester seul au bord de la route, sous l’abribus, sous sa capuche, toute la journée. À regarder passer les voitures. À laisser son regard se perdre sur les terres du “sept-sept”, ce département vague entre Paris et la province, entre boue et bitume, où les villes sont de simples bourgs et les champs de mornes étendues de camaïeu brun. À se noyer dans les souvenirs d’avant l’été, quand le Traître s’appelait encore Enzo et qu’avec la fille Novembre ils formaient un trio inséparable.....^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^C’est un récit écrit d’un jet continu, sans chapitre, sans alignement.Un peu perturbant au départ mais nécessaire, totalement approprié comme un flot de paroles continu, un grand monologue qui raconte le quotidien d’un ado en capuche dans le 77, au corps frêle, qui se planque sous cette fichue capuche.Par flash back successifs, il nous raconte son bled, (Vernou la Celle sur Seine près de Montereau) ses champs marron, le père Mandrin sur son tracteur, la vieille, les vieux qui jouent au loto, la parisienne, ce qui a fait que son pote Enzo soit devenu le traître, …Il nous conte l’arrivée du grand Kevin qui fera de lui un autre....Le 77 est symboliquement représenté comme un espace qui ne se construit qu’en opposition, comme une nécessaire résistance à une menace démultipliée, celle des tentatives d’absorption de Paris. La peur d’être avalé et de disparaître, proférée à plusieurs reprises par le père Mandrin juché sur son tracteur, cet oracle menaçant, est un leitmotiv du récit. Il faut à tout prix « éviter que notre village devienne un repère de racailles ou pire : une extension de Paris ».Il serait bien commode de se contenter de lire le roman de Marin Fouqué comme un récit de la vacuité de l’existence de ces jeunes qui ne sont ni à Paris, ni vraiment en banlieue urbaine, qui ne sont même pas des racailles, malgré quelques tentatives avortées.Certes, le désœuvrement est le maître mot d’une jeunesse qu’on voudrait voir perdue, et qui est sans aucun doute abandonnée, qui s’abandonne aussi à elle-même. Et les portraits que Marin Fouqué fignole avec une justesse remarquable ne sont pas sans évoquer cette question fondamentale et éminemment politique de la place qu’une société accorde à sa jeunesse, à toute sa jeunesse et pas seulement à celle des élites sociales et scolaires, les deux étant encore trop souvent confondues.extraits :- "Chaque matin, le vertige me prenait, vertige des journées qu'il devait passer là, seul, en assumant entièrement le vide. Sans notre petite bande, cette étendue de terre, c'était le vide. Vide des camping-cars, vide des hangars, vide du silo, vide de la benne, vide maison de la sorcière, vide la rue, vides les grands champs, vides les sillons de la Vieille. Même le père Mandrin et ses monologues, vides. Et très vite, selon mes professeurs, vide ma tête. Et mes poings serrés face aux rires de la cour de récréation, vides. Alors un matin, naturellement, comme y en a qui décident de se foutre sous un train, je suis resté sur le banc."- "Et puis c'est comme si j'étais pas là : j'ai ma capuche. Planquer sa face fine sous la capuche. Utile dans toutes les situations, la capuche. C'est comme fumer, je l'ai compris plus tard. D'accord, t'as un peu l'air louche aux yeux de certains, avec ta masse sombre sur le crâne, l'ombre qui tombe sur le regard, ou bien tes odeurs de shit dans le bec. Mais c'est toujours mieux que d'être là à attendre, droit comme un I ou affalé sur un banc, le regard dans le rien ou pire : à fixer quelqu'un. Et puis, on est comme des chiens dangereux : les gens normaux préfèrent nous voir avec des muselières, même si ça fait encore plus flipper. Alors les capuches, c'est nos muselières : pour cacher nos gueules. C'est pas de moi, ça, c'est du grand Kevin. Il aime les mots, celui-là. Moi, je me dis qu'au moins, avec ma capuche, on sait pas ce que je regarde donc on sait pas où je me promène. Je me promène toujours sous ma capuche. Faut pas croire."-"Il me maravait la gueule et j'aimais ça. Je hurlais de douleur et de plaisir. Ce n'était pas un jeu de môme avec les vers, ce n'était pas un défi pour passer l'ennui du loto, pas non plus une victimisation seul contre un groupe, encore moins le règlement de comptes de deux victimes. Non. Je l'avais accepté, je l'avais choisi, il était sérieux, il me voulait du bien. C'était mon massacre, le mien, pour moi. Mon offrande. Mon cadeau. Mon sacre de douleur. Devenir un homme."^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^L’écriture est tranchée, saccadée, façon slam percutant, c’est un long monologue sonore et sensible. Poétique ? à sa manière.Quelle force d’écriture !.pour lire le début :Voix singulière, mémorable.Public averti .....Belles lectures !❤❤❤❤La plus secrète mémoire des hommes de M. Mbougar Sarr
- Par isabelle_aubry
- Le 04/05/2022
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M. Mbougar Sarr :né le 20 juin 1990 à Dakar au Sénégal, est un romancier sénégalais d'expression française et lauréat du prix Goncourt 2021 pour La Plus Secrète Mémoire des hommes.Fils de médecin, il grandit au sein d'une famille nombreuse sérère à Diourbel au Sénégal. Il fait ses études secondaires au prytanée militaire de Saint-Louis avant de venir en France en classes préparatoires au lycée Pierre-d'Ailly de Compiègne puis intègre l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Ses recherches portent sur Léopold Sédar Senghor, mais il interrompt sa thèse au moment où il se met à beaucoup écrireautres écrits :Terre ceinte — décrivant la vie d'une petite ville sahélienne fictive mise sous la coupe de milices islamiques djihadistes —, reçoit en 2015 le prix Ahmadou-Kourouma au salon du livre de Genève puis le grand prix du roman métis de Saint-Denis-de-la-Réunion et le prix du roman métis des lycéens.Son second roman, Silence du chœur — portrait du quotidien de migrants africains en Sicile — a reçu le prix littérature monde du festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo et le Prix du roman métis des lecteurs de la ville de Saint-DenisAu Sénégal, une polémique nait au sujet de son troisième roman, De purs hommes, inspiré d'un fait divers homophobe (une vidéo virale d'une foule qui déterre le cadavre d’un homme présumé góor-jigéen au Sénégal ( en wolof = efféminé)). Mohamed Mbougar Sarr revendique la portée politique de ce roman. Il est accusé par ses détracteurs d'y faire « l'apologie de l’homosexualité »#######################4ème de couverture :En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l’inhumain.On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de « Rimbaud nègre », depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, son auteur, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l’accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s’observent, discutent, boivent et s’interrogent sur la nécessité de la création à partir de l’exil. Il va surtout s’attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda…
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Pour apprécier la qualité de l’écriture, la construction, les thèmes, des mots de la langue française devenus rares, il faut se laisser guider par Diégane Latyr Faye dans un véritable dédale. Jeune écrivain, il suit les traces laissées par T.C. Elimane : une gloire éphémère l’a submergé après son unique livre, Le labyrinthe de l’inhumain. Après de terribles accusations de plagiat, il disparaît dès 1938, devenant insaisissable.#########################[Un destin semblable frappera en 1968 Yambo Ouologuem, malien, premier romancier africain auréolé d’un prix littéraire d’envergure, le Renaudot, pour Le Devoir de violence. Après des critiques acerbes l’accusant d’impostures, il disparaît de la scène littéraire dans les années 1970, se réfugiant sur sa terre natale, dans un total anonymat.Mohamed Mbougar Sarr rend hommage à cet écrivain oublié.]#########################- Structure du récit complexe.- Des narrateurs différents et des périodes temporelles mélangées...- Vocabulaire soutenu mais aussi un langage parfois cru, désinhibé...- Livre exigeant concentration ; pourrait sembler éprouvant parfois...- Des récits enchâssés quelque peu labyrinthiques où il est question, pêle-mêle de :l’identité des écrivains africains, leur perception par l’Occident, leur rejet. Comment trouver dans ces conditions sa place au sein de la littérature? Pourquoi doit-on sans cesse confronter l’Afrique et l’Occident?M.Mbougar Saar n'a t-il pas voulu en faire trop ?La Question qui sous-tend l'ensemble du récit : la littérature est-elle le refuge de la mémoire des hommes ?pour lire le début :Un livre questionnant à plusieurs titres....Passée une centaine de pages, le récit devient plus accrocheur....Inégal.Le vent nous portera de Jojo Moyes
- Par isabelle_aubry
- Le 12/06/2021
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Un livre de la bibli de V.le C.
JOJO MOYES :née le 4 août 1969 à Londres en Angleterre, est une journaliste britannique et, depuis 2002, une romancière. Elle est l'une des rares auteurs à avoir remporté deux fois le prix du livre romantique de l'année, RNA Awards de l'Association des romanciers romantiques. (autre roman connu : "Avant toi")4ème de couverture :Alice a soif d'aventures et se sent à l'étroit dans la bonne société anglaise. Aussi s'empresse-t-elle d'épouser le bel Américain qui succombe à son charme, saisissant l'occasion d'un nouveau départ.Mais le rêve américain est mis à rude épreuve dans la petite ville du Kentucky où elle atterrit, et les désillusions de la vie conjugale ne se font pas attendre.Lorsqu'un projet de bibliothèque itinérante voit le jour, Alice se porte volontaire : c'est l'occasion rêvée d'échapper à son quotidien étouffant.Elle se lie alors d'amitié avec quatre bibliothécaires, parmi lesquelles la fascinante Margery, qui n'a peur de rien ni de personne. Ensemble, elles sillonnent à cheval les montagnes du Kentucky pour apporter des livres dans les zones les plus reculées, bravant tous les dangers. Mais s'il y a bien une chose dont ces porteuses d'histoires ne manquent pas, c'est de courage.
Un roman profondément émouvant sur l'épopée de la culture et l'émancipation féminine.Ida n'existe pas de Adeline Fleury
- Par isabelle_aubry
- Le 12/06/2021
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Bonjour,
Ne sachant pas comment vous "livrer" ce roman dérangeant et bouleversant, j'ai préféré en reproduire le début, qui en résume assez bien l'atmosphère.
"J'ai vu qu'il s'agissait d'une petite fille. J'ai pensé " A quoi bon qu'elle vive". Une pulsion redoutable s'est emparée de moi, le nourrisson s'epoumone et je pose ma main sur sa petite bouche outrageusement dessinée, je veux etouffer ses cris et bien plus encore. J'ai voulu tuer ma fille que je ne connaissais pas par amour, pour la protéger des pires choses qui pouvaient lui arriver. La vie, quand on est une fille. Elle connaîtrait des choses horribles et il valait mieux que ça s'arrete comme ça, avant que tout commence. Il n'y a pas de mot pour qualifier ces pensées. C'est effroyable. Une mère ne peut pas avoir pareilles pensées."
L'histoire contée par l'auteure est inspirée d'un fait divers qui s'est déroulé en 2013 à Berck-sur-mer.
Bonne lecture !
Trois de Valérie Perrin
- Par isabelle_aubry
- Le 12/06/2021
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Je viens de terminer ce très bon roman que je vous propose de partager : 670 pages à dévorer ! C'est le 3e ouvrage de Valérie Perrin (je les aime tous)
"1986. : Adrien, Etienne et Nina se rencontrent en CM2. Très vite, ils deviennent fusionnels et passent tout leur temps ensemble. Une promesse les unit : quitter leur province pour vivre à Paris et ne jamais se séparer.
2017. : Une voiture est découverte au fond d'un lac dans le hameau où ils ont grandi. Virginie, journaliste, couvre l'événement. Peu à peu, elle dévoile les liens qui unissent ces trois amis d'enfance. Que sont-ils devenus ? Quel rapport entre cette épave et leur histoire d'amitié ?"Roman très réussi. L’auteure alterne les chapitres entre le passé et le présent ainsi qu’entre les 4 personnages principaux. C’est parfois un peu déstabilisant mais renforce les rebondissements qui foisonnent.
Donc : ne pas lâcher l’histoire sous peine de s’y perdre un peu ; mais quand on entame ce bouquin, on ne peut plus arrêter…
Bonne lecture !
RHAPSODIE DES OUBLIES de Sofia Aouine
- Par isabelle_aubry
- Le 12/06/2021
- Dans Livre
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C'est le premier roman de cette auteure.
Abad, treize ans, habite rue Léon, dans le quartier de la Goutte d’Or à Barbès depuis qu'il a fui le Liban avec ses parents, il y a 3 ans.
Entre les coups de son père, détruit par l'exil et l'humiliation de ses abrutissantes conditions de travail, et le silence dans lequel s'est retranchée sa mère, l'adolescent s'est laissé happer par la rue. Dérivant de bêtise en bêtise jusqu'aux marges de la délinquance, il raconte son existence : la jungle qu'est l'école, la rue qui remplace sa famille, la vie de son quartier et de ses laissés-pour compte.
Le langage choque un peu au début mais il fait partie du personnage.
Bonne lecture !
LIVRES DE NAGUIB MAHFOUZ
- Par isabelle_aubry
- Le 12/06/2021
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Nous avons reçu de la bibliothèque de Melun plusieurs livres de cet écrivain égyptien de langue arabe, NAGUIB MAHFOUZ, traduit tardivement en français, prix Nobel de littérature en 1988 et grand intellectuel.Il est né en 1911 et décédé au Caire en 2006, hommages internationaux.Sa source d’inspiration favorite : le vieux Caire de son enfance .Romans traduits en français à partir des années 80....suite sans doute à l'obtention du Nobel ^^!!LES NOCES DU PALAIS163 pagesLivre "à part", paru en 1981, ce roman de Naguib Mahfouz est probablement celui où il s’engage le plus loin dans l’expérimentation, avec une étonnante disposition à se renouveler sur le plan formel tout en approfondissant ses derniers thèmes majeurs, ceux de la chute et de la honte, du passage du temps et de la fragilité des choses humaines."Les noces du palais" raconte une même histoire mais sous quatre angles différents, sous la narration de quatre personnages différents. Au Caire, dans les années 1970, Abbas Karam Younis est un jeune homme sans le sous qui espère percer dans le monde du théâtre. Il a écrit une pièce quasi autobiographique, ayant pour décor son quartier et dans laquelle il se dépeint comme étant l'assassin de son épouse Tahiyya et de leur jeune enfant. Le jeune dramaturge s'est-il largement inspiré de sa vie ou sa pièce dévoile-t-elle la vérité ? Dans tous les cas, sa famille et son entourage ne sont pas présentés sous leur meilleur jour…Demande beaucoup de concentration pour rentrer dans l'histoire.....~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~un coffret de 3 livres : publiés en Égypte entre 1948 et 1977.....Littérature plus "conventionnelle"....1° CHIMÈRES378p / 1948
Après une enfance calfeutrée, il se libère de la tutelle d'une mère trop aimante pour affronter le monde du travail et découvrir l'amour....Une analyse psychologique pertinente.2° DÉRIVES SUR LE NIL190 pages / 1966
Une péniche amarrée à une berge du Nil, au Caire.Chaque soir, s'y réunit la " famille ", composée de sept personnes : une traductrice, un écrivain, un critique, un comédien, un avocat, un homme d'affaires, enfin, Anis Zaki, modeste fonctionnaire, mais homme de grande culture, leur hôte à tous, et leur obligé. C'est lui, assisté du vieil Abdu, qui prépare le narguilé.Un jour, une jeune journaliste, Samara Bahjat, se mêle à cette assemblée d'intellectuels désabusés dont elle ne partage ni le goût pour le haschisch, ni le nihilisme, ni l'humour cocasse, ni l'art de la conversation absurde.
Et le drame éclate qui les met devant la nécessité soit de renoncer à leur carrière, puisqu'ils la prétendaient futile, dérisoire, soit d'être infidèles à eux-mêmes.Naguib Mahfouz met en relief, dans ce roman, le désarroi et la désillusion des intellectuels.3° LA CHANSON DES GUEUX532p / 1977Saga familiale.Le fondateur du clan, Ashur, est un modeste charretier dans une vieille ruelle du Caire. Il voit en rêve qu'une épidémie de peste va ravager la ville : il se retire alors dans le désert avec sa femme et son enfant. Quand l'épidémie est passée, il retrouve la ville dépeuplée et s'empare d'une grande maison abandonnée : il distribue ses richesses aux habitants, devenant le bienfaiteur et le protecteur du petit peuple de la ruelle. Il est surnommé « al Nagi », « le survivant ».Il inaugure un âge d'or où il réprime les puissants, secourt les humbles travailleurs et fait régner une atmosphère de foi et de piété.Une nuit, il disparaît mystérieusement, au grand soulagement des marchands. Son fils, Shams al-Nagi, livre une série de batailles aux clans rivaux et rétablit la prospérité et la justice......Grand nombre de personnages et d'épisodes secondaires, ce roman s'inscrit dans la tradition populaire du conte.L'ascension et le déclin du clan illustrent l'importance de la lignée dans la culture arabe.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~Naguib Mahfouz a constitué une oeuvre littéraire abondante et novatrice (plus de 50 titres parus entre la fin des années 30 et les années 90), qui a fait entrer le roman arabe dans la modernité. Seul écrivain arabe à avoir obtenu le prix Nobel de littérature, il s'est confronté à plusieurs genres romanesques : historique, réaliste, philosophique. Traduit dans le monde entier dans plusieurs dizaines de langues, il est considéré comme le plus important écrivain égyptien de la 2ème moitié du 20ème siècle.Le Jury du Prix Nobel mentionna "qu’à travers des écrits riches en nuances – par moments lucides et réalistes et par moments évocateurs et ambigus – Mahfouz a créé "un art narratif arabe qui trouve une résonance dans l’humanité entière".
Ses écrits provoquèrent également des controverses. Son roman de 1959, "Les Fils de la Médina", un récit allégorique des trois religions monothéistes, fut interdit. En 1994, il survécut à un attentat au couteau perpétré par un fanatique.
A la mort de Mahfouz en 2006, le président égyptien Hosni Moubarak salua les "valeurs d’éveil et de tolérance" de l’écrivain et déclara que l’on se souviendrait de ce dernier comme "d’une lueur culturelle…qui révéla au monde la littérature arabe.(Toutes les traductions sont de France Meyer)petit plus :❤❤❤Belles lectures !En finir avec le Harcèlement scolaire de E. Piquet
- Par isabelle_aubry
- Le 19/04/2021
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« En te recroquevillant, tu leur montres à quel point ils parviennent à te faire souffrir. On va leur prouver que tu n’es pas une cible facile. »
Le parti pris d’Emmanuelle Piquet est clair : la prévention et la sanction, méthodes privilégiées par l’Éducation nationale aujourd’hui, ou encore l’intervention des adultes, ne constituent pas des solutions suffisantes pour endiguer ce fléau qu’est le harcèlement en milieu scolaire. À rebours des idées reçues, la spécialiste partage une méthode qui a porté ses fruits : accompagner l’enfant victime de harcèlement en lui donnant les outils pour apprendre à se faire respecter.
Destiné aux parents et aux enseignants, cet ouvrage s’appuie sur des situations réelles pour montrer les différentes stratégies qui peuvent être adoptées avec succès par les enfants. En finir avec le harcèlement scolaire, c’est possible !Un livre court mais très utile, à mettre entre les mains de tous les parents...
La maison des hautes falaises de Karen Viggers
- Par isabelle_aubry
- Le 08/04/2021
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Je viens de terminer ce livre de la bibli.Je vous avais présenté de la même auteure "La mémoire des embruns".Avec ce second titre, mêmes inspirations.....4ème de couverture :Hanté par un passé douloureux, Lex Henderson part s'installer dans un petit village isolé, sur la côte australienne. Très vite, il tombe sous le charme de cet endroit sauvage, où les journées sont rythmées par le sac et le ressac de l'océan. Au loin, il aperçoit parfois des baleines. Majestueuses, elles le fascinent.
Peu de temps après son arrivée, sa route croise celle de Callista, artiste-peintre passionnée, elle aussi blessée par la vie.Attirés l'un par l'autre, ils ont pourtant du mal à se comprendre et à laisser libre cours à leurs sentiments. Parviendront-ils à oublier leurs passés respectifs pour guérir et faire de nouveau confiance en la vie ?
Dans la lignée de La Mémoire des embruns, ce roman tout en finesse est une véritable ode à la nature et à son admirable pouvoir de guérison.Ce matin-là de Gaëlle Josse
- Par isabelle_aubry
- Le 08/04/2021
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Gaëlle JOSSE :déjà connue du club, toujours fort appréciée : Le dernier gardien d'Ellis Island,Les heures silencieuses, Une longue impatience...travaille actuellement comme rédactrice pour un site Internet à Paris et organise aussi des ateliers d’écoute musicale et d’écriture, pour adultes et adolescents.~~~~~~~~~~~~Gaëlle Josse s’attaque à un sujet en apparence peu attrayant pour un lecteur en ces temps sombres : le burn out et la dépression d’une jeune salariée....(Pour moi aussi ce type de sujet, plus que morose, n'est pas ma tasse de thé, je reconnais pourtant m'être laissée encore une fois envoûter par l'écriture de G.Josse ; lu en un clin d'oeil!!)Un matin, la voiture de Clara ne démarre pas. Un moteur en panne, et c’est toute la vie millimétrée de la jeune femme qui va se gripper. Clara est une battante. A 35 ans, elle possède en apparence tout ce dont on peut rêver : un travail bien payé avec des responsabilités, un appartement agréable, un amoureux attentif, et des parents certes un peu envahissants, mais préoccupés par son sort.Sauf que parfois, les apparences ne suffisent pas. Un matin donc, quand la voiture ne démarre pas, Clara se retrouve incapable d’appeler un garagiste, de prévenir son travail, voire d’envoyer un simple SMS à son compagnon.Elle s’effondre, son corps s’effondre, et plus rien ne suit. Le néant.@@@@@@@@@@@@@@@@EXTRAIT :"Elle raconte une fois de plus le trop-plein de demandes, la brutalité des injonctions, les objectifs impossibles à atteindre, les phrases qui blessent lâchées dans les couloirs, hors témoins, les faux sourires pendant les réunions, les contrôles à tout moment, la froideur des mails, leurs contenus glaçants à l'écran, le téléphone de fonction qui vous poursuit le soir encore, et aussi pendant les vacances, les rivalités entretenues ou provoquées, la défiance qui s'installe, le toujours plus et le jamais assez.
Elle parle du temps impossible à dilater, à suspendre, l'aiguille de la montre qui court trop vite, en retard, en retard, comme le lapin d'Alice, et les tâches, les rendez-vous qui s'accumulent, les contrôles qui se multiplient. Elle parle du mépris envers les clients qu'il faut pressurer et elle dit qu'elle ne peut plus. Elle raconte les week-end englués dans l'insomnie et le trop de sommeil, les dimanches soir qui commencent de plus en plus tôt, au réveil parfois. Elle parle des kilos perdus et de l'impossibilité de se nourrir. Cette impression qu'elle a de rejouer la même scène, d'un médecin à l'autre, et elle se demande si ça va être comme ça, sa vie, raconter son histoire, et la raconter encore pour qu'on soit bien sûr qu'elle va mal."@@@@@@@@@@@@@Un récit universel de nos sociétés modernes, qui a le mérite d’interroger sans en avoir l’air nos choix personnels, nos désirs, et les fausses routes que l’on fait parfois, ainsi que les moyens de sortir du labyrinthe pour retrouver la lumière.Gaëlle Josse est venue à l’écriture par la poésie et ça se ressent très bien dans sa façon de dire les choses...❤❤❤❤Belles lectures !Replay de Ken Grimwood
- Par isabelle_aubry
- Le 31/03/2021
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Voici un livre de la bibli de V.le C.Ken GRIMWOOD :né le 27 février 1944 à Dothan en Alabama et décédé le 6 juin 2003 (à 59 ans) à Santa Barbara en Californie, est un auteur de fiction américain.Les thèmes de prédilections de Ken Grimwood tournent autour de l'affirmation de soi et du contrôle de sa vie.En 1988, il reçoit le prix World Fantasy du meilleur roman pour Replay.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&En ce 18 octobre 1988, Jeff Winston se trouve dans son bureau new-yorkais, et écoute sa femme lui répéter au téléphone: – Il nous faut, il nous faut… Il leur faudrait, bien sûr, un enfant, une maison plus confortable. Mais surtout parler. A coeur ouvert.Sur ce, Jeff meurt d’une crise cardiaque.Il se réveille en 1963, à l’âge de dix-huit ans, dans son ancienne chambre d’université.Va-t-il connaître le même avenir? Non, car ses souvenirs sont intacts. Il sait qui va gagner le prochain Derby, et ce qu’il en sera d’IBM et d’Apple…De quoi devenir l’homme le plus puissant du monde, jusqu’à sa deuxième mort, et qu’une troisième, puis une quatrième vie commencent…&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&
Très bon livre que voilà ! Le thème y est évidemment pour beaucoup : Replay parle en effet et comme son titre l’indique d’un homme qui n’a de cesse de recommencer sa vie, encore et encore et pour une durée qui semble éternelle. Un thème très séduisant, donc, car intriguant : qui n’a jamais caressé l’espoir ou à tout le moins, rêvé d’avoir une seconde vie pour agir ou considérer ses choix différemment ?Le thème de la boucle temporelle, où le héros garde toute la mémoire de l’itération précédente, n’est pas à proprement parler original.Là où Replay devient intéressant, c’est sur l’ampleur de la boucle, des dizaines d’années...Disons que tout n’est pas aussi classique qu’on pourrait le croire de prime abord dans ce mécanisme de boucle temporelle : car Replay est avant tout une formidable introspection, une belle oeuvre empreinte d’une douce mélancolie...À chaque nouvelle vie, de nouveaux axes de progression, de nouveaux challenges, de nouveaux buts, mais aussi de nouveaux choix à faire. Fort des souvenirs de la précédente, des leçons tirées, il devient possible de toucher du doigt la vie parfaite, celle qui servirait d’exemple.Est-ce un but atteignable ? Réaliste ?La dernière vie sera-t-elle celle où Jeff aura tout compris ?&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Replay est une invitation au voyage (dans le temps, l’espace et l’âme) et une expédition à la recherche du sens de la vie.C’est le seul roman de Ken Grimwood publié en français.
[L’auteur est mort d’une crise cardiaque… comme le personnage principal de Replay qui meurt dès la première page du roman.
Le hasard est d’autant plus ironique que Ken Grimwood est mort alors qu’il était en pleine écriture d’une suite de Replay, 15 ans après, lui qui avait repoussé l’idée jusque là…]&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Et vous, si vous pouviez recommencer votre vie, que changeriez-vous ?❤❤❤Belles lectures !Le dit de Tian Yi de F. CHENG
- Par isabelle_aubry
- Le 24/01/2021
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Un livre de la bibli de V. le C..François CHENG :(nom d'auteur ; nom chinois : 程抱一 ; pinyin : Chéng Bàoyī ; litt. « qui embrasse l'unité ») né le 30 août 1929 à Nanchang dans la province du Jiangxi, est un écrivain, poète et calligraphe chinois naturalisé français en 1971, membre de l'Académie française depuis 2002.Il est issu d'une famille de lettrés et d'universitaires. Après des études à l'Université de Nankin, François Cheng arrive à Paris avec ses parents en 1948 lorsque son père obtient un poste à l'Unesco en tant que spécialiste des sciences de l’éducation. Alors que sa famille émigre aux États-Unis en 1949 en raison de la guerre civile chinoise, il décide de s'installer définitivement en France, motivé par sa passion pour la culture française.Il habite en Touraine depuis 60 ans.
Ses travaux se composent de traductions des poètes français en chinois et des poètes chinois en français, d’essais sur la pensée et l’esthétique chinoises, de monographies consacrées à l’art chinois, de recueils de poésies, de romans et d’un album de ses propres calligraphies.Il se verra attribuer le prix André Malraux pour "Shitao, la saveur du monde", dans le domaine du livre d'art. Le prix Roger Caillois pour ses essais et son recueil de poèmes "Double chant", le prix Femina pour son roman " Le dit de Tianyi "et le Grand Prix de la Francophonie pour l'ensemble de son oeuvre.Je suis une légende de R. Matheson
- Par isabelle_aubry
- Le 24/01/2021
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ivre de la bibli de V. le C.Richard MATHESON:né le 20 février 1926 à Allendale au New Jersey et mort le 23 juin 2013 à Calabasas en Californie, était un écrivain et scénariste américain.Ses genres de prédilection sont la science-fiction et l’épouvante. Il a acquis sa renommée dans le monde de la science-fiction grâce à deux romans devenus des classiques du genre : "Je suis une légende" et "L'homme qui rétrécit", tous deux adaptés au cinéma.[La dernière adaptation ciné avec Will Smith est très éloignée de l'histoire originelle.]Au fil des années, Matheson a été source d'inspiration pour nombre d'artistes (écrivains, cinéastes...) de la science-fiction, notamment Stephen King, George A. Romero, ou encore Chris Carter, le créateur de la série télévisée X-Files : aux frontières du réel (dans cette dernière, un personnage semi-récurrent, sénateur, porte d'ailleurs, en hommage, le nom de Richard Matheson).~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~Précurseur du genre « apocalyptique », Matheson préfigurait tout un pan de l’univers de la SF contemporaine (paysages urbains ravagés, épidémie meurtrière, humanité en déroute…). Cristallisant les craintes de son époque (le clivage Est-Ouest et la peur du nucléaire, les armes bactériologiques et la perte de la foi), il trouve plus que jamais écho aujourd’hui, en cette ère de guerre contre le terrorisme, de dérèglement climatique et de pandémie .4ème de couverture :Chaque jour, Robert Neville doit organiser son existence solitaire dans une cité à l'abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus (germe?) incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil...Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu'aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme.
Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l'ultime survivant d'une espèce désormais légendaire.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~La structure narrative du roman est pour beaucoup dans l’intérêt que suscite le récit.Le lecteur ne comprend pas immédiatement le contexte, Matheson va lui divulguer les pièces du puzzle au fur et à mesure, aiguisant ainsi sa curiosité.
Parfaitement calibré sur 3 années et avec un art très cinématographique mêlant flash back, ellipses et rencontres inopinées, Matheson sait maintenir le rythme et ménager quelques chutes à suspense pour tenir son lecteur en alerte. Sans pour autant trop en faire.Jusqu’au dernier chapitre, on ignore tout du dénouement.Si le sujet, les vampires, n'est pas original, son traitement l'est.Ici, tout est examiné d'un point de vue "scientifique" : le héros, en tout cas, essaye de rationaliser ce qui lui arrive pour mieux le supporter, pour essayer et de le comprendre et ainsi y trouver une solution qui lui permettra de s'en sortir.Le pays des autres de L. Slimani
- Par isabelle_aubry
- Le 24/01/2021
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"En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s'éprend d'Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l'armée française.
Après la Libération, elle quitte son pays pour suivre au Maroc celui qui va devenir son mari. Le couple s'installe à Meknès, ville de garnison et de colons, où le système de ségrégation coloniale s'applique avec rigueur.
Amine récupère ses terres, rocailleuses ingrates et commence alors une période très dure pour la famille.
Mathilde accouche de deux enfants : Aïcha et Sélim.
Au prix de nombreux sacrifices et vexations, Amine parvient à organiser son domaine, en s'alliant avec un médecin hongrois, Dragan Palosi, qui va devenir un ami très proche.
Mathilde se sent étouffée par le climat rigoriste du Maroc, par sa solitude à la ferme, par la méfiance qu'elle inspire en tant qu'étrangère et par le manque d'argent. Les relations entre les colons et les indigènes sont très tendues, et Amine se trouve pris entre deux feux : marié à une Française, propriétaire terrien employant des ouvriers marocains, il est assimilé aux colons par les autochtones, et méprisé et humilié par les Français parce qu'il est marocain. Il est fier de sa femme, de son courage, de sa beauté particulière, de son fort tempérament, mais il en a honte aussi car elle ne fait pas preuve de la modestie ni de la soumission convenables.
Alors qu'Amine commence à récolter les fruits de son travail harassant, des émeutes éclatent, les plantations sont incendiées : le roman se clôt sur des scènes de violence inaugurant l'accès du pays à l'indépendance en 1956."
L'auteure décrit très bien les difficultés de ce couple mixte face aux populations locales et aux Français installés en vainqueurs dans ce pays dont ils méprisent les habitants. Ils sont étrangers à tous.
Très beau roman bien documenté.
Lumière d'août de W. Faulkner
- Par isabelle_aubry
- Le 24/01/2021
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lUn ivre de la bibli de V.le C.William FAULKNER :qu'on ne présente "presque plus"....est un romancier et nouvelliste américain, né William Cuthbert Falkner le 25 septembre 1897 à New Albany, dans l'État du Mississippi, et mort le 6 juillet 1962 à Byhalia dans le même État.Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1949, alors qu'il est encore relativement peu connu.Faulkner, qui a situé la plupart de ses récits dans son État natal du Mississippi, est l'un des écrivains du Sud américain les plus marquants.Ses romans les plus connus sont Le Bruit et la Fureur (1929), Tandis que j'agonise (1930), Sanctuaire (1931), Lumière d'août (1932) et Absalon, Absalon ! (1936), souvent considéré comme l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature universelle.Il est reconnu pour être un écrivain difficile à l'écriture tortueuse, qui rebute de nombreux lecteurs."Lumière d'août" : c'est sans doute le roman de Faulkner le plus construit, celui qui se rapproche le plus peut être d'un grand roman classique, que j'ai trouvé plus abordable.Le livre s'ouvre et se ferme sur Lena, jeune femme enceinte au début de l'histoire et qui a traversé plusieurs Etats à la recherche du père de son enfant.Et entre ce début et cette fin qui irradient cette lumière présente dans le titre, il y a la violence, l'injustice, la bêtise et la souffrance d'êtres qui n'arrivent pas à trouver leur place.
Au centre, Joe Christmas, "nègre blanc", dont on découvre petit à petit la terrible histoire, qui met en évidence toutes les failles et toutes les violences de cette société du Sud, puritaine, raciste, n'acceptant pas l'altérité ni entre les races ni entre les sexes, fondée sur la haine de l'autre et la haine de soi-même en définitif.«La main allait, lente et calme, le long du flanc invisible. Il ne répondit pas tout de suite. Non qu'il essayât de l'intriguer. Il avait l'air de ne pas se rappeller qu'il devait en dire davantage. Elle répéta la question. Alors, il lui dit :
- J'ai du sang noir.
Elle resta étendue, parfaitement immobile, mais d'une immobilité différente. Mais il ne parut point s'en apercevoir. Il était couché, calme aussi et, de sa main, doucement lui caressait le flanc.»Faulkner reprend presque systématiquement les mêmes événements perçus par différents regards, expérimente le récit sous forme de dialogue, monologue ou narration, et son écriture est belle mais parfois difficile à suivre. Les époques se recoupent, les membres d'une même famille se confondent..... donc une lecture qui demande de la concentration ...et de la persévérance^^!!~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~Lena Grove, sur laquelle s'ouvre le roman, est une jeune femme originaire de l'Alabama, qui a pris la route de Jefferson et donc du Mississippi afin de rejoindre un certain Lucas Burch, beau parleur qui lui a fait un enfant mais dont elle ne doute pas qu'il soit parti à la ville pour y trouver du travail et préparer leur avenir commun. Simple, gentille, pas aussi naïve qu'on serait en droit de se l'imaginer, Lena est un personnage lumineux, apaisant, qui, une fois n'est pas coutume dans l'univers faulknerien, verra le Destin lui sourire....[Une « lumière », à cette époque, était un terme argotique qui désignait une grossesse ; la « Lumière d'août » fait donc également référence à la grossesse et à l'accouchement de Lena Grove].Joe Christmas est un personnage énigmatique, orphelin dès son plus jeune âge, métis, qui en arrivera à la trentaine à assassiner miss Burden, une femme blanche ; quoique blanc, il pense avoir un ascendant noir, conviction intime que le narrateur confirmera au cours du récit.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~Les personnages de Lumière d'août ont de multiples facettes et chacun d'eux est à la fois sujet et objet, observateur et observé, tourmenté par lui-même et tourmenté par les autres, bourreau et victime.❤❤❤Nuit de la lecture 2021
- Par isabelle_aubry
- Le 23/01/2021
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Une lecture d'un conte de Noël...
La goûteuse d' Hitler de Rosella Postorino
- Par isabelle_aubry
- Le 09/01/2021
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Un livre de la bibli de V.le C..
Rosella POSTORINO :Née à Reggio de Calabre en 1978, elle a grandi à San Lorenzo al Mare, en Ligurie.Premier livre de Rosella Postorino traduit en français, "Le assaggiatrici" ("Les goûteuses") est sorti en 2018 en Italie où il a rencontré un énorme succès critique et populaire, remportant de nombreux prix dont le prestigieux prix Campiello.Prix des lecteurs Livre de Poche 2020.La traduction française de son roman (D. Vittoz) a remporté le 25e Prix Jean Monnet lors du Littératures Européennes Cognac Festival 2019.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~Base historique :Margot Woelk (ou Wölk) (27 décembre 1917 - 2014) était une des goûteuses d'Adolf Hitler. Elle faisait partie d'un groupe de quinze jeunes femmes qui, en 1942, ont dû tester la nourriture d'Hitler à la Wolfsschanze ("tanière du loup") pour s'assurer qu'elle n'était pas empoisonnée.Margot Woelk sera la seule survivante de ce groupe et ne témoignera de cet épisode de sa vie que deux ans avant sa mort, soixante-dix ans après les faits.Selon un article de Sven Felix Kellerhoff dans Die Welt, Hitler n'avait pas de goûteur personnel. Cependant, Margot Woelk ne prétend pas avoir été à la Wolfsschanze. Le test préliminaire avait lieu en dehors. Vraisemblablement, seuls des échantillons de livraisons de nourriture étaient goûtés.
L'historien Arnd Bauerkämper lui, confirme qu'Hitler a utilisé des goûteurs parce qu'il avait peur d'être assassiné. Il avait son cuisinier personnel.En 1944, les services secrets britanniques ont abandonné le plan d'empoisonner la nourriture du dictateur parce qu'on soupçonnait qu'il utilisait des goûteurs.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Ce livre est un roman.4ème de couverture :1943.Reclus dans son quartier général en Prusse orientale (Pologne), terrorisé à l’idée que l’on attente à sa vie, Hitler a fait recruter des goûteuses.Parmi elles, Rosa. Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s’exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière.Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme « l’étrangère », Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l’hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu’autoritaire.Pourtant, la réalité est la même pour toutes : consentir à leur rôle, c’est à la fois vouloir survivre et accepter l’idée de mourir.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Rosella Postorino :« Dès que j’ai posé les yeux sur cette histoire, j’ai été foudroyée, raconte Rosella Postorino. La vie de Margot Wölk était remplie de contradictions. Elle ne croyait ni en Hitler ni au régime nazi, pourtant elle a risqué sa vie pour eux. Elle était également privilégiée, puisqu’elle pouvait manger trois fois par jour alors que le reste de la population mourait de faim. Elle était à la fois victime et complice.
Mais devient-on implicitement coupable dès lors qu’on est inapte ou qu’on refuse d’agir ? « C’est une faute métaphysique, celle de rester vivant tandis que les uns et les autres succombent ou vivent des injustices. Ça ne concerne pas uniquement les gens qui ont vécu la Deuxième Guerre mondiale ou un régime dictatorial. »Ce livre n'est pas un roman biographique et, s'il fait référence à de nombreux événements réels et s'appuie sur une documentation sérieuse et précise, il s'avère un roman au cadre certes historique mais de très libre facture.Rosella Postorino imagine en grande partie son héroïne narratrice, jeune Allemande issue d'une famille non nazie qui a dû s'adapter pour survivre, et elle se glisse dans son corps et son esprit, au plus près de ses sensations et de ses émotions, de ses réflexions et de ses interrogations...&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&EXTRAITS :- "Le repas terminé, deux SS se sont approchés et la femme à ma gauche s’est levée.« On ne bouge pas ! Rassieds-toi ! »
Elle s’est laissée retomber comme s’ils lui avaient donné une bourrade. Une de ses tresses roulées en macaron s’est échappée de son épingle dans un léger balancement.
« Vous n’avez pas le droit de vous lever. Vous resterez ici, à table, jusqu’à nouvel ordre. En silence. Si les plats sont empoisonnés, l’effet sera rapide. » Le SS nous a dévisagées une à une, guettant nos réactions. Personne n’a bronché. Puis il s’est adressé de nouveau à celle qui s’était levée : elle portait le Dirndl traditionnel et avait peut-être voulu manifester sa déférence. « C’est l’affaire d’une heure, rassure-toi. Dans une heure, vous serez libres.
– Ou mortes », a souligné un de leurs hommes."- "On s'habitue aux sirènes, à dormir tout habillé pour se précipiter au refuge, quand elles retentissent, on s'habitue à la faim, à la soif. Je m'étais habituée à être payée pour manger. Ce qui pouvait sembler être un privilège était un travail comme un autre."- "Ma colère contre Hitler était personnelle. Il m' avait privée de mon mari et chaque jour je risquais ma vie pour lui. Mon existence était entre ses mains, voilà ce que je détestais. Hitler me nourrissait, et cette nourriture pouvait me tuer.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Dépassant les alibis faciles qu'on se donne pour évacuer sa responsabilité," La goûteuse d'Hitler" interroge ainsi chacun très concrètement sur sa capacité d'adaptation pour survivre, sur son refus de voir et de savoir, sur sa capacité de tolérance de l'horreur.Avec finesse et malice, profondeur et sensibilité, Rosella Postorino y montre la fragilité des frontières entre douceur et violence, amour ou haine. Entre la main qui caresse et celle qui tue, la bouche qui embrasse et celle qui mord.Et elle vient ainsi judicieusement nous rappeler que les "monstres" sont bien des hommes.Ma fureur de Jenny Downham
- Par isabelle_aubry
- Le 28/11/2020
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Aperçu : C'est l'histoire de Lexi, adolescente explosive qui laisse souvent la colère l'emporter. S'agit-il d'une crise d'adolescence ou de maltraitance ? La question est posée dès la couverture. Le début prend son temps, on a du mal à se faire une opinion car il faut saisir la complexité des situations, des personnalités : l'auteur nous promène dans la psychologie des personnages qu'elle sait rendre attachants.
Pour moi, un roman féministe au vrai sens du terme : une histoire de parole, de prise de conscience, d'émancipation. La maltraitance sans sensationnalisme : pas de viols, d'attouchements ou de coups. Les hommes et les femmes sont décrits avec qualités et défauts, forces et faiblesses, à égalité. Pas de manichéisme. L'héroïne, adolescente en construction est un personnage attachant : son évolution est crédible. Les parrallèles avec les contes de fées sont amusants.
I love you so mochi de Sarah Kuhn
- Par isabelle_aubry
- Le 08/11/2020
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Aperçu :
Kimi est une adolescente qui a tout pour être heureuse mais elle doit choisir ce qu’elle veut faire de sa vie et ce choix n’est pas facile… Après une dispute avec sa mère, sur une invitation de ses grands-parents, elle part au Japon, à la découverte d’elle-même…
Ce roman « young adult » est certes à classer dans le style « feel good » avec son fond de jolie romance mais il dépasse ce cadre. D’abord parce qu’il permet de découvrir le Japon et certaines traditions (même s’il faut être indulgent avec quelques clichés). Ensuite parce qu’il intègre une belle réflexion sur les rapports intergénérationnels, sur la transmission et la manière dont elle s’opère. Enfin, parce qu’il véhicule des passions : qu’il s’agisse de la mode ou de la nourriture, il y a une invitation à la pleine conscience qui n’est pas antagoniste avec le rêve.
Un roman à savourer comme un mochi…
❤❤❤
Belles lectures !
Un Noël pour le loup de Thierry Dedieu
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
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Aperçu :
Le loup décide de préparer un festin de Noël pour tous les habitants de la forêt. Et il le fait correctement : pour preuve, aucun des animaux invités ne se retrouvera au menu ! Il respecte même les préférences alimentaires de chacun... Et il prépare de beaux cadeaux. Mais personne n’arrive… Les bêtes, pas bêtes, craignent le piège et restent au loin, à observer le loup… Que va faire ce loup ingénieux ?
Un bel album de Noël, aux splendides illustrations… Une histoire pleine de patience et d'amour, invitation à prendre ce qui vous arrive avec philosophie et à en tirer du bonheur… L’auteur rappelle aussi, que les relations peuvent être longues à nouer, qu'elles se développent par étapes, avec des attentions modestes…
Un livre à lire et à réfléchir, de 7 ans à 77 ans…
❤❤❤
Belles lectures !
River of time de Jon Swain
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
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25 ans après sa première parution, le récit des guerres d'Indochine (Vietnam, Cambodge, Laos, ...) du reporter britannique JON SWAIN est traduit pour la première fois en français.Aperçu :Jon SWAIN :Né à Londres en 1948, Jon Swain fut d’abord correspondant du Sunday Times à Paris, mais nourrissait des envies d’aventures, attisées, selon son propre aveu, par son passage dans la Légion étrangère.« Finalement, un coup d’État exauça mes prières ». À Phnom Penh, escale cambodgienne du majestueux Mékong, un prince est destitué, entraînant la jeune République Khmère dans le conflit du Vietnam voisin.Entre 1970 et 1975, c’est dans ces deux pays mutilés, puis au Laos et brièvement en Thaïlande, que Jon Swain est correspondant pour le bureau anglais de l’AFP.Il raconte ces années dans ses mémoires : "River of time".De la rivière du Mékong à l'exode des "boat people", en passant par la présence militaire française, Jon Swain n'oublie rien de ces années de désolation dont il a été un témoin impuissant, mais précieux.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~1970. Jon Swain a vingt-deux ans. Il couvre la guerre du Vietnam et est l’un des rares journalistes présents à Phnom Penh (Cambodge, 1975) quand la ville tombe aux mains des Khmers rouges. Capturé, il échappe de peu à l’exécution grâce à l’interprète cambodgien du New York Times, Dith Pran.Au Cambodge, on jouait le premier acte d’une tragédie qui durera dix ans.Lon Nol venait de réussir son coup d’État contre Norodom Sihanouk et dans le pays, outre la présence des troupes « Viet-Cong » (le Front National de Libération du Sud-Vietnam), se mettait en place une effroyable guerre civile.Les Khmers Rouges (mouvement politique et militaire communiste radical d'inspiration maoïste, qui dirigera le Cambodge de 1975 à 1979) s’organisaient dans les maquis et les attentats se multipliaient en ville.L’auteur retranscrit cette tragédie humaine avec d’autant plus d’émotion qu’il était parfois sorti de son rôle de journaliste, comme lorsqu’il voulut transporter vers l’hôpital une petite fille blessée après un attentat à la grenade contre le cinéma Khemara de Phnom Penh.Les pays de l’ex-Indochine gardaient encore un certain "romantisme" lié à l’imaginaire colonial. Jon Swain le résume d’ailleurs en une formule amusante. Adolescent, il pensait que l’attrait supérieur du colonialisme français en comparaison du colonialisme britannique se résumait en trois « B » : bars, boulevards et bordels (p.25). Bien sûr, la formule est simpliste et il le reconnaît volontiers, mais bordels et fumeries d’opium formaient effectivement une partie du décor.Vietnam, Cambodge et Laos étaient indépendants, mais il restait des traces des Français. Celles-ci s’effaçaient petit à petit et Jon Swain, en aventurier et en poète à la fois, avait su percevoir la beauté qu’il y avait dans la décadence des deux villes où il vécut entre 1970 et 1975, Phnom Penh et Saïgon.Quant au reportage de guerre, Jon Swain ne faisait pas les choses à moitié. Doué d’un courage physique impressionnant, il a souvent travaillé dans des zones de combat où il risquait d’être abattu, comme ce fut le cas de nombre de ses confrères. Deux passages particulièrement révélateurs en la matière sont à retenir :Le premier est une remontée du Mékong en 1974 sur un vieux rafiot, le Bonanza Three, depuis Saïgon, avec pour but de ravitailler Phnom Penh en riz. C’était probablement à l’époque l’itinéraire fluvial le plus dangereux du monde.Le second passage est une évocation de la vie et des combats des soldats de l’Armée de la République du Vietnam (ARVN), après 1973, du côté de Pleïku, dans les hauts plateaux du centre du Vietnam. C’était-là un angle rare : les journalistes occidentaux couvraient le plus souvent les combats des troupes américaines et, s’ils accompagnaient parfois les Sud-Vietnamiens, très rares sont ceux qui l’ont fait après les accords de Paris. En faisant le portrait d’un soldat de l’ARVN tué au front, Pham Van Nu, Jon Swain rend aussi hommage à ceux qui sont aujourd’hui les grands oubliés de ce conflit.En avril 1975, les Khmers rouges sont aux portes de Phnom Penh. Jon Swain, sans réussir à s’expliquer son choix, décide de retourner dans cette ville par le dernier avion au décollage de Bangkok. Le chapitre qu’il consacre à la chute de Phnom Penh est bouleversant. D’abord, en raison de son histoire personnelle : kidnappé en compagnie de Sydney Schanberg, le correspondant du New York Times, il n’aura la vie sauve que grâce à Dith Pran, l’interprète et fixeur (guide-interprète) de ce dernier. Mais les deux journalistes ne pourront lui rendre la faveur. Ils ne parviendront pas à l’aider à s’échapper et Pran connaîtra l’enfer des camps de travail des Khmers Rouges pendant plus de trois ans.Comme l’indique la quatrième de couverture du livre, c’est cette histoire qui a inspiré le film La Déchirure de Roland Joffé en 1984. (lien ci-dessous).|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||Hommage éternel aux nombreux journalistes et photographes tombés là-bas, mais aussi à ces personnages métissés par l’Occident qui animent l’ancienne “perle de l’Asie”.Témoignage rare sur ce conflit.Documentaire Cambodge, année zéro / Pilger-Munro (journalistes) :lien extrait film :On apprend la mort du tortionnaire khmer rouge Douch ....complément au livre présenté :❤❤❤
Belles lectures !Meurtres pour rédemption de Karine Giebel
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
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Aperçu :
Karine GIÉBEL :est une auteure française de romans policiers, née le 4 juin 1971 à La Seyne-sur-Mer.oeuvres principales :Meurtres pour rédemption
Les Morsures de l'ombre
Juste une ombre
Purgatoire des innocentsToutes blessent la dernière tue (2019), (inscrit sur la liste attente Melun)En huit romans, souvent primés, elle s'est fait une place à part dans le thriller psychologique. Ses romans sont traduits en 9 langues.4ème de couverture :Marianne, vingt ans. Les miradors comme unique perspective, les barreaux pour seul horizon. Perpétuité pour cette meurtrière. Une vie entière à écouter les grilles s'ouvrir puis se refermer. Indomptable, incapable de maîtriser la violence qui est en elle, Marianne refuse de se soumettre, de se laisser briser par l'univers carcéral sans pitié où elle affronte la haine, les coups, les humiliations. Aucun espoir de fuir cet enfer. Ou seulement dans ses rêves les plus fous. Elle qui s'évade parfois, grâce à la drogue, aux livres, au bruit des trains. Grâce à l'amitié et à la passion qui l'atteignent en plein cœur de l'enfermement.Pourtant, un jour, l'inimaginable se produit. Une porte s'ouvre. On lui propose une libération... conditionnelle. " La liberté Marianne, tu dois en rêver chaque jour, chaque minute, non ? "Oui. Mais le prix à payer est terrifiant. Pour elle qui n'aspire qu'à la rédemption...&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Se déroulant en milieu carcéral, ce roman interroge le lecteur sur les notions de liberté et d’emprisonnement, surtout avec la dimension de perpétuité dont est écrouée Marianne.Karine Giebel réussit avec brio à nous faire ressentir l’enfermement, à la fois physique et privateur, mais surtout psychologique. Les barbelés du remord sont parfois plus fort que les murs.Sous une plume magistrale, l’auteur nous fait passer ces sentiments douloureux et nous interroge aussi sur les notions de justice, sur l’horreur du milieu carcéral et sur les notions de bien et de mal.L’écriture se fait tantôt riche et poétique, d’un lyrisme flamboyant lorsque Marianne rêve de liberté, tantôt acérée, glaciale et morcelée lorsque sa rage prend le dessus. Chaque mot prend une dimension impressionnante et rend le texte aussi beau et poignant que destructeur et brutal.Ce livre est un petit bijou d’écriture.....EXTRAITS :- « Maintenant tu peux chialer. Personne ne te verra, personne ne t’entendra. Tu peux gémir sur ton sort. Sur ta connerie et tout le reste. C’est toujours de ma faute. Toujours. J’ai toujours tout fait de travers. Toujours détruit. Pourquoi j’ai torturé ce vieux? Pourquoi j’ai tiré sur ces flics? Pourquoi j’ai défiguré une gardienne? Pourquoi? Je suis quoi? »- « Tous les soirs se ressemblent, les nuits aussi. Et les jours, c’est pareil. A quoi se raccrocher, alors? Aux repères, ceux qui rythment le temps, évitant qu’il ne devienne une hideuse masse informe. S’y cramponner, comme à des arbres au milieu d’une plaine infinie, à des voix au coeur du silence. A chaque heure, quelque chose de précis. Gestes, odeurs ou sons. Et, au-delà des murs, le train. Décibels de liberté venant briser l’aphasique solitude. Celle-là même qui vous dévore lentement, morceau après morceau. Qui vous aspire sans heurt vers les abîmes du désespoir.»- " - Si tu te tiens à carreau, tu finiras par sortir, assura la surveillante.- Tu parles ! J'aurai soixante piges et plus un cheveu sur le crâne... Ça sera en...2045... Putain ! On dirait un truc de science-fiction ! 2045..."- "- On peut aller en promenade? J'ai besoin de prendre l'air...- Arrête, tu sais bien que ce n'est pas l'heure. Tu ouvriras ta fenêtre, voilà tout!
- Mais il y a des barreaux!
- Les barreaux n'empêchent pas l'air de rentrer que je sache! Allez, dépêche-toi, je te ramène et je rentre chez moi. Enfin ! Dure journée...
- Toi au moins, t'as pas de barreaux aux fenêtres !
- Si. J'habite au rez-de-chaussée.....&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Comment un petit bout de femme de 45 kg peut-elle faire tant de ravage ? Quel est son moteur ?L'action change de cap quand on lui propose un marché en échange de sa liberté. Jusqu'où est-elle prête à aller pour l'obtenir ? A quel prix ?&&&&&&&&&&Karine Giébel ne fait pas dans la dentelle. C'est sauvage !!La tension est omniprésente.(Quelques redondances, 200p en moins n'auraient rien gâcher.^^)( Pourra paraître "too much" à certains : vraisemblance/cruauté !)❤❤Belles lectures !De pierre et d'os de Bérengère Cournut
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
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Aperçu :B. Cournut :née en 1979, est correctrice dans la presse / l’édition... et écrivaine.
Un temps secrétaire du traducteur Pierre Leyris, dont elle accompagne les œuvres posthumes chez l’éditeur José Corti (Pour mémoire, 2002 ; La Chambre du traducteur, 2007), elle publie son premier roman, "L’Écorcobaliseur", en 2008.autres titres :Par-delà nos corps, Née contente à Oraibi, Palabres....4ème de couverture :Deux ans après son roman Née contente à Oraibi, qui faisait découvrir la culture des indiens Hopis, Bérengère Cournut poursuit sa recherche d’une vision alternative du monde avec un roman qui nous amène cette fois-ci dans le monde inuit. Empreint à la fois de douceur, d’écologie et de spiritualité, De pierre et d’os nous plonge dans le destin solaire d’une jeune femme eskimo.Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d’une quête qui, au-delà des vastitudes de l’espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.
Édition augmentée d'un cahier de photographies.(comme toujours, aux éditions du Tripode, couvertures très esthétiques, rabats, détails de pagination, qualité du papier....du beau livre ....)NOTE LIMINAIRE :
Les Inuit sont les descendants d’un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l’Arctique depuis un millier d’années. Jusqu’à très récemment, ils n’avaient d’autres ressources à leur survie que les animaux qu’ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit. Ils partagent leur territoire immense avec nombre d’animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L’eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le vent entre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. Pour toutes les occasions, ils ont des chants, qu’accompagne parfois le battement des tambours chamaniques.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Une nuit, la jeune Uqsuralik est séparée de sa famille par une faille dans la banquise qui emporte les siens, et se retrouve démunie et isolée dans l’immensité neigeuse, une dent d’ours autour du cou en guise d’amulette, sans autres ressources que le manche d’un harpon, une peau d’ours et un couteau. Consciente que seule, elle n’a aucune chance de survie, Uqsuralik se résout à partir. Commence alors une épopée polaire au cours de laquelle elle endure la faim, le froid, l’agressivité des chiens affamés dont elle doit aussi se protéger. Quand, à moitié morte, elle rencontre enfin un clan, elle est sauvée, et gagne bientôt le respect de tous en contribuant à la chasse et à la vie quotidienne de la communauté. Mais notre héroïne n’est pas au bout de son destin…L’auteure nous offre une véritable plongée dans la culture inuite : relations entre les membres des familles qui vivent au rythme des saisons en suivant le gibier, cérémonies de chasse, fêtes communautaires, jeux et chants récitatifs.Pour écrire De pierre et d’os, elle a travaillé sur les fonds Jean Malaurie et Paul-Émile Victor du Muséum national d’histoire naturelle, et a fait relire son livre par des anthropologues.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&EXTRAITS :- "Nous allons loin parfois. Au-delà de la baie, au pied des icebergs qui passent au large. Ces géants de glace sont comme des montagnes posées sur l'eau. Aux heures où le soleil monte dans le ciel, ils sont éblouissants, on ne peut pas les regarder sans se blesser les yeux. Ils parlent une langue étrange - de succion, d'écoulements et de craquements. Ils sont plus imprévisibles encore que la banquise."- "En attendant, chacun cherche à animer du mieux qu'il peut les veillées de la grande maison. Les hommes se livrent à des récits de chasse épique et précis. Leurs mains se font dos d'ours et pattes de renard. Ils miment la marche lente du gibier qui est venu à leur rencontre et la façon dont ils ont mené leur traque.Une vieille raconte aussi le grand voyage qu'ont fait ses parents bien avant sa naissance, les périls qu'ils ont enduré en traversant les glaces. Il paraît qu'à une époque retirée, on pouvait rejoindre en hiver une île lointaine où le gibier abonde. depuis, les courants ont changé, et il n'est plus possible de s'y rendre en traîneau. Ainsi se meut notre territoire dans une grande respiration qui nous entraîne."
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Beautés des paysages, âpreté de ces territoires de neige et de glace : ce récit n'est pas situé dans le temps (pas contemporain il me semble) .....régions de l'ours polaire....Alaska, Groenland...Personnages à l’énergie et à la force vitale fabuleuses.Conte initiatique ethnologique à forte imprégnation de chamanisme, agrémenté de chants dans lesquels s'expriment hommes et espritsDe pierre et d’os raconte également le silence......❤❤Belles lectures !La terre qui penche de Carole Martinez
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
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aperçu :Carole MARTINEZ :née le 10 novembre 1966 à Créhange, est une romancière française.Elle est professeur de français pendant plusieurs années et se lance finalement dans l'écriture en 2005.autres romans qui ont reçu de nombreux prix :° Le Cœur cousu (2007)° Du domaine des Murmures (2011)Son dernier ouvrage : Les roses fauves.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&4ème de couverture :Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort ! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas."Vieille âme" et "petite fille" partagent la même tombe et leurs récits alternent." À tes côtés, je m’émerveille.
Blottie dans mon ombre, tu partages ma couche.
Tu dors, ô mon enfance,
Et, pour l’éternité, dans la tombe, je veille.Nous sommes mortes à 12 ans et , depuis, j'ai vieilli, infiniment, à regarder le monde sans en être."
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve...
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&C’est au 14è siècle, à la fin de la Guerre de Cent ans, que vit Blanche sur cette "terre qui penche" (région entre Dole et Pontarlier, rivière La Loue, rivière féérique adorée et crainte à la fois, Jura).Enfin....., qu’elle vivait plutôt car, comme nous finirons assez vite par le comprendre, c’est une enfant morte à douze ans, devenue une âme errante à l’insondable vieillesse qui nous conte, à distance, la vie et l’expérience d’une jeune fille, celle qu’elle fut avant d’être l’une de ces victimes des innombrables fléaux de son temps : un roman à deux voix, presque un dialogue mais pas tout à fait, entre la jeune Blanche et La Vieille Âme qu’elle est devenue.
Blanche ne rêve que de savoir lire et écrire.Un plaisir dont la prive un père autoritaire et brutal au prétexte que ces activités corrompent l’esprit faible d’une femme. Un père aux pouvoirs infinis depuis que la mère de Blanche a mystérieusement disparu. Un père qui n’a de cesse de tromper sa rage de la perte d’une épouse adorée en exerçant sans relâche son droit de cuissage sur sa domesticité sous les yeux de sa fille, sans vergogne ni retenue.
Aussi, lorsque celui-ci emmène Blanche, sans la moindre explication, au Domaine des murmures, après l’avoir revêtue de ses plus beaux atours, elle qui jusqu’ici n’eut droit qu’à des hardes, la jeune fille tente de comprendre ce qu’on attend d’elle.....&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&EXTRAITS :- "Être père n'est pas une affaire naturelle. Je ne me souviens pas vraiment du mien, il était une grande figure absente, un mythe construit par la parole de ma mère et par celle de ses gens, mon père était un modèle, un nom, un château, une terre, de grandes batailles, mon père contenait son père et le père de son père, mon père était l'incarnation d'une lignée que j'ai appris à respecter, à vénérer. J'ai songé alors que, depuis des générations, les hommes de ma maison devenaient pères en observant, en construisant ou en renversant leur propre père, pas en se penchant sur leurs enfants."- "Les enfants étaient rares en ce monde.Ils étaient si petits lors du premier passage de la Male Mort, presque dix ans plus tôt, qu'elle n'en avait fait qu'une bouchée...
C'est alors que, pour lutter contre le vide, les femmes se sont remises à l'ouvrage. Elles ont travaillé à repeupler la terre. Leurs ventres se sont enflés de petits...
Les femmes ont engendré de la jeunesse à foison pour résister à leur grande peine, pour ravauder leurs coeurs."- "Si je me souviens de ma vie charnelle, c’est grâce à toi mon enfance. Ton sommeil nous protège de l’oubli.
Je me souviens, car tu as gardé ta vie intacte dans ta mémoire de petite fille et que tu la parcours, à voix haute, tandis que tu dors. Alors, tout contre toi, moi, « la vieillarde », j’écoute mon enfance causer. Je t'écoute conjuguer jadis au présent et je m’émerveille."&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Carole Martinez confère à ce récit moyenâgeux une réelle magie, alliant la saveur d'un langage d'époque à une réelle poésie de l'image et du style ; elle manie une très belle langue française !Grande conteuse !!❤❤❤Belles lectures !La serpe de Philippe Jaenada
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
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Ph.JAENADA :né en 1964 à St Germain en Laye.Après sept romans tirés de sa propre existence, Philippe Jaenada reçoit le prix Femina pour La Serpe (Julliard) en 2017.Pour la troisième fois, (après "Sulak" (2013), et "La Petite femelle") (2015), il s'empare d'un fait divers, enfile le vêtement de détective et part à "la conquête des petites choses qui dérapent, des détails qui interpellent".4ème de couverture :Un matin d’octobre 1941, dans un château sinistre au fin fond du Périgord, Henri Girard appelle au secours : dans la nuit, son père, sa tante et la bonne ont été massacrés à coups de serpe. Il est le seul survivant. Toutes les portes étaient fermées, aucune effraction n’est constatée.Au terme d’un procès retentissant, pourtant soupçonné, il est acquitté et l’enquête abandonnée, alors que l’opinion publique reste convaincue de sa culpabilité,Henri Girard s’exile au Vénézuela.Il rentre en France en 1950 avec le manuscrit du "Salaire de la peur", écrit sous le pseudonyme de Georges Arnaud. ( =>en 1953, film avec Vanel et Montand)&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Quand l'écrivain endosse le rôle de détective.....Un fait divers aussi diabolique, un personnage aussi ambigu qu’Henri Girard ne pouvaient laisser Philippe Jaenada indifférent.Enfilant le costume de l’inspecteur amateur, il s’est plongé dans les archives, a reconstitué l’enquête et déniché les indices les plus ténus pour nous livrer ce récit haletant dont l’issue pourrait bien résoudre une énigme vieille de soixante-quinze ans...La serpe raconte donc l'histoire d'un triple meurtre qui a eu lieu en octobre 1941 dans le château d'Escoire, en Dordogne, au coeur du Périgord.
Georges Girard, sa soeur Amélie, et Louise la bonne, sont découverts sauvagement assassinés à coups de serpe.
Le seul survivant Henry, le fils de Georges, est tout de suite inculpé car tout l'accuse...
De plus, il était le seul héritier des deux victimes et, manque de chance ou préméditation, il venait d'emprunter deux jours avant, l'arme du crime, et avait obligé son père à venir les rejoindre au château, alors qu'il n'avait pas l'intention d'y venir.
Aucune porte n'a été fracturée et les témoignages ne concordent pas.
Alors que tout le monde le pense coupable, il sera pourtant acquitté lors de son procès aux assises, en 1943, après 19 mois d'emprisonnement dans les conditions terribles de l'époque…
Maurice Garçon, son avocat, un ami de son père, a fait une plaidoirie remarquable et les jurés, convaincus de son innocence, ont à peine pris le temps de délibérer...
Henry Girard est libre, certes, mais il sera poursuivi toute sa vie par cette accusation et ne se remettra jamais de la perte de ses proches.&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&La première partie du roman est consacrée à la vie d'Henri Girard avant et après les meurtres, un homme à la vie très atypique et passionnante.Ensuite l'auteur a trop tendance à s'étendre sur d'autres sujets, alors le livre perd un peu en dynamique......Le lecteur découvre alors, dans la seconde moitié du roman, que beaucoup de pistes n'ont pas été poursuivies, que de nombreux témoins de l'affection qu'Henri portait à ses proches n'ont jamais été convoqués au procès, que la scène de crime, elle-même, n'a pas été étudiée de près comme elle aurait dû l'être…et même que certains faits relevés par les brigadiers, arrivés les premiers sur les lieux le jour du crime, ont carrément été contestés par les plus hauts gradés......&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&- Nombreuses digressions voire bavardages... certes intéressants, souvent comiques, mais......- Placements de produits !- Auto-promotion pour ses précédents livres !Mais un travail d'enquête de l'auteur qui est impressionnant de recherches, de documentations et d'analyses.Un travail titanesque et une enquête hors pair.❤❤Belles lectures !Sérotonine de Michel Houellebecq
- Par isabelle_aubry
- Le 30/10/2020
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M.Houellebecq :né le 26 février 1956 à Saint-Pierre (La Réunion), est un écrivain, poète et essayiste français.Écrivain et personnage clivant, je n'entre pas dans les détails de sa vie et de ses écrits => cf. wikipedia, par exemple, pour une approche plutôt exhaustive....autres écrits :° Extension du domaine de la lutte (1994)° Les Particules élémentaires (1998)
° Plateforme (2001)
° La Possibilité d'une île (2005)
° La Carte et le Territoire (2010)
° Soumission (2015)
&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&4ème de couverture :« Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l'amour » écrivait récemment Michel Houellebecq.Le narrateur de Sérotonine approuverait sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie d'ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur (un inoubliable personnage de roman, son double inversé), l'échec des idéaux de leur jeunesse, l'espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue.Ce roman sur les ravages d'un monde sans bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi un roman sur le remords et le regret."&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Petit à-côté médical et diététique^^Le naufrage des civilisations de Amin MAALOUF (332p, 2019)
- Par isabelle_aubry
- Le 22/08/2020
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Je viens de terminer ce livre de la bibliothèque de Villeneuve le Comte.Pour les personnes absentes et celles de l'autre séance, aperçu :Amin MAALOUF :né le 25 février 1949 à Beyrouth, est un écrivain franco-libanais. Il a notamment reçu le Prix Goncourt en 1993 pour Le Rocher de Tanios, et a été élu à l’Académie française en 2011.bien connu au club, je vous renvoie aux différents titres de cet auteur dont nous avons lus romans ou essais....Le naufrage des civilisations est un essai.4ème de couverture :Il faut prêter attention aux analyses d'Amin Maalouf : ses intuitions se révèlent des prédictions, tant il semble avoir la prescience des grands sujets avant qu'ils n'affleurent à la conscience universelle.Il s'inquiétait, il y a vingt ans, de la montée des Identités meurtrières ; il y a dix ans du Dérèglement du monde.Il est aujourd'hui convaincu que nous arrivons au seuil d'un naufrage global, qui affecte toutes les aires de civilisation.L'Amérique, bien qu'elle demeure l'unique superpuissance, est en train de perdre toute crédibilité morale.L'Europe, qui offrait à ses peuples comme au reste de l'humanité le projet le plus ambitieux et le plus réconfortant de notre époque, est en train de se disloquer.Le monde arabo-musulman est enfoncé dans une crise profonde qui plonge ses populations dans le désespoir, et qui a des répercussions calamiteuses sur l'ensemble de la planète.« Je demeure convaincu [...] que si le Levant pluriel avait pu survivre et prospérer et s'épanouir, l'humanité dans son ensemble, toutes civilisations confondues, aurait su éviter la dérive que nous observons de nos jours. C'est à partir de ma terre natale que les ténèbres ont commencé à se répandre sur le monde. »De grandes nations « émergentes » ou « renaissantes », telles la Chine, l'Inde ou la Russie, font irruption sur la scène mondiale dans une atmosphère délétère où règne le chacun-pour-soi et la loi du plus fort. Une nouvelle course aux armements paraît inéluctable. Sans compter les graves menaces (climat, environnement, santé) qui pèsent sur la planète et auxquelles on ne pourrait faire face que par une solidarité globale qui nous fait précisément défaut. Depuis plus d'un demi-siècle, l'auteur observe le monde, et le parcours. Il était à Saigon à la fin de la guerre du Vietnam, à Téhéran lors de l'avènement de la République islamique.Dans ce livre puissant et ample, il fait oeuvre à la fois de spectateur engagé et de penseur, mêlant récits et réflexions, racontant parfois des événements majeurs dont il s'est trouvé être l'un des rares témoins oculaires, puis s'élevant en historien au-dessus de sa propre expérience afin de nous expliquer par quelles dérives successives l'humanité est passée pour se retrouver ainsi au seuil du naufrage.######################EXTRAITS :« Je ne doute pas qu'il se trouve, sous tous les cieux, d'innombrables personnes de bonne volonté qui veulent sincèrement comprendre l'Autre, coexister avec lui, en surmontant leurs préjugés et leurs craintes. Ce qu'on ne rencontre presque jamais, en revanche, et que je n'ai connu moi-même que dans la cité levantine où je suis né, c'est ce côtoiement permanent et intime entre des populations chrétiennes ou juives imprégnées de civilisation arabe, et des populations musulmanes résolument tournées vers l'Occident, sa culture, son mode de vie, ses valeurs.
Cette variété si rare de coexistence entre les religions et entre les cultures était le fruit d'une sagesse instinctive et pragmatique plutôt que d'une doctrine universaliste explicite. Mais je suis persuadé qu'elle aurait mérité d'avoir un grand rayonnement. Il m'arrive même de penser qu'elle aurait pu agir comme un antidote aux poisons de ce siècle. » (p. 78)
« Je me suis souvent demandé s'il n'y avait pas eu, dans l'histoire du communisme, dès l'origine, un énorme sous-entendu, partagé de manière consciente ou inconsciente par les fondateurs, par les adeptes, comme par les détracteurs, et qu'on pourrait formuler comme suit : ce n'est pas seulement aux prolétaires que Marx a promis, en quelque sorte, le salut, mais également aux minoritaires, à tous ceux qui ne pouvaient s'identifier pleinement à la nation qui était censée être la leur. C'est ainsi, en tout cas, que beaucoup de gens ont compris son message. » (p. 98)
« Désormais, c'est le conservatisme qui se proclamerait révolutionnaire, tandis que les tenants du "progressisme" et de la gauche n'auraient plus d'autre but que la conservation des acquis. » (p. 170)
« J'ai dit que les régimes communistes avaient déconsidéré pour longtemps les idées universelles qu'ils étaient censés promouvoir. Je me dois d'ajouter que les puissances occidentales ont, elles aussi, abondamment discrédité leurs propres valeurs. Non parce qu'elles ont combattu avec acharnement leurs adversaires marxistes ou tiers-mondistes – cela, on pourrait difficilement le leur reprocher ; mais parce qu'elles ont instrumentalisé avec cynisme les principes universels les plus nobles, au service de leurs ambitions et de leurs avidités ; et, plus que cela encore, parce qu'elles se sont constamment alliées, particulièrement dans le monde arabe, aux forces les plus rétrogrades, les plus obscurantistes, celles-là mêmes qui allaient un jour leur déclarer la plus pernicieuse des guerres.
Le spectacle affligeant que la planète présente en ce siècle est le produit de toutes ces faillites morales, et de toutes ces trahisons. » (p. 206-207)
« Un monde apeuré, où la surveillance quotidienne de nos faits et gestes serait dictée par notre désir réel et légitime d'être protégés à chaque instant, n'est-il pas, finalement, plus inquiétant encore qu'un monde où cette surveillance serait imposée de force par un tyran paranoïaque et mégalomane ? » (p. 308)
Son passage à la grande Librairie :pour lire un long extrait :########################à lire et relire ....Si vous voulez comprendre comment le Moyen Orient a basculé dans ces successions de conflits qui imprègnent malgré nous notre quotidien et qui expliquent en partie nos interrogations et nos méfiances d'aujourd'hui....❤❤❤Belles lectures !Jérôme de Jean-Pierre Martinet
- Par isabelle_aubry
- Le 13/07/2020
- Dans Livre
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Un livre de la bibliothèque de Melun :
Jean-Pierre MARTINET :
né à Libourne (Gironde) le 12 décembre 1944 et mort dans la même ville le 18 janvier 1993, à 48 ans, est un écrivain français.
Il est l'auteur de romans et de nouvelles caractérisés par une noirceur absolue et un profond pessimisme.Écrits à la fin des Trente Glorieuses, ses romans présentent la face cachée du miracle économique, l'avachissement moral et les névroses d'un petit peuple déboussolé et désespéré par les mutations de la société.
Depuis des années, ce livre était devenu introuvable et on ne parlait plus qu'à voix basse de ce livre monstre, de ce livre dans lequel Martinet rend hommage à ses maîtres, Dostoïevski, Joyce, Gombrowicz ou Céline.
Dans sa propre notice biographique, il avait noté :
« Parti de rien, Martinet a accompli une trajectoire exemplaire : il est arrivé nulle part ».
Redécouvert et réédité depuis 2006, Jean-Pierre Martinet, est l'objet de mémoires universitaires en France et en Suisse.
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"Jérôme" est un livre monstrueux dans tous les sens du terme : un énorme pavé sans paragraphe écrit en police 6, déjà ça impressionne ; mais quand en plus il est question de parler là-dedans de la folie, de l'horreur d'être en vie, de l'échec du langage et de la déviance psycho-sexuelle, on se rend compte qu'on a affaire à du costaud. En gros, on prend une bonne respiration au début, et on ne la relâchera qu'à la toute fin, avec l'impression d'avoir été immergé dans un flot intarissable de mots heurtés, de violence et de rythmes infernaux.
D'emblée, le lecteur est immergé dans le flot ininterrompu des pensées de Jérôme, qui nous livre ainsi, avec une volubilité qui suscite assez vite un certain malaise, ses angoisses, les manifestations de sa paranoïa, ses fantasmes, et l'obsession qui hante jour et nuit son cerveau malade, qui a pour nom Paulina Semilionova, adolescente de 15 ans qu'il traque sans répit dans un Paris, "banlieue de St-Petersbourg", devenu tentaculaire et dangereux......
Précisons que Jérôme est quant à lui un grand garçon de 42 ans, de stature plutôt imposante (il pèse 150 kilos pour 1m90), qui vit toujours chez sa "mamame"...
"Jérôme" est un récit à la fois sombre et superbe, glauque et fécond, dont l'aspect burlesque de certaines situations ne parvient pas à alléger l'atmosphère. D'ailleurs, ce n'est pas le but : il sourd de ce roman un désespoir sans fond, un dégoût de la vie qui font de cette lecture une expérience forte mais presque douloureuse.
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Pour qui aurait lu "La conjuration des imbéciles" / J.K. Toole, ...
[À trente ans passés, Ignatius vit encore cloîtré chez sa mère, à La Nouvelle-Orléans. Harassée par ses frasques, celle-ci le somme de trouver du travail. C'est sans compter avec sa silhouette éléphantesque et son arrogance bizarre...
Chef d'œuvre de la littérature américaine, La conjuration des imbéciles offre le génial portrait d'un Don Quichotte yankee inclassable et culte.]
..."Jérôme" c'est un Ignatius Reilly, en PIRE !!
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L'écriture de Jean-Pierre Martinet n'est pas sans évoquer Céline.
La trame du roman, et l'atmosphère qui le baigne, m'ont en revanche fait penser à certains auteurs russes, notamment Gogol, avec son "Journal d'un fou", ou encore Dostoïevski, auquel l'auteur fait référence à de nombreuses reprises.
Ceci dit, le talent de Jean-Pierre Martinet est bel et bien original ; il rend certes hommage, tout au long de ce récit, à quelques-uns des écrivains qu'il admirait, mais lorsque l'on referme "Jérôme", on a la certitude de n'avoir jamais rien lu de semblable.⚠️
EXTRAITS (sobres) :
- (La mère de Jérôme, phénomène en soi également ^^, parle de son fils, dans ces premières lignes....) :
"A cause d’un caoutchouc percé, on donne naissance hu hu. Naissance, c’est-à-dire moisissure, et aussi cet assassin qui grandit dans vos propres entrailles, en donnant des coups de pieds, histoire, déjà, de vous faire mal. Vous dévorant, déjà. Car moi, entre nous, l’amour, c’était pas pour avoir un enfant. Il grandissait en moi, il grandissait, me bouffait, cognait, il s’augmentait de ma propre vie, mais je n’y tenais pas tellement. Ratage intégral : il naît. Trop tard pour le tuer. Vit. Gigote. Tant pis. On ne peut plus. Grandir, eh oui. Sans doute trop forte la pression du foutre sur le caoutchouc. Ou alors, mauvaise qualité. Ça arrive. Alors, à un moment, il faut bien. Voilà. On l’appelle Jérôme Bauche. C’est un genre de malentendu, toute cette histoire, voilà. Il est là. On dit…
C’est un genre d’histoire courant. Je me moquais bien des radotages de mamame. Il y avait bien longtemps que je savais à quel misérable miracle je devais la vie (d’après pas mal de gens, et puis d’après des statistiques, et puis d’après mes lectures, la prison contre les murs de laquelle je me cognais la tête tous les jours, c’était ce qu’on appelle, en général, la vie. Oui, c’est comme ça, qu’on l’appelle, à ce qu’il paraît…)."
- " Il y en a beaucoup comme moi. Enfants, ils ont déjà tout perdu. Adultes, ils ne sont plus que des fantômes. Ils rêvent de se venger, mais bien peu passent aux actes. Le plaisir dans les lits moites, ils finissent par s’y adonner, alors qu’ils voudraient se tuer, ou, dans le meilleur des cas, tuer leurs semblables… Moi, de ces quelques gouttes de foutre qu’un mort a déposées dans le ventre chaud de ma mère, y faisant naître cet abcès dont je suis sorti, monceau d’entrailles à mon tour, j’ai tiré ma haine, froide comme un acier, lucide comme un poignard."
- " Ma vie était peut-être minable, complètement ratée, un désert, mais au moins c’était la mienne, c’était la mienne, oui, avec ses pauvres rêves, avec ses réveils brusques, avec son absence de Polly, c’était la mienne, cent cinquante kilos à chaque seconde de la journée, un lit vide, pas beaucoup d’espace certes, ma vie, je n’avais que celle-là, ces draps sales qui me serviraient peut-être de linceul quand la mort viendrait me chercher, presque rien, une vie dérisoire, une porte battante et pourtant…"
- "Quand je mourrais, je me souviendrais de la vie comme d’une méduse d’une taille monstrueuse que l’on effleure avec dégoût, parce qu’il faut bien, et moi aussi je me sentais comme ça, fuyant, visqueux, comme les autres, pas épargné par le désastre universel, oh non, mais flasque, si flasque, avec ma peau flasque, mes paroles flasques, mes histoires vaseuses, la flaccidité de mes pensées, et le dégoût de moi-même, au fond, tout au fond, ces flatulences qui jamais ne parvenaient à l’air libre et m’asphyxiaient lentement. Je me sentais gluant et sombre, comme si le monde dans lequel on m’avait plongé de force, à ma naissance, avait fini par devenir ma propre substance, à force."
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"Certains livres ont le mérite non seulement de remettre les pendules à l’heure mais d’en arracher les aiguilles pour les planter dans notre nuque comme deux nécessaires banderilles. […] Jérôme est un livre aux mille douleurs, aux mille splendeurs, un livre-lave, dont la puissante ivresse brûle de vie."
(Claro, Le Monde.)~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Entre détracteurs enragés et admirateurs fascinés, Jérôme est de ces romans qui interdisent la modération......
Ce livre questionne : Martinet, écrivain génial à l'imagination telle qu'il peut se glisser dans la peau d'un névrotique cumulant toutes les névroses imaginables ?
ou névrosé lui-même?, (il est mort à 48 ans, alcoolique) ;
j'en doute, à cause du style et de l'écriture très pointus restituant toute la névrose de son personnage, Jérôme.
Martinet, sujet de thèse, ex. : http://www.theses.fr/s220435
Kim Jiyoung, née en 1982
- Par isabelle_aubry
- Le 07/06/2020
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Kim Jiyoung, née en 1982 de Cho Nam-Joo
Aperçu : Cho Nam-Joo est née en 1978 en Corée du Sud. Scénariste pour la télévision, « Kim Jiyoung, née en 1982 » est son premier roman et il a été adapté en film.
4ème de couverture :
Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affublée d'un prénom commun - le plus donné en Corée du Sud en 1982, l'année de sa naissance. Elle vit à Séoul avec son mari, de trois ans son aîné, et leur petite fille. Elle a un travail qu'elle aime mais qu'il lui faut quitter pour élever son enfant. Et puis, un jour, elle commence à parler avec la voix d'autres femmes. Que peut-il bien lui être arrivé ?
En six parties, qui correspondent à autant de périodes de la vie de son personnage, d'une écriture précise et cinglante, Cho Nam-Joo livre une photographie de la femme coréenne piégée dans une société contre laquelle elle ne parvient pas à lutter. Mais qu'on ne s'y trompe pas : Kim Jiyoung est bien plus que le miroir de la condition féminine en Corée - elle est le miroir de la condition féminine tout court.Quand un roman est lu partout dans le monde, c’est souvent qu’il parle à tous… Et oui, même en France, ne soyons pas hypocrites, on s’y retrouve ! L’auteur reste le plus possible dans les faits : au lecteur d’ajouter sa réflexion…
Le dernier de Baba Dounia d'Alina Bronski
- Par isabelle_aubry
- Le 13/05/2020
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Livre de la bibliothèque de Melun.
Aperçu :
Alina Bronsky :
Née à Sverdlovsk, Union soviétique, en 1978.
Elle a grandi du côté asiatique de l’Oural et vit depuis l’âge de 13 ans en Allemagne.
Elle est à présent journaliste et vit à Francfort-sur-le-Main.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~"Baba" : (Femme russe) Du russe баба, baba (« vieille femme »).4ème de couverture :Une trentaine d’années après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, les alentours de la centrale désaffectée se repeuplent clandestinement :Baba Dounia, veuve solitaire et décapante, entend bien y vieillir en paix.En dépit des radiations, son temps s’écoule en compagnie d’une chaleureuse hypocondriaque, d’un moribond fantasque et d’un centenaire rêvant de convoler en justes noces....Jusqu’à l’irruption de deux nouveaux résidents, qui va ébranler cette communauté marginale...D’une plume à la fois malicieuse et implacable, Alina Bronsky jette un éclairage captivant sur les tracas de la vie collective, l’expérience du grand âge et les enjeux de l’énergie nucléaire.Le contraste est saisissant entre ce qu'on attendrait d'une telle situation, dramatique au possible, et la manière, pleine de tendresse et d'humour dont la traite l'auteure, sans aucun pathos.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~Les tomates, les roses et les courgettes poussent merveilleusement bien à Tchernovo. C'est l'un des avantages de ce village classé zone morte depuis la catastrophe de Tchernobyl, l'autre étant qu'on peut y vivre en paix entre pestiférés.Personne n'y vient, excepté des experts habillés en cosmonaute avec des appareils qui hurlent "Biiiip". Qu'est-ce que ça peut lui fiche, à Baba Dounia, que le taux de radiation grimpe au plafond, puisque, à plus de 80 ans, sa vie est derrière elle !.Elle n'aime pas la grande ville, trop sale, trop chère pour sa modeste retraite. A Tchernovo, elle a retrouvé sa maison et son jardin.D'accord, elle parle avec le fantôme de son mari et salue celui du coq de sa voisine, sinon elle a l'esprit acéré et l'humour bien pendu.....!!Extraits :- "La vie à Tchernovo est très agréable, mais elle ne convient pas à tout le monde."- "Je suis vieille, plus rien ne peut me contaminer, moi. Et quand bien même, ce ne serait pas la fin du monde."- "Ce que je me demandais, c’est si la région pourra un jour oublier ce qu’on lui a fait subir. Dans cent ou deux cents ans ? Est-ce que les gens vivront ici heureux et insouciants ? Comme avant ?""Petites phrases ici et là..." :° Le ciel bleu pâle s'étend au-dessus du village comme un drap délavé pendu à sécher.° À travers une passoire je verse le bouillon dans une marmite. Il me regarde de tous ses yeux dorés.❤Dans la forêt de Jean Hegland
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
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Aperçu :
Jean HEGLAND : née en novembre 1956 à Pullman dans l'État de Washington, est une écrivaine américaine.
En 1996, elle termine l'écriture de ce premier roman, Into the Forest, qui raconte la relation entre deux sœurs qui doivent apprendre à survivre seules dans une forêt de séquoia près de Redwood City, dans le nord de la Californie. Elle essuie environ vingt-cinq refus d'éditeurs avant que son manuscrit ne soit accepté par Calyx, un petit éditeur féministe...^^ . Le roman obtient alors un succès national puis international. Traduit en français qu'en 2017 !!
Elle a publié deux autres romans restés inédits en français : Windfalls en 2004 et Still Time en 2015.
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4ème de couverture :
Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient.
Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.
Considéré depuis sa sortie comme un véritable choc littéraire aux Etats-Unis, Dans la forêt, roman sensuel et puissant, met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.Traduit de l'américain par Josette Chicheportiche.
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On ne sait pas vraiment ce qui est à l'origine de la situation à laquelle Nell et Eva, les deux jeunes héroïnes doivent faire face (guerre lointaine aux conséquences mondiales ?,virus?, ...? .
Un beau jour, tout s'est arrêté, électricité, communications, possibilités de se déplacer, approvisionnements....
Tout ce qui faisait la civilisation et organisait les modes de vie.
La famille des deux sœurs avait déjà opté pour un mode de vie plus proche de la nature et s'était installée loin de la ville, dans la forêt du nord de la Californie. Mais sans renoncer non plus à la modernité.
Nell et Eva perdent d'abord leur mère, gravement malade. Puis leur père, victime d'un terrible accident.
Seules, elles vont devoir apprendre à survivre et pourquoi pas à s'inventer une nouvelle vie minimaliste. Et pour cela, apprivoiser cette forêt dont elles ignorent tout malgré sa proximité.
Ce qui était simple : se nourrir, se déplacer, se chauffer, se protéger... devient un casse-tête. Se résigner à ce que la vie ne soit plus jamais pareille est un long processus qui passe par différentes étapes plus ou moins douloureuses. Assumer l'isolement, le tête à tête permanent avec une seule et même personne, fut elle sa sœur n'est pas non plus très évident.
Nell, la narratrice et également la plus jeune des sœurs est la première chercher d'autres voies...
Pour cela elle se plonge dans les livres qui garnissent les pièces de la maison et dans lesquels elle va trouver des ressources pour explorer les pistes de survie que la nature lui offre.
Remonter aux origines. Retrouver les savoirs des peuples primitifs. Faire corps avec cet environnement, la terre, la forêt dont les richesses sont offertes à qui veut bien les voir.
Voilà un roman d'anticipation engagé qui invite à la réflexion tout en offrant un beau plaisir de lecture !
"Bien sûr ce genre de choses arrive tout le temps. J'ai suffisamment étudié l'histoire pour le comprendre. Les civilisations périclitent, les sociétés s'effondrent et de petites poches de gens demeurent, rescapés et réfugiés, luttant pour trouver à manger, pour se défendre de la famine et des maladies et des maraudeurs tandis que les herbes folles poussent à travers les planchers des palais et que les temples tombent en ruine. Regardez Rome, Babylone, la Crète, l'Egypte, regardez les Incas ou les Indiens d'Amérique. (...) Pensez aux photos des survivants au milieu des décombres. (...) et demandez-vous comment nous avons pu être aussi suffisants".
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Le thème du livre n’a rien perdu de son actualité. Dans la forêt installe le lecteur dans un futur proche et inquiétant. Le roman s’ouvre au crépuscule de notre civilisation....bbbrrrrr !! Huit-clos très efficace !
Jean Hegland, interviewée :
"La Californie est devenue, plus encore qu’hier sans doute, le lieu d’une grande tension entre l’hyper-technologie – les Gafas y ont leur siège – et une nature toujours omniprésente et riche. Ecririez-vous le même livre aujourd’hui?
"Je crois que, maintenant, il serait plus difficile à écrire. Il faudrait prendre en compte le changement climatique qui pèse bien plus qu’il y a un quart de siècle. J’y ai fait quelques allusions évoquant des tempêtes, des incendies, mais la forêt dans laquelle s’enfoncent les deux sœurs est beaucoup plus préservée que celle d’aujourd’hui. Dans ce sens, Dans la forêt serait un livre différent. Puis, bien sûr, nous n’avions pas encore ce monstre à la Maison-Blanche… Mais peut-être aussi que ce livre est plus actuel aujourd’hui qu’hier."~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Into the Forest est une parabole sur la résilience et le courage.
Un film a été adapté de ce roman (dans une version plus contemporaine) : Film
❤❤
Belles lectures !
Le Destin miraculeux d’Edgar Mint de Brady Udall
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
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Livre de la bibliothèque de Melun.
Aperçu :
Brady UDALL : né en 1971, grandit dans la petite ville américaine de Saint Johns, en Arizona, au sein d’une famille nombreuse de Mormons.
Son premier roman, Le Destin miraculeux d’Edgar Mint, paraît en 2001 et le propulse au rang des meilleurs jeunes auteurs américains de sa génération. Son œuvre est comparée à celle de Dickens ou de John Irving.
autres livres :
Lâchons les chiens, (nouvelles), 1998
Le polygame solitaire, 2011 [ Un père, polygame de surcroît, en pleine crise de la quarantaine. Il ne sait plus comment gérer sa famille, ses 4 femmes et ses 28 enfants ni son travail qui l'oblige, lui le prude mormon, à construire une maison de tolérance.]4ème de couverture :
"Si je devais ramener ma vie à un seul fait, voici ce que je dirais : j'avais sept ans quand le facteur m'a roulé sur la tête. Aucun événement n'aura été plus formateur. Mon existence chaotique, tortueuse, mon cerveau malade et ma foi en Dieu, mes empoignades avec les joies et les peines, tout cela, d'une manière ou d'une autre, découle de cet instant où, un matin d'été, la roue arrière gauche de la jeep de la poste a écrasé ma tête d'enfant contre le gravier brûlant de la réserve apache de San Carlos."
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On peut avoir été abandonné par une mère apache et un père blanc, être miraculé d'un terrible accident et partir à la rencontre de sa propre vie avec humour et espoir...
Brady Udall nous le prouve, sans misérabilisme.
Une épopée chaotique et déconcertante sur mille chemins de traverse dans l'Ouest américain.
Edgar Mint pourrait être aux années 2000 ce que Garp fut aux années 80.
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Edgar est un jeune métis issu de la rencontre fortuite d'un apprenti-cowboy et d'une indienne. Enfant non désiré d'un père qui s'est fait la malle et d'une mère alcoolique, il vit dans une réserve indienne jusqu'au jour où, à l'âge de 7 ans, il se fait rouler sur la tête par la voiture du facteur. Emmené dans un état critique à l'hôpital, il s'en sortira avec un crane bosselé et une incapacité à apprendre à écrire avec un stylo. A la sortie de l'hôpital, séparé de sa mère et confié à un oncle, commence pour Edgar et son inséparable machine à écrire une odyssée où il va rencontrer beaucoup d'épreuves.....
Edgar nous dépeint sa vie en 3 grandes parties (récit à la première ou à la troisième personne quand il parle de lui, original...) :
°Les suites de son accident, donc la période hôpital. Truculent !
°Le pensionnat, les sévices, la loi du plus fort, l'amitié. Excellent !.
°Sa famille d'accueil, la vie chez les Mormons. Instructif ! (cf. Une éducation/Westover qui circule toujours parmi nous.)~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
EXTRAITS :
- "Dans le jardin de devant se dressait, squelette calciné, un vieux peuplier frappé par la foudre qui n'offrait pratiquement pas d'ombre jusqu'à ce que ma mère ait pris l'habitude d'accrocher des boîtes de bière aux branches noircies à l'aide de fil de pêche. Les centaines de canettes, auxquelles une bonne douzaine venait chaque jour s'ajouter, tintaient doucement quand la brise se levait, mais elles ne contribuaient guère à donner de la fraîcheur à la maison."
- "Je marchais le dos raide comme un piquet, car Jeffrey m'avait dit un jour que je devais veiller à rester bien droit parce que, sinon, les vis avec lesquelles les médecins m'avaient rafistolé la tête risquaient de se desserrer, en sorte que si je me penchais, le sommet de mon crâne pourrait tomber et mon cerveau se répandre par terre. J'arpentais donc les couloirs ainsi, raide comme la justice, afin d'être sûr que mon cerveau ne se déverse pas sur le sol."
- "Cher Monsieur,
Je m'appelle Edgar Mint. Il y a longtemps, quand vous étiez facteur en Arizona, vous m'avez roulé sur la tête. Je sais que vous vous en voulez pour ça. Je tenais à vous dire que je n'étais pas mort. Même pas trop handicapé. J'ai des crises et un crâne bosselé, mais c'est tout. Et puis, j'ai été dans le coma. Maintenant je vis en Utah dans une famille très gentille. Je ne sais pas où vous êtes, mais j'espère vous retrouver un jour. Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais bien et je ne suis pas mort. J'espère que vous ne vous en voulez plus trop. Tout est pour le mieux.
Votre ami,
Edgar P. Mint
PS.: Je ne peux pas signer parce que mon cerveau a un autre petit problème. Je n'arrive pas à écrire.
Mais ne vous en faites pas pour ça non plus, j'ai une machine à écrire."- "Dès mon premier jour à l’école Willie Sherman (pensionnat pour orphelins), je devais me rendre compte que je n’étais plus Saint-Edgar, l’enfant-miracle, le chouchou de l’hôpital, aimé de tous, mais une véritable cible sur pattes, une poule entourée de renards."
- "Je ressentis un immense soulagement lorsque, le mois de mai fini, tous les pensionnaires, hormis cinq ou six d’entre nous, les « permanents », rentrèrent chez eux pour les vacances. Quel luxe de pouvoir passer trois ou quatre heures par jour devant mon Hermès Jubilé (machine à écrire) ! Je tapais parce que c’était bon, parce que je n’avais rien d’autre à faire, parce que je pensais qu’en les couchant sur le papier, et en définissant l’indéfinissable sous forme de mots, je parviendrais à comprendre un peu mieux les choses. […] Je tapais parce que pour moi, taper, c’était aussi bien que tenir une conversation. Je tapais parce qu’il fallait que je tape. Je tapais parce que j’avais peur de disparaître."
- "J'étais un orphelin et, comme tous les orphelins du monde, je ne désirais rien d'autre qu'un peu d'amour."
- "Quelle est la différence entre un accident et un miracle? La plupart des gens vous répondront que la distinction est facile à établir, mais moi, je n'en suis pas si sûr. J'ai tellement connu l'un et l'autre dans ma vie que je n'arrive pas à faire la différence."
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Petite phrase :
".....c'est tout à fait inhabituel. Dans la région, en général, ou il pleut ou il ne pleut pas. Là, ça ressemble davantage à de l'indécision qu'à de la pluie."
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Une combinaison réussie d'humour, de profondeur et d'humanité.
Les personnages qui traversent cette histoire sont marquants, attachants ou détestables et donnent au livre un cachet inoubliable.
❤❤
Belles lectures !
Le chemin des âmes et les saisons de la solitude de Joseph Boyden
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
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Voici un triptyque de romans dont un troisième titre (en attente d'arrivage)
" Dans le grand cercle du monde" clôt l'ensemble.
Joseph BOYDEN : né en octobre 1966 est un écrivain canadien, de langue anglaise et a des ancêtres Cree (Amérindiens). Son grand-père maternel a été combattant en France durant la Première Guerre mondiale. Son père est un médecin militaire et a été l'un des plus décorés de la Seconde Guerre mondiale.
Ses ouvrages sont consacrés au destin des Premières Nations du nord de l’Ontario.
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I - LE CHEMIN DES ÂMES
(471p, 2006)
1919. Nord de l'Ontario. Niska, une vieille Indienne, attend sur un quai de gare le retour d'Elijah, un soldat qui a survécu à la guerre.
À sa grande surprise, l'homme qui descend du train est son neveu Xavier qu'elle croyait mort, ou plutôt son ombre, méconnaissable.
Pendant trois jours, à bord du canoë qui les ramène chez eux, et tandis que sa tante essaie de le maintenir en vie, Xavier revit les heures sombres de son passé : l'engagement dans l'armée canadienne avec Elijah, son meilleur ami, et l'enfer des champs de bataille en France...~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
“Le chemin des âmes” c’est l’enfer des champs de batailles de Belgique et du nord de la France raconté par un amérindien, Xavier, enrôlé avec son ami d’enfance Elijah dans un bataillon canadien vite embourbé dans les tranchées durant des mois interminables face à l’envahisseur allemand.
"Le blessé gémit toujours ; il bredouille. Je crois qu'il s'est mis à parler une langue secrète ; je crois que déjà, il s'entretient avec l'esprit qui l'emmènera sur le chemin des âmes, celui qu'on met trois jours à parcourir."
“Le chemin des âmes” c’est aussi l’histoire de la tribu Cree en voie d’extinction, racontée par la tante de Xavier ; chamane pour les uns, sorcière pour les autres, c’est elle qui a recueilli Xavier et Elijah encore enfants, qui leur a appris à survivre en milieu hostile au cœur de la forêt.
"La Compagnie de la Baie d’Hudson entretenait chez les Crees une passion féroce pour les fourrures. En conséquence, les bêtes furent presque exterminées et l’heure arriva, pour les gens des bois, où même mes plus aguerris durent affronter un choix difficile : rejoindre les réserves ou se résoudre à mourir de faim."
Les deux gamins ont grandi ensemble, comme des frères, et finissent par s'engager dans l'armée canadienne pour aller combattre sur le front.
Si Elijah s'adapte très vite devenant un tireur d'élite, Xavier ne se sent pas à sa place, mais suit son ami : ils traquent les Allemands, comme ils traquaient le gibier dans la forêt, ce qui les rend très vite indispensables.
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Ce livre est bien plus qu'un récit supplémentaire sur la Première Guerre mondiale.
Un thème moins connu d'abord, celui des ces indiens Cree, partis (3500) avec les Canadiens dans les tranchées en 14-18, "utilisés" pour leurs talents de chasseurs silencieux et de tireurs d'élite (histoire inspirée d'ailleurs de la vie d'Ojibwa Francis Pagahmagabow, héros amérindien de la Première Guerre Mondiale, dont il se dit qu'il aurait tué à lui seul plus de 300 soldats allemands) et parallèlement, l'histoire de ces mêmes indiens qui peu à peu perdent leur mode de vie millénaire pour échouer dans les villes ou dans les réserves.
Critique ActuaLitté : "Après la lecture du chemin des âmes, cette maudite guerre revêt âprement son caractère mondial, se déleste entièrement de la rivalité franco-allemande à laquelle elle est souvent et maladroitement encore réduite, ouvre notre horizon de lecteur français, modifie un peu notre devoir de mémoire. Et c'est très bien."
RARE
❤❤
° à rapprocher de "Frères d'âme" de David Diop qui a circulé parmi nous....
° croisement avec "Il pleuvait des oiseaux"/J.Saucier (pour les incendies décrits dans ce roman)( mail du 03/12/2015)
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II- LES SAISONS DE LA SOLITUDE
(474p, 2009)
Les Saisons de la solitude reprennent la trame de cette oeuvre puissante, entremêlant deux voix et deux destins : Will, (fils de Xavier Bird), un ancien pilote plongé dans le coma après une agression, et Annie, sa nièce, revenue d'un long et pénible voyage afin de veiller sur lui. Dans la communion silencieuse qui les unit, se lisent leurs drames et conflits les plus secrets. Prend alors forme une magnifique fresque, individuelle et familiale, qui nous entraîne de l'immensité sauvage des forêts canadiennes aux gratte-ciel de Manhattan.
Ce roman saisissant, porté par la poésie brute de Joseph Boyden et l'humanité de son regard, a été couronné par le plus grand prix littéraire canadien, le Giller Prize.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Cette fois encore, Boyden s’intéresse à la communauté Cree, indiens de la baie James, au nord du Canada. Alors qu’il explorait l’histoire et la Première Guerre mondiale dans Le chemin des âmes, il renoue ici avec le temps présent.
Avec Les saisons de la solitude, dans une prose poétique et désenchantée, Joseph Boyden donne à voir l’envers du mythe indien et déroule la destinée d’un peuple à la dérive sur un mode binaire : la voix de Will/la voix d’Annie, la jeune génération/les aînés, la tradition/la modernité, le nord /le sud, la froidure/la chaleur, les grands espaces/les villes…
- "Tout le monde prétend qu'il est dangereux d'apprivoiser un animal sauvage. Mais pour qui? Pour l'animal ou pour l'homme?"
- "Quand je suis devenu pilote de la forêt, mon père a été bouleversé comme je ne l'avais jamais vu. Il n'était pas du genre à me dire ce que je devais ou ne devais pas faire. Il appartenait à la vieille école. Il observait avec attention, mais de loin. Construire un askihkan pour s'abriter durant l'hiver. Couper du bois. Poser un collet pour les lapins. Chaque fois que nous étions dans la forêt, je ne le quittais pas des yeux. Il ne donnait son avis que si je le lui demandais. Les souvenirs que j'ai de nous deux, c'est comme regarder un de ces vieux films muets. Le silence, mais un silence qui m'enveloppait comme d'une couverture."
- "Mon père me disait donc que dans la forêt, je devais me consacrer en priorité à trouver de quoi manger, de quoi faire du feu et de quoi me construire un bon abri. Il y avait une chose qu' il ne mentionnait pas : le manque de compagnie.../...Je me surprenais parfois à parler tout seul, ou aux arbres, ou encore à un lapin ou à une truite que j' avais attrapés,..."
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Splendide cantique à la mémoire d’un peuple évanescent.
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III- ["Dans le grand cercle du monde", « préquel » qui remonte dans l'histoire de la famille Bird, et dans celle du Canada, jusqu'au XVIIe siècle, pour mettre en présence trois personnages principaux : un guerrier Huron, une adolescente Iroquoise et un missionnaire jésuite français.]
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Belles lectures !
Le polygame solitaire de Brady Udall
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
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Livre de la bibliothèque de Melun.
Autre roman de cet auteur :
"Le miraculeux destin d'Edgar Mint".
4ème de couverture :
Après Le Destin miraculeux d’Edgar Mint, Brady Udall raconte l’histoire exceptionnelle d’une famille non moins exceptionnelle.
À quarante ans, le très mormon Golden Richards, quatre fois marié et père de vingt-huit enfants, est en pleine crise existentielle.
Son entreprise de bâtiment bat de l’aile, son foyer est une poudrière minée par les rivalités et les menaces d’insurrection.
Rongé par le chagrin depuis la mort de deux de ses enfants, il commence sérieusement à douter de ses qualités de père et de sa capacité à aimer. Golden Richards, tragiquement fidèle à ses idéaux, se sent seul. Mais dans le désert du Nevada, il va découvrir que l’amour est une mine inépuisable.
Porté par une verve aussi féroce qu’originale, Le Polygame solitaire nous parle avec humour du désir et de la perte, de la famille et de l’amour.^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
Brady Udall, qui a grandi dans une famille de mormons, s'est inspiré de son arrière grand-père pour imaginer le personnage de Golden, dont il a fait un héros éminemment sympathique (quoique un peu tête à claques par moments...) Il est touchant parce qu'il est aussi fort physiquement que doux de caractère, et on comprend vite qu'il ne dirige rien dans sa pléthorique famille. Ce sont ses femmes qui font la loi, surtout l'épouse n°1.
Golden, lui, est complètement dépassé, parce que la famille d'un polygame, c'est une famille nombreuse puissance dix. Et la famille Richards est en pleine désintégration entre rivalités féminines et rebellions enfantines.
A la suite d'une "rencontre" dans le désert du Nevada, il va trouver le moyen d'échapper à son quotidien et de mener une double vie....
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EXTRAITS :
- "Golden avait si longtemps tenu son amour en réserve pour le distribuer avec parcimonie, petit bout par petit bout, et en général en secret afin que personne ne soit jaloux. Quand il prenait un enfant dans ses bras ou qu'il lui donnait un chewing-gum, il était obligé de prendre tous les autres dans ses bras et de leur donner à chacun un chewing-gum, même si cela l'obligeait à se rendre un samedi soir à la station-service Shell pour en acheter. Il devait mesurer ses compliments, ses baisers et ses cadeaux quels qu'ils soient. Au fil du temps, il avait appris à adopter en présence de sa famille une attitude de neutralité, une expression impassible afin de ne pas être accusé de favoriser un enfant ou une femme, d'aimer untel plus qu'untel ou d'avoir des chouchous. La moindre attention devait être soigneusement pesée et exécutée avec la précision et l'art d'un voleur de bijoux."
- "Bien que Golden n'ait jamais entendu un membre de l'Église [mormone] aborder la question des préservatifs en tant que tels, le " Fléau du Contrôle des naissances" faisait l'objet de nombreuses conversations. C'était une monstruosité, de l'égoïsme à l'état pur, un péché mortel, une dépravation, la décadence et le chute de la civilisation. Il empoisonnait les sources de la vie, se moquait de Dieu et de Ses Commandements, dont le plus fondamental était de multiplier et de peupler la Terre. Le préservatif, dans son emballage brillant, était donc la personnification du vice universel, l'antithèse de tout ce que représentaient l'Église et ses membres fiers d'être prolifiques."
- "Bien que tout le monde dans la vallée sache que les Richards étaient une famille polygame et qu'il suffise de jeter un coup d’œil sur sa chemise pourrie pour se rendre compte que Rusty était un gamin polyg, on lui avait appris dès son plus jeune âge, de même qu'à ses frères et sœurs, à ne jamais dire qu'ils avaient plus d'une mère et plus de frères et sœurs que des gens normaux ne devraient en avoir. Ils n'étaient pas censés mentir, leur expliquaient parents et professeurs, mais ils n'étaient pas non plus censés dire la vérité. Allez donc vous y retrouver !"
- "Rusty (...) demanda pourquoi il fallait réciter une foutue prière chaque fois qu'on mangeait ou buvait quelque chose, et pourquoi on ne pouvait pas de temps en temps se payer un jus d'orange sans en faire tout un plat ?"
- "Avant de partir, et sans bien qu'il sache pourquoi, Golden déclara [à une de ses quatre femmes] qu'il l'aimait, alors qu'il avait appris à ses dépens de ne jamais le dire à aucune (...) car, comme pour tout le reste, elles ne cessaient de répéter, de comparer et de compter les points."
- "...pour un polygame, mentir se révélait exceptionnellement difficile. Quand on disait un mensonge à une femme, il fallait le répéter aux autres. Et toutes posaient des questions auxquelles on devait répondre avec cohérence et force détails, et dans l'ordre voulu, parce qu'on pouvait être sacrément sûr qu'ensuite, à l'exemple des détectives tenaces d'un feuilleton télévisé enquêtant sur un meurtre sensationnel, elles se réuniraient afin de comparer leurs notes."
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Roman fort plaisant.
Immersion intéressante dans une famille hors du commun, plus "divertissante" (sans être caricaturale) que celle décrite dans "Une éducation" de Westover.
Un petit bijou qui allie l'humour au tragique du quotidien, avec doigté et finesse ; ce n'est jamais vulgaire ni larmoyant et reste tout à fait crédible.
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Le polygame solitaire où le tragique frôle le burlesque.....
« Un sérieux candidat au titre de Grand Roman Américain. » Publishers Weekly
« Le portrait ironique et sympathique d’une famille spectaculairement dysfonctionnelle. » The New York Times❤
M'sieur Victor de Pascal Garnier
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
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Livre de la bibliothèque de Melun.
Aperçu :
Pascal Garnier [1949-2010] (que l'on ne présente plus^^ !), habitué de nos rencontres littéraires.
"J'écris parce que, comme disait Pessoa : " La littérature est bien la preuve que la vie ne suffit pas "".
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4éme de couverture :
Simon vient de s'enfuir de chez lui et débarque en gare de Valence.
A peine est-il arrivé qu'une jeune femme lui demande de surveiller son fils le temps d'acheter des cigarettes. Elle ne revient pas, et le garçon se retrouve seul avec le bébé sur les bras...
A la nuit tombée, désespéré, il s'assied dans un coin de la ville quand surgit un drôle de gaillard, Victor de Montéléger, qui l'invite à passer la nuit chez lui. Brocanteur à ses heures, débordant de vie et de générosité, le bonhomme se prend d'affection pour Simon et l'enfant. Il est prêt à leur venir en aide.Un roman sensible sur les familles de cœur qu'on se crée au hasard de la vie.
Livre classé "jeunesse", un Garnier plus tendre.....
Extraits :
- " - Tu sais, mon gars, si tu as quelque chose à me dire, n'hésite pas. Mais, si tu n'as pas envie, je ne t'en voudrai pas. On a tous une valise à porter, et parfois, quand elle est un peu trop lourde, en s'y mettant à deux, c'est plus facile."
- "Une vague de honte me monte au front. C'est ça le problème, avec les mensonges. Une fois qu'on a commencé, on ne peut plus revenir en arrière, comme emporté par le courant d'un fleuve. Qu'est-ce qui m'a pris de lui raconter que j'étais orphelin ? Maintenant, je me sens aussi coupable que si j'avais tué toute ma famille."
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Écriture simple et agréable de Pascal Garnier pour une histoire belle et optimiste...
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Belles lectures !
Rien n'est noir de Claire Berest
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
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Aperçu :
Claire BEREST : née le 14 juillet 1982 à Paris, est une écrivaine française. Diplômée d'un Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM), elle enseigne quelque temps en ZEP avant de démissionner : en a fait un livre.
"La lutte des classes : Pourquoi j'ai démissionné de l'Éducation nationale" éditions Léo Scheer, 2012.
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Ce livre (roman) nous plonge dans la vie de l'artiste-peintre mexicaine Frida Khalo (1907-1954).
Autoportrait avec Bonito !
Elle eut une vie hors norme : atteinte enfant de la polio, victime à dix-huit ans d'un grave accident de bus qui lui laissa de terribles séquelles, elle se forma elle-même à la peinture, épousa Diego Rivera, peintre mexicain mondialement connu pour ses fresques murales, devint elle-même célèbre pour ses oeuvres uniques.
Personnalité solaire et au tempérament de feu superbement rendue par Claire Berest dans un style d'écriture brillante, toujours colorée, sensuelle, une belle sensibilité à fleur de mots. L'auteur nous fait ressentir tout le mal être de l'artiste mais également ses joies, son honnêteté, sa volonté de vivre au travers de sa peinture et de son histoire d'amour passionnée avec le muraliste Diego Rivera.
Claire Berest nous fait vivre les amours tumultueuses de deux êtres passionnés : cette passion à la fois destructrice et source de création...
Elle nous peint avec précision cet univers d'artistes où toutes les occasions sont bonnes à faire la fête, où les classes en lutte se réconcilient le temps d'une cuite.
"Les fêtes ne se terminent pas, elles se déplacent...."
Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé et ses manières excessives d'inviter la muerte et la vida dans chacun de ses gestes.
Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila, et elle ne voit pas où est le problème.
Elle aime les manifestations politiques (elle est encartée au parti communiste), mettre des fleurs dans les cheveux, parler de sexe crûment, et les fêtes à réveiller les squelettes.
Et elle peint. Frida aime par-dessus tout Diego, le peintre le plus célèbre du Mexique, son "crapaud insatiable", fatal séducteur, qui couvre les murs de fresques gigantesques.
"Tu es en train d’asseoir ta renommée, ton talent s’affermit, et au moment où les gens commencent à s’intéresser à Frida Kahlo, à comprendre que tu es une des artistes les plus importantes de l’époque, toi tu rentres te cacher à Coyoacán, avec tes poupées et tes animaux et tes superstitions au lieu de te jeter dans l’arène, de te battre et de prendre de l’ampleur.– Qu’est-ce que tu veux ? Je ne suis pas toi, Diego, j’ai essayé, mais je ne suis pas toi. Je n’ai pas envie d’être célèbre. Je me fous de l’arène, je me fous de ces pince-fesses de bourgeois, je ne suis pas en train de forger une carrière. Moi, je ne me bats pas, Diego ? Je passe la moitié de ma vie à l’hôpital à me faire charcuter comme si j’étais un bout de viande sur l’étal d’un boucher ! Je ne suis pas malade, je suis brisée ! À Paris, j’ai cru que j’allais mourir. J’ai mal partout, j’ai mal tout le temps. Je ne parviens pas à imaginer ce que c’est que de ne pas ressentir de douleurs dans le dos, dans les mains, dans les jambes, dans le ventre. Je n’ai pas des pieds, j’ai des sabots, on m’a déjà enlevé des orteils, je boite ; dans les cabarets, je ne peux plus que regarder les autres danser. Je ne compte même plus mes fausses couches. Quatre, cinq ou six ? Et tu me dis que je ne me bats pas ? Je vis avec toi depuis dix ans, et tu oses dire que je ne me bats pas."
Chaque titre de chapitre est une nuance de bleu, de rouge, de jaune et de noir. Toute une vie qui s'étale sur une palette !.Une belle lecture et une excellente façon de (re)-découvrir Frida et Diego dans le Mexique des années 30.
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Belles lectures !
Confiteor de Jaume Cabré
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
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Livre de la bibliothèque de Melun.
Aperçu : roman traduit du catalan par E.Raillard.
A propos de l'auteur : Jaume Cabré i Fabré, né le 30 avril 1947 à Barcelone, est un philologue, écrivain et scénariste espagnol d'expression catalane.
Il a combiné pendant de nombreuses années, l'écriture et l'enseignement. Il a également travaillé à l'écriture de scénarios pour la télévision et le cinéma.
Prix Courrier international du meilleur roman étranger, 2013.
A propos du titre :
Confiteor (Deo omnipotenti...) est le titre d'une prière liturgique, commune aux rites latins médiévaux et modernes, commençant par le verbe latin qui signifie : « Je reconnais, j'avoue » ; d'où la traduction liturgique française « Je confesse (à Dieu, tout puissant...) ». Par cette formule, le fidèle se reconnaît pécheur.
C'est du Confiteor romain que vient l'expression courante « Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa » (« c'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute ») que le fidèle dit en se frappant la poitrine.
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Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose.
Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu'au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d'un magasin d'antiquités extorquées sans vergogne.....Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l'abandonne (début d'Alzheimer), Adrià tente de mettre en forme l'histoire familiale, dont un violon d'exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes.
De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l'Inquisition à la dictature espagnole et à l'Allemagne nazie, d'Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l'abjection totale.
Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l'ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu'à l'instant où s'anéantit toute conscience.
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Attention !!!! Monument !!!
Lire Confiteor c'est faire le grand plongeon dans ces presque 800 pages, avec ou sans boussole. Un monument qui a pris huit années à son auteur…
C'est une expérience de lecture exigeante, un poil érudite, perturbante, fascinante, épuisante, réjouissante… Tout cela à la fois.
Et je n'oublie pas "l'humour" dont ce récit ne manque pas ...
Adrià est né de parents qui ne l’aiment pas vraiment mais qui veulent à tout prix en faire un prodige, et celui-ci a toute les dispositions pour, semble-t-il.
Sa mère voudrait en faire un grand du violon, son père a décidé qu’il serait un grand humaniste à même de jongler avec au moins une dizaine de langues.
"Oui, je me suis toujours beaucoup ennuyé, parce que ma maison n’était pas une maison pensée pour les enfants et que ma famille n’était pas une famille pensée pour les enfants."
"-Pourquoi chez les Jésuites ? Tu n'es pas croyant et....
-Enseignement de qualité. Nous devons être efficaces; nous n'avons qu'un fils et nous ne pouvons pas foirer."
Le père, Félix Ardevol, est par ailleurs un collectionneur compulsif, collectionnant les manuscrits originaux, sans trop se questionner sur leur origine. Mais le fleuron de sa collection est un violon. Un violon d’une valeur inestimable, œuvre exceptionnelle de Laurenzo Storioni, jeune luthier de Crémone. Un violon qui dès son origine connaîtra et provoquera des histoires pleines de bruit et de fureur, et, parfois aussi, de musique.
Dans les années qui suivront la mort brutale et inexpliquée du père, Adrià découvrira petit à petit les histoires qui ont conduit le Storioni dans le coffre familial tout en découvrant l’histoire bien trouble de sa famille.Sur le tard, la maladie le talonnant, il est pris par la nécessité d’écrire tout cela, d’urgence avant que celle-ci n’ait fait son œuvre. Cette maladie d’Alzheimer qui à tout moment déstructure le récit, saute d’un lieu à l’autre, d’un siècle à l’autre, d’une situation à une autre, qui fusionne les personnages…
Mais l’effondrement de la classique logique des récits « bien construits » finit par mettre à nu les fils de l’histoire, ses continuités au-delà de toutes les ruptures contingentes ou accidentelles. De l’Inquisition à Auschwitz Birkenau, du monastère de San Pere de Burgal à Barcelone en passant par Crémone, la Hollande, Tübingen… quelque chose se poursuit ou se répète, inéluctablement.
"Parfois, je ne comprends pas pourquoi les hommes échangent surtout des coups alors qu'il y a tant de choses à faire. Parfois, je pense qu'avant d'être poètes nous sommes mauvais, irrémédiablement."
Cette histoire du mal à travers les siècles, au nom des idéaux de pureté ou de la musique, mais surtout motivé par la soif de possession et de domination, est aussi le récit d’une course contre la maladie, contre ce qui brouille et embrouille le sens des choses, faisant exploser la vérité en une multitude de fragments incompréhensibles.
Un roman hors norme qui n’est pas juste un roman de plus sur la difficulté de la mémoire, individuelle ou collective.^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
Au début de la lecture, ce qui est déconcertant dans ce roman, c'est l'absence de chronologie et de repères de ponctuation classiques, mêlant style direct et indirect. C'est bien sûr en cela que ce roman n'est pas d'un abord facile dans les premières pages. Il faut accepter qu'un paragraphe, et même une phrase parfois, s'achève à une époque et avec des personnages différents entre le début et la fin !....que Adria, narrateur, parle de lui aussi bien à la première personne qu'à la troisième....!!......
Insolite donc, inconfortable évidemment, au début ; et puis, bien sûr, on s'habitue à cette structure flottante, à cette petite gymnastique intellectuelle. C'est sûrement excellent pour les neurones...