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Dans la forêt de Jean Hegland
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
Aperçu :
Jean HEGLAND : née en novembre 1956 à Pullman dans l'État de Washington, est une écrivaine américaine.
En 1996, elle termine l'écriture de ce premier roman, Into the Forest, qui raconte la relation entre deux sœurs qui doivent apprendre à survivre seules dans une forêt de séquoia près de Redwood City, dans le nord de la Californie. Elle essuie environ vingt-cinq refus d'éditeurs avant que son manuscrit ne soit accepté par Calyx, un petit éditeur féministe...^^ . Le roman obtient alors un succès national puis international. Traduit en français qu'en 2017 !!
Elle a publié deux autres romans restés inédits en français : Windfalls en 2004 et Still Time en 2015.
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4ème de couverture :
Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient.
Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.
Considéré depuis sa sortie comme un véritable choc littéraire aux Etats-Unis, Dans la forêt, roman sensuel et puissant, met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.Traduit de l'américain par Josette Chicheportiche.
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On ne sait pas vraiment ce qui est à l'origine de la situation à laquelle Nell et Eva, les deux jeunes héroïnes doivent faire face (guerre lointaine aux conséquences mondiales ?,virus?, ...? .
Un beau jour, tout s'est arrêté, électricité, communications, possibilités de se déplacer, approvisionnements....
Tout ce qui faisait la civilisation et organisait les modes de vie.
La famille des deux sœurs avait déjà opté pour un mode de vie plus proche de la nature et s'était installée loin de la ville, dans la forêt du nord de la Californie. Mais sans renoncer non plus à la modernité.
Nell et Eva perdent d'abord leur mère, gravement malade. Puis leur père, victime d'un terrible accident.
Seules, elles vont devoir apprendre à survivre et pourquoi pas à s'inventer une nouvelle vie minimaliste. Et pour cela, apprivoiser cette forêt dont elles ignorent tout malgré sa proximité.
Ce qui était simple : se nourrir, se déplacer, se chauffer, se protéger... devient un casse-tête. Se résigner à ce que la vie ne soit plus jamais pareille est un long processus qui passe par différentes étapes plus ou moins douloureuses. Assumer l'isolement, le tête à tête permanent avec une seule et même personne, fut elle sa sœur n'est pas non plus très évident.
Nell, la narratrice et également la plus jeune des sœurs est la première chercher d'autres voies...
Pour cela elle se plonge dans les livres qui garnissent les pièces de la maison et dans lesquels elle va trouver des ressources pour explorer les pistes de survie que la nature lui offre.
Remonter aux origines. Retrouver les savoirs des peuples primitifs. Faire corps avec cet environnement, la terre, la forêt dont les richesses sont offertes à qui veut bien les voir.
Voilà un roman d'anticipation engagé qui invite à la réflexion tout en offrant un beau plaisir de lecture !
"Bien sûr ce genre de choses arrive tout le temps. J'ai suffisamment étudié l'histoire pour le comprendre. Les civilisations périclitent, les sociétés s'effondrent et de petites poches de gens demeurent, rescapés et réfugiés, luttant pour trouver à manger, pour se défendre de la famine et des maladies et des maraudeurs tandis que les herbes folles poussent à travers les planchers des palais et que les temples tombent en ruine. Regardez Rome, Babylone, la Crète, l'Egypte, regardez les Incas ou les Indiens d'Amérique. (...) Pensez aux photos des survivants au milieu des décombres. (...) et demandez-vous comment nous avons pu être aussi suffisants".
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Le thème du livre n’a rien perdu de son actualité. Dans la forêt installe le lecteur dans un futur proche et inquiétant. Le roman s’ouvre au crépuscule de notre civilisation....bbbrrrrr !! Huit-clos très efficace !
Jean Hegland, interviewée :
"La Californie est devenue, plus encore qu’hier sans doute, le lieu d’une grande tension entre l’hyper-technologie – les Gafas y ont leur siège – et une nature toujours omniprésente et riche. Ecririez-vous le même livre aujourd’hui?
"Je crois que, maintenant, il serait plus difficile à écrire. Il faudrait prendre en compte le changement climatique qui pèse bien plus qu’il y a un quart de siècle. J’y ai fait quelques allusions évoquant des tempêtes, des incendies, mais la forêt dans laquelle s’enfoncent les deux sœurs est beaucoup plus préservée que celle d’aujourd’hui. Dans ce sens, Dans la forêt serait un livre différent. Puis, bien sûr, nous n’avions pas encore ce monstre à la Maison-Blanche… Mais peut-être aussi que ce livre est plus actuel aujourd’hui qu’hier."~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Into the Forest est une parabole sur la résilience et le courage.
Un film a été adapté de ce roman (dans une version plus contemporaine) : Film
❤❤
Belles lectures !
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Le Destin miraculeux d’Edgar Mint de Brady Udall
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
Livre de la bibliothèque de Melun.
Aperçu :
Brady UDALL : né en 1971, grandit dans la petite ville américaine de Saint Johns, en Arizona, au sein d’une famille nombreuse de Mormons.
Son premier roman, Le Destin miraculeux d’Edgar Mint, paraît en 2001 et le propulse au rang des meilleurs jeunes auteurs américains de sa génération. Son œuvre est comparée à celle de Dickens ou de John Irving.
autres livres :
Lâchons les chiens, (nouvelles), 1998
Le polygame solitaire, 2011 [ Un père, polygame de surcroît, en pleine crise de la quarantaine. Il ne sait plus comment gérer sa famille, ses 4 femmes et ses 28 enfants ni son travail qui l'oblige, lui le prude mormon, à construire une maison de tolérance.]4ème de couverture :
"Si je devais ramener ma vie à un seul fait, voici ce que je dirais : j'avais sept ans quand le facteur m'a roulé sur la tête. Aucun événement n'aura été plus formateur. Mon existence chaotique, tortueuse, mon cerveau malade et ma foi en Dieu, mes empoignades avec les joies et les peines, tout cela, d'une manière ou d'une autre, découle de cet instant où, un matin d'été, la roue arrière gauche de la jeep de la poste a écrasé ma tête d'enfant contre le gravier brûlant de la réserve apache de San Carlos."
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On peut avoir été abandonné par une mère apache et un père blanc, être miraculé d'un terrible accident et partir à la rencontre de sa propre vie avec humour et espoir...
Brady Udall nous le prouve, sans misérabilisme.
Une épopée chaotique et déconcertante sur mille chemins de traverse dans l'Ouest américain.
Edgar Mint pourrait être aux années 2000 ce que Garp fut aux années 80.
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Edgar est un jeune métis issu de la rencontre fortuite d'un apprenti-cowboy et d'une indienne. Enfant non désiré d'un père qui s'est fait la malle et d'une mère alcoolique, il vit dans une réserve indienne jusqu'au jour où, à l'âge de 7 ans, il se fait rouler sur la tête par la voiture du facteur. Emmené dans un état critique à l'hôpital, il s'en sortira avec un crane bosselé et une incapacité à apprendre à écrire avec un stylo. A la sortie de l'hôpital, séparé de sa mère et confié à un oncle, commence pour Edgar et son inséparable machine à écrire une odyssée où il va rencontrer beaucoup d'épreuves.....
Edgar nous dépeint sa vie en 3 grandes parties (récit à la première ou à la troisième personne quand il parle de lui, original...) :
°Les suites de son accident, donc la période hôpital. Truculent !
°Le pensionnat, les sévices, la loi du plus fort, l'amitié. Excellent !.
°Sa famille d'accueil, la vie chez les Mormons. Instructif ! (cf. Une éducation/Westover qui circule toujours parmi nous.)~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
EXTRAITS :
- "Dans le jardin de devant se dressait, squelette calciné, un vieux peuplier frappé par la foudre qui n'offrait pratiquement pas d'ombre jusqu'à ce que ma mère ait pris l'habitude d'accrocher des boîtes de bière aux branches noircies à l'aide de fil de pêche. Les centaines de canettes, auxquelles une bonne douzaine venait chaque jour s'ajouter, tintaient doucement quand la brise se levait, mais elles ne contribuaient guère à donner de la fraîcheur à la maison."
- "Je marchais le dos raide comme un piquet, car Jeffrey m'avait dit un jour que je devais veiller à rester bien droit parce que, sinon, les vis avec lesquelles les médecins m'avaient rafistolé la tête risquaient de se desserrer, en sorte que si je me penchais, le sommet de mon crâne pourrait tomber et mon cerveau se répandre par terre. J'arpentais donc les couloirs ainsi, raide comme la justice, afin d'être sûr que mon cerveau ne se déverse pas sur le sol."
- "Cher Monsieur,
Je m'appelle Edgar Mint. Il y a longtemps, quand vous étiez facteur en Arizona, vous m'avez roulé sur la tête. Je sais que vous vous en voulez pour ça. Je tenais à vous dire que je n'étais pas mort. Même pas trop handicapé. J'ai des crises et un crâne bosselé, mais c'est tout. Et puis, j'ai été dans le coma. Maintenant je vis en Utah dans une famille très gentille. Je ne sais pas où vous êtes, mais j'espère vous retrouver un jour. Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais bien et je ne suis pas mort. J'espère que vous ne vous en voulez plus trop. Tout est pour le mieux.
Votre ami,
Edgar P. Mint
PS.: Je ne peux pas signer parce que mon cerveau a un autre petit problème. Je n'arrive pas à écrire.
Mais ne vous en faites pas pour ça non plus, j'ai une machine à écrire."- "Dès mon premier jour à l’école Willie Sherman (pensionnat pour orphelins), je devais me rendre compte que je n’étais plus Saint-Edgar, l’enfant-miracle, le chouchou de l’hôpital, aimé de tous, mais une véritable cible sur pattes, une poule entourée de renards."
- "Je ressentis un immense soulagement lorsque, le mois de mai fini, tous les pensionnaires, hormis cinq ou six d’entre nous, les « permanents », rentrèrent chez eux pour les vacances. Quel luxe de pouvoir passer trois ou quatre heures par jour devant mon Hermès Jubilé (machine à écrire) ! Je tapais parce que c’était bon, parce que je n’avais rien d’autre à faire, parce que je pensais qu’en les couchant sur le papier, et en définissant l’indéfinissable sous forme de mots, je parviendrais à comprendre un peu mieux les choses. […] Je tapais parce que pour moi, taper, c’était aussi bien que tenir une conversation. Je tapais parce qu’il fallait que je tape. Je tapais parce que j’avais peur de disparaître."
- "J'étais un orphelin et, comme tous les orphelins du monde, je ne désirais rien d'autre qu'un peu d'amour."
- "Quelle est la différence entre un accident et un miracle? La plupart des gens vous répondront que la distinction est facile à établir, mais moi, je n'en suis pas si sûr. J'ai tellement connu l'un et l'autre dans ma vie que je n'arrive pas à faire la différence."
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Petite phrase :
".....c'est tout à fait inhabituel. Dans la région, en général, ou il pleut ou il ne pleut pas. Là, ça ressemble davantage à de l'indécision qu'à de la pluie."
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Une combinaison réussie d'humour, de profondeur et d'humanité.
Les personnages qui traversent cette histoire sont marquants, attachants ou détestables et donnent au livre un cachet inoubliable.
❤❤
Belles lectures !
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Le chemin des âmes et les saisons de la solitude de Joseph Boyden
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
Voici un triptyque de romans dont un troisième titre (en attente d'arrivage)
" Dans le grand cercle du monde" clôt l'ensemble.
Joseph BOYDEN : né en octobre 1966 est un écrivain canadien, de langue anglaise et a des ancêtres Cree (Amérindiens). Son grand-père maternel a été combattant en France durant la Première Guerre mondiale. Son père est un médecin militaire et a été l'un des plus décorés de la Seconde Guerre mondiale.
Ses ouvrages sont consacrés au destin des Premières Nations du nord de l’Ontario.
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I - LE CHEMIN DES ÂMES
(471p, 2006)
1919. Nord de l'Ontario. Niska, une vieille Indienne, attend sur un quai de gare le retour d'Elijah, un soldat qui a survécu à la guerre.
À sa grande surprise, l'homme qui descend du train est son neveu Xavier qu'elle croyait mort, ou plutôt son ombre, méconnaissable.
Pendant trois jours, à bord du canoë qui les ramène chez eux, et tandis que sa tante essaie de le maintenir en vie, Xavier revit les heures sombres de son passé : l'engagement dans l'armée canadienne avec Elijah, son meilleur ami, et l'enfer des champs de bataille en France...~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
“Le chemin des âmes” c’est l’enfer des champs de batailles de Belgique et du nord de la France raconté par un amérindien, Xavier, enrôlé avec son ami d’enfance Elijah dans un bataillon canadien vite embourbé dans les tranchées durant des mois interminables face à l’envahisseur allemand.
"Le blessé gémit toujours ; il bredouille. Je crois qu'il s'est mis à parler une langue secrète ; je crois que déjà, il s'entretient avec l'esprit qui l'emmènera sur le chemin des âmes, celui qu'on met trois jours à parcourir."
“Le chemin des âmes” c’est aussi l’histoire de la tribu Cree en voie d’extinction, racontée par la tante de Xavier ; chamane pour les uns, sorcière pour les autres, c’est elle qui a recueilli Xavier et Elijah encore enfants, qui leur a appris à survivre en milieu hostile au cœur de la forêt.
"La Compagnie de la Baie d’Hudson entretenait chez les Crees une passion féroce pour les fourrures. En conséquence, les bêtes furent presque exterminées et l’heure arriva, pour les gens des bois, où même mes plus aguerris durent affronter un choix difficile : rejoindre les réserves ou se résoudre à mourir de faim."
Les deux gamins ont grandi ensemble, comme des frères, et finissent par s'engager dans l'armée canadienne pour aller combattre sur le front.
Si Elijah s'adapte très vite devenant un tireur d'élite, Xavier ne se sent pas à sa place, mais suit son ami : ils traquent les Allemands, comme ils traquaient le gibier dans la forêt, ce qui les rend très vite indispensables.
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Ce livre est bien plus qu'un récit supplémentaire sur la Première Guerre mondiale.
Un thème moins connu d'abord, celui des ces indiens Cree, partis (3500) avec les Canadiens dans les tranchées en 14-18, "utilisés" pour leurs talents de chasseurs silencieux et de tireurs d'élite (histoire inspirée d'ailleurs de la vie d'Ojibwa Francis Pagahmagabow, héros amérindien de la Première Guerre Mondiale, dont il se dit qu'il aurait tué à lui seul plus de 300 soldats allemands) et parallèlement, l'histoire de ces mêmes indiens qui peu à peu perdent leur mode de vie millénaire pour échouer dans les villes ou dans les réserves.
Critique ActuaLitté : "Après la lecture du chemin des âmes, cette maudite guerre revêt âprement son caractère mondial, se déleste entièrement de la rivalité franco-allemande à laquelle elle est souvent et maladroitement encore réduite, ouvre notre horizon de lecteur français, modifie un peu notre devoir de mémoire. Et c'est très bien."
RARE
❤❤
° à rapprocher de "Frères d'âme" de David Diop qui a circulé parmi nous....
° croisement avec "Il pleuvait des oiseaux"/J.Saucier (pour les incendies décrits dans ce roman)( mail du 03/12/2015)
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II- LES SAISONS DE LA SOLITUDE
(474p, 2009)
Les Saisons de la solitude reprennent la trame de cette oeuvre puissante, entremêlant deux voix et deux destins : Will, (fils de Xavier Bird), un ancien pilote plongé dans le coma après une agression, et Annie, sa nièce, revenue d'un long et pénible voyage afin de veiller sur lui. Dans la communion silencieuse qui les unit, se lisent leurs drames et conflits les plus secrets. Prend alors forme une magnifique fresque, individuelle et familiale, qui nous entraîne de l'immensité sauvage des forêts canadiennes aux gratte-ciel de Manhattan.
Ce roman saisissant, porté par la poésie brute de Joseph Boyden et l'humanité de son regard, a été couronné par le plus grand prix littéraire canadien, le Giller Prize.~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Cette fois encore, Boyden s’intéresse à la communauté Cree, indiens de la baie James, au nord du Canada. Alors qu’il explorait l’histoire et la Première Guerre mondiale dans Le chemin des âmes, il renoue ici avec le temps présent.
Avec Les saisons de la solitude, dans une prose poétique et désenchantée, Joseph Boyden donne à voir l’envers du mythe indien et déroule la destinée d’un peuple à la dérive sur un mode binaire : la voix de Will/la voix d’Annie, la jeune génération/les aînés, la tradition/la modernité, le nord /le sud, la froidure/la chaleur, les grands espaces/les villes…
- "Tout le monde prétend qu'il est dangereux d'apprivoiser un animal sauvage. Mais pour qui? Pour l'animal ou pour l'homme?"
- "Quand je suis devenu pilote de la forêt, mon père a été bouleversé comme je ne l'avais jamais vu. Il n'était pas du genre à me dire ce que je devais ou ne devais pas faire. Il appartenait à la vieille école. Il observait avec attention, mais de loin. Construire un askihkan pour s'abriter durant l'hiver. Couper du bois. Poser un collet pour les lapins. Chaque fois que nous étions dans la forêt, je ne le quittais pas des yeux. Il ne donnait son avis que si je le lui demandais. Les souvenirs que j'ai de nous deux, c'est comme regarder un de ces vieux films muets. Le silence, mais un silence qui m'enveloppait comme d'une couverture."
- "Mon père me disait donc que dans la forêt, je devais me consacrer en priorité à trouver de quoi manger, de quoi faire du feu et de quoi me construire un bon abri. Il y avait une chose qu' il ne mentionnait pas : le manque de compagnie.../...Je me surprenais parfois à parler tout seul, ou aux arbres, ou encore à un lapin ou à une truite que j' avais attrapés,..."
❤❤
Splendide cantique à la mémoire d’un peuple évanescent.
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III- ["Dans le grand cercle du monde", « préquel » qui remonte dans l'histoire de la famille Bird, et dans celle du Canada, jusqu'au XVIIe siècle, pour mettre en présence trois personnages principaux : un guerrier Huron, une adolescente Iroquoise et un missionnaire jésuite français.]
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Belles lectures !
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Le polygame solitaire de Brady Udall
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
Livre de la bibliothèque de Melun.
Autre roman de cet auteur :
"Le miraculeux destin d'Edgar Mint".
4ème de couverture :
Après Le Destin miraculeux d’Edgar Mint, Brady Udall raconte l’histoire exceptionnelle d’une famille non moins exceptionnelle.
À quarante ans, le très mormon Golden Richards, quatre fois marié et père de vingt-huit enfants, est en pleine crise existentielle.
Son entreprise de bâtiment bat de l’aile, son foyer est une poudrière minée par les rivalités et les menaces d’insurrection.
Rongé par le chagrin depuis la mort de deux de ses enfants, il commence sérieusement à douter de ses qualités de père et de sa capacité à aimer. Golden Richards, tragiquement fidèle à ses idéaux, se sent seul. Mais dans le désert du Nevada, il va découvrir que l’amour est une mine inépuisable.
Porté par une verve aussi féroce qu’originale, Le Polygame solitaire nous parle avec humour du désir et de la perte, de la famille et de l’amour.^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
Brady Udall, qui a grandi dans une famille de mormons, s'est inspiré de son arrière grand-père pour imaginer le personnage de Golden, dont il a fait un héros éminemment sympathique (quoique un peu tête à claques par moments...) Il est touchant parce qu'il est aussi fort physiquement que doux de caractère, et on comprend vite qu'il ne dirige rien dans sa pléthorique famille. Ce sont ses femmes qui font la loi, surtout l'épouse n°1.
Golden, lui, est complètement dépassé, parce que la famille d'un polygame, c'est une famille nombreuse puissance dix. Et la famille Richards est en pleine désintégration entre rivalités féminines et rebellions enfantines.
A la suite d'une "rencontre" dans le désert du Nevada, il va trouver le moyen d'échapper à son quotidien et de mener une double vie....
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EXTRAITS :
- "Golden avait si longtemps tenu son amour en réserve pour le distribuer avec parcimonie, petit bout par petit bout, et en général en secret afin que personne ne soit jaloux. Quand il prenait un enfant dans ses bras ou qu'il lui donnait un chewing-gum, il était obligé de prendre tous les autres dans ses bras et de leur donner à chacun un chewing-gum, même si cela l'obligeait à se rendre un samedi soir à la station-service Shell pour en acheter. Il devait mesurer ses compliments, ses baisers et ses cadeaux quels qu'ils soient. Au fil du temps, il avait appris à adopter en présence de sa famille une attitude de neutralité, une expression impassible afin de ne pas être accusé de favoriser un enfant ou une femme, d'aimer untel plus qu'untel ou d'avoir des chouchous. La moindre attention devait être soigneusement pesée et exécutée avec la précision et l'art d'un voleur de bijoux."
- "Bien que Golden n'ait jamais entendu un membre de l'Église [mormone] aborder la question des préservatifs en tant que tels, le " Fléau du Contrôle des naissances" faisait l'objet de nombreuses conversations. C'était une monstruosité, de l'égoïsme à l'état pur, un péché mortel, une dépravation, la décadence et le chute de la civilisation. Il empoisonnait les sources de la vie, se moquait de Dieu et de Ses Commandements, dont le plus fondamental était de multiplier et de peupler la Terre. Le préservatif, dans son emballage brillant, était donc la personnification du vice universel, l'antithèse de tout ce que représentaient l'Église et ses membres fiers d'être prolifiques."
- "Bien que tout le monde dans la vallée sache que les Richards étaient une famille polygame et qu'il suffise de jeter un coup d’œil sur sa chemise pourrie pour se rendre compte que Rusty était un gamin polyg, on lui avait appris dès son plus jeune âge, de même qu'à ses frères et sœurs, à ne jamais dire qu'ils avaient plus d'une mère et plus de frères et sœurs que des gens normaux ne devraient en avoir. Ils n'étaient pas censés mentir, leur expliquaient parents et professeurs, mais ils n'étaient pas non plus censés dire la vérité. Allez donc vous y retrouver !"
- "Rusty (...) demanda pourquoi il fallait réciter une foutue prière chaque fois qu'on mangeait ou buvait quelque chose, et pourquoi on ne pouvait pas de temps en temps se payer un jus d'orange sans en faire tout un plat ?"
- "Avant de partir, et sans bien qu'il sache pourquoi, Golden déclara [à une de ses quatre femmes] qu'il l'aimait, alors qu'il avait appris à ses dépens de ne jamais le dire à aucune (...) car, comme pour tout le reste, elles ne cessaient de répéter, de comparer et de compter les points."
- "...pour un polygame, mentir se révélait exceptionnellement difficile. Quand on disait un mensonge à une femme, il fallait le répéter aux autres. Et toutes posaient des questions auxquelles on devait répondre avec cohérence et force détails, et dans l'ordre voulu, parce qu'on pouvait être sacrément sûr qu'ensuite, à l'exemple des détectives tenaces d'un feuilleton télévisé enquêtant sur un meurtre sensationnel, elles se réuniraient afin de comparer leurs notes."
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Roman fort plaisant.
Immersion intéressante dans une famille hors du commun, plus "divertissante" (sans être caricaturale) que celle décrite dans "Une éducation" de Westover.
Un petit bijou qui allie l'humour au tragique du quotidien, avec doigté et finesse ; ce n'est jamais vulgaire ni larmoyant et reste tout à fait crédible.
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Le polygame solitaire où le tragique frôle le burlesque.....
« Un sérieux candidat au titre de Grand Roman Américain. » Publishers Weekly
« Le portrait ironique et sympathique d’une famille spectaculairement dysfonctionnelle. » The New York Times❤
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M'sieur Victor de Pascal Garnier
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
Livre de la bibliothèque de Melun.
Aperçu :
Pascal Garnier [1949-2010] (que l'on ne présente plus^^ !), habitué de nos rencontres littéraires.
"J'écris parce que, comme disait Pessoa : " La littérature est bien la preuve que la vie ne suffit pas "".
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4éme de couverture :
Simon vient de s'enfuir de chez lui et débarque en gare de Valence.
A peine est-il arrivé qu'une jeune femme lui demande de surveiller son fils le temps d'acheter des cigarettes. Elle ne revient pas, et le garçon se retrouve seul avec le bébé sur les bras...
A la nuit tombée, désespéré, il s'assied dans un coin de la ville quand surgit un drôle de gaillard, Victor de Montéléger, qui l'invite à passer la nuit chez lui. Brocanteur à ses heures, débordant de vie et de générosité, le bonhomme se prend d'affection pour Simon et l'enfant. Il est prêt à leur venir en aide.Un roman sensible sur les familles de cœur qu'on se crée au hasard de la vie.
Livre classé "jeunesse", un Garnier plus tendre.....
Extraits :
- " - Tu sais, mon gars, si tu as quelque chose à me dire, n'hésite pas. Mais, si tu n'as pas envie, je ne t'en voudrai pas. On a tous une valise à porter, et parfois, quand elle est un peu trop lourde, en s'y mettant à deux, c'est plus facile."
- "Une vague de honte me monte au front. C'est ça le problème, avec les mensonges. Une fois qu'on a commencé, on ne peut plus revenir en arrière, comme emporté par le courant d'un fleuve. Qu'est-ce qui m'a pris de lui raconter que j'étais orphelin ? Maintenant, je me sens aussi coupable que si j'avais tué toute ma famille."
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Écriture simple et agréable de Pascal Garnier pour une histoire belle et optimiste...
❤
Belles lectures !
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Rien n'est noir de Claire Berest
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
Aperçu :
Claire BEREST : née le 14 juillet 1982 à Paris, est une écrivaine française. Diplômée d'un Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM), elle enseigne quelque temps en ZEP avant de démissionner : en a fait un livre.
"La lutte des classes : Pourquoi j'ai démissionné de l'Éducation nationale" éditions Léo Scheer, 2012.
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Ce livre (roman) nous plonge dans la vie de l'artiste-peintre mexicaine Frida Khalo (1907-1954).
Autoportrait avec Bonito !
Elle eut une vie hors norme : atteinte enfant de la polio, victime à dix-huit ans d'un grave accident de bus qui lui laissa de terribles séquelles, elle se forma elle-même à la peinture, épousa Diego Rivera, peintre mexicain mondialement connu pour ses fresques murales, devint elle-même célèbre pour ses oeuvres uniques.
Personnalité solaire et au tempérament de feu superbement rendue par Claire Berest dans un style d'écriture brillante, toujours colorée, sensuelle, une belle sensibilité à fleur de mots. L'auteur nous fait ressentir tout le mal être de l'artiste mais également ses joies, son honnêteté, sa volonté de vivre au travers de sa peinture et de son histoire d'amour passionnée avec le muraliste Diego Rivera.
Claire Berest nous fait vivre les amours tumultueuses de deux êtres passionnés : cette passion à la fois destructrice et source de création...
Elle nous peint avec précision cet univers d'artistes où toutes les occasions sont bonnes à faire la fête, où les classes en lutte se réconcilient le temps d'une cuite.
"Les fêtes ne se terminent pas, elles se déplacent...."
Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé et ses manières excessives d'inviter la muerte et la vida dans chacun de ses gestes.
Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila, et elle ne voit pas où est le problème.
Elle aime les manifestations politiques (elle est encartée au parti communiste), mettre des fleurs dans les cheveux, parler de sexe crûment, et les fêtes à réveiller les squelettes.
Et elle peint. Frida aime par-dessus tout Diego, le peintre le plus célèbre du Mexique, son "crapaud insatiable", fatal séducteur, qui couvre les murs de fresques gigantesques.
"Tu es en train d’asseoir ta renommée, ton talent s’affermit, et au moment où les gens commencent à s’intéresser à Frida Kahlo, à comprendre que tu es une des artistes les plus importantes de l’époque, toi tu rentres te cacher à Coyoacán, avec tes poupées et tes animaux et tes superstitions au lieu de te jeter dans l’arène, de te battre et de prendre de l’ampleur.– Qu’est-ce que tu veux ? Je ne suis pas toi, Diego, j’ai essayé, mais je ne suis pas toi. Je n’ai pas envie d’être célèbre. Je me fous de l’arène, je me fous de ces pince-fesses de bourgeois, je ne suis pas en train de forger une carrière. Moi, je ne me bats pas, Diego ? Je passe la moitié de ma vie à l’hôpital à me faire charcuter comme si j’étais un bout de viande sur l’étal d’un boucher ! Je ne suis pas malade, je suis brisée ! À Paris, j’ai cru que j’allais mourir. J’ai mal partout, j’ai mal tout le temps. Je ne parviens pas à imaginer ce que c’est que de ne pas ressentir de douleurs dans le dos, dans les mains, dans les jambes, dans le ventre. Je n’ai pas des pieds, j’ai des sabots, on m’a déjà enlevé des orteils, je boite ; dans les cabarets, je ne peux plus que regarder les autres danser. Je ne compte même plus mes fausses couches. Quatre, cinq ou six ? Et tu me dis que je ne me bats pas ? Je vis avec toi depuis dix ans, et tu oses dire que je ne me bats pas."
Chaque titre de chapitre est une nuance de bleu, de rouge, de jaune et de noir. Toute une vie qui s'étale sur une palette !.Une belle lecture et une excellente façon de (re)-découvrir Frida et Diego dans le Mexique des années 30.
❤
Belles lectures !
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Confiteor de Jaume Cabré
- Par isabelle_aubry
- Le 12/05/2020
- Dans Livre
Livre de la bibliothèque de Melun.
Aperçu : roman traduit du catalan par E.Raillard.
A propos de l'auteur : Jaume Cabré i Fabré, né le 30 avril 1947 à Barcelone, est un philologue, écrivain et scénariste espagnol d'expression catalane.
Il a combiné pendant de nombreuses années, l'écriture et l'enseignement. Il a également travaillé à l'écriture de scénarios pour la télévision et le cinéma.
Prix Courrier international du meilleur roman étranger, 2013.
A propos du titre :
Confiteor (Deo omnipotenti...) est le titre d'une prière liturgique, commune aux rites latins médiévaux et modernes, commençant par le verbe latin qui signifie : « Je reconnais, j'avoue » ; d'où la traduction liturgique française « Je confesse (à Dieu, tout puissant...) ». Par cette formule, le fidèle se reconnaît pécheur.
C'est du Confiteor romain que vient l'expression courante « Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa » (« c'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute ») que le fidèle dit en se frappant la poitrine.
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Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose.
Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu'au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d'un magasin d'antiquités extorquées sans vergogne.....Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l'abandonne (début d'Alzheimer), Adrià tente de mettre en forme l'histoire familiale, dont un violon d'exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes.
De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l'Inquisition à la dictature espagnole et à l'Allemagne nazie, d'Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l'abjection totale.
Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l'ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu'à l'instant où s'anéantit toute conscience.
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Attention !!!! Monument !!!
Lire Confiteor c'est faire le grand plongeon dans ces presque 800 pages, avec ou sans boussole. Un monument qui a pris huit années à son auteur…
C'est une expérience de lecture exigeante, un poil érudite, perturbante, fascinante, épuisante, réjouissante… Tout cela à la fois.
Et je n'oublie pas "l'humour" dont ce récit ne manque pas ...
Adrià est né de parents qui ne l’aiment pas vraiment mais qui veulent à tout prix en faire un prodige, et celui-ci a toute les dispositions pour, semble-t-il.
Sa mère voudrait en faire un grand du violon, son père a décidé qu’il serait un grand humaniste à même de jongler avec au moins une dizaine de langues.
"Oui, je me suis toujours beaucoup ennuyé, parce que ma maison n’était pas une maison pensée pour les enfants et que ma famille n’était pas une famille pensée pour les enfants."
"-Pourquoi chez les Jésuites ? Tu n'es pas croyant et....
-Enseignement de qualité. Nous devons être efficaces; nous n'avons qu'un fils et nous ne pouvons pas foirer."
Le père, Félix Ardevol, est par ailleurs un collectionneur compulsif, collectionnant les manuscrits originaux, sans trop se questionner sur leur origine. Mais le fleuron de sa collection est un violon. Un violon d’une valeur inestimable, œuvre exceptionnelle de Laurenzo Storioni, jeune luthier de Crémone. Un violon qui dès son origine connaîtra et provoquera des histoires pleines de bruit et de fureur, et, parfois aussi, de musique.
Dans les années qui suivront la mort brutale et inexpliquée du père, Adrià découvrira petit à petit les histoires qui ont conduit le Storioni dans le coffre familial tout en découvrant l’histoire bien trouble de sa famille.Sur le tard, la maladie le talonnant, il est pris par la nécessité d’écrire tout cela, d’urgence avant que celle-ci n’ait fait son œuvre. Cette maladie d’Alzheimer qui à tout moment déstructure le récit, saute d’un lieu à l’autre, d’un siècle à l’autre, d’une situation à une autre, qui fusionne les personnages…
Mais l’effondrement de la classique logique des récits « bien construits » finit par mettre à nu les fils de l’histoire, ses continuités au-delà de toutes les ruptures contingentes ou accidentelles. De l’Inquisition à Auschwitz Birkenau, du monastère de San Pere de Burgal à Barcelone en passant par Crémone, la Hollande, Tübingen… quelque chose se poursuit ou se répète, inéluctablement.
"Parfois, je ne comprends pas pourquoi les hommes échangent surtout des coups alors qu'il y a tant de choses à faire. Parfois, je pense qu'avant d'être poètes nous sommes mauvais, irrémédiablement."
Cette histoire du mal à travers les siècles, au nom des idéaux de pureté ou de la musique, mais surtout motivé par la soif de possession et de domination, est aussi le récit d’une course contre la maladie, contre ce qui brouille et embrouille le sens des choses, faisant exploser la vérité en une multitude de fragments incompréhensibles.
Un roman hors norme qui n’est pas juste un roman de plus sur la difficulté de la mémoire, individuelle ou collective.^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
Au début de la lecture, ce qui est déconcertant dans ce roman, c'est l'absence de chronologie et de repères de ponctuation classiques, mêlant style direct et indirect. C'est bien sûr en cela que ce roman n'est pas d'un abord facile dans les premières pages. Il faut accepter qu'un paragraphe, et même une phrase parfois, s'achève à une époque et avec des personnages différents entre le début et la fin !....que Adria, narrateur, parle de lui aussi bien à la première personne qu'à la troisième....!!......
Insolite donc, inconfortable évidemment, au début ; et puis, bien sûr, on s'habitue à cette structure flottante, à cette petite gymnastique intellectuelle. C'est sûrement excellent pour les neurones...